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10 décennies, 10 pionnières

Louise Boulaz, première de cordée

Née à Avenches (VD) en 1908, Louise Boulaz, dite Loulou, découvre la varappe au Salève alors qu'elle travaille à Genève et s'attaque avec détermination et succès aux sommets du massif du Mont-Blanc. Portrait d'une héroïne des années 1930.

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10 héroïnes Boulaz

Louise Boulaz a été membre de l'équipe suisse de ski avant de s'attaquer à l'alpinisme.

La Mayo

Il ne fallait pas avoir froid aux yeux pour s’attaquer aux sommets alpins dans les années 1930, a fortiori en tant que femme. Les stars de l’escalade que sont aujourd’hui Petra Klingler ou Katherine Choong doivent une fière chandelle à celles qui les ont précédées le long des parois, munies de cordes de chanvre et chaussées de godillots cloutés. Née à Avenches (VD) en 1908, Louise Boulaz, dite Loulou, était portée par l’envie d’aller plus haut, bien avant qu’on en fasse une chanson.

Louise Boulaz dite Loulou Boulaz dans L'illustré

«L’illustré» montre Loulou Boulaz (de profil à droite) en janvier 1939, écoutant les consignes de «la célèbre voyageuse et sportive genevoise Ella Maillart, directrice de l’équipe féminine suisse de ski».

DR

Excellente écolière, elle entre comme copiste à la Société des Nations, l’ancêtre des Nations unies, puis devient sténographe au Bureau international du travail. Elle sera désormais Loulou la Rouge. Dans son temps libre, la Genevoise d’adoption est attirée par la montagne et s’essaie avec brio au ski alpin, au point d’intégrer l’équipe nationale. Quatrième aux Championnats du monde de 1937 à Chamonix, elle remporte la descente de Morzine un an plus tard! Parallèlement, elle découvre la varappe au Salève. Se lie d’amitié avec l’alpiniste Raymond Lambert, qu’elle épate. Loulou aime les cordées mixtes. Et tant pis si la section genevoise du Club alpin suisse refuse d’intégrer les femmes…

SKI LOULOU BOULAZ 1940

Louise Boulaz en championne de ski.

STR

Dès 1932, elle signe des premières féminines dans le massif du Mont-Blanc: la Dent-du-Requin (3422 m), la face nord du Petit-Dru (3754 m), la face sud de la Dentdu-Géant (4013 m)… Repoussant ses limites, elle enchaîne avec des premières tout court, dont la face nord du Zinalrothorn (4221 m) en 1941. Rien ne l’arrête. Si, la face nord de l’Eiger, qui lui résistera lors de ses six tentatives.

En 1952, c’est seule qu’elle se hisse, par la face nord, au sommet de l’Eperon-Walker (4208 m) des Grandes-Jorasses. Exploit retentissant. La voilà qui rêve d’Himalaya. En 1959, elle intègre une expédition exclusivement féminine, avec pour objectif le Cho Oyu (8201 m), mais l’ascension vire à la tragédie: le 2 octobre, une avalanche emporte ses amies Claudine van der Straten et Claude Kogan, ainsi que deux sherpas.

Il lui faudra attendre 1986 et le 17e Festival international du film des Diablerets pour être reconnue à sa juste valeur avec le Mérite alpin. Elle s’éteint le 13 juin 1991, à 83 ans.

Louise Boulaz dite Loulou Boulaz dans L'illustré

Louise Boulaz dite Loulou Boulaz dans L'illustré

Le dixième concours romand de ski à Châteaux-d'Oex en 1940. Louis Boulaz enlève le titre le titre pour la 6e fois (descente et slalom dame).

DR
Par Blaise Calame publié le 10 septembre 2021 - 08:45