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Bien-être

Musicothérapie: des notes de musique pour soigner dépression et burn-out

La musique crée des liens, réveille des souvenirs, émeut aux larmes. Mais elle fait aussi rire ou incite à la danse. Les vibrations des sons ont également un effet curatif. La médecin Felicitas Sigrist pratique la musicothérapie notamment en cas de dépression et de burn-out.

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Le son d’un bol chantant aide à se calmer et peut éliminer des blocages. Tout instrument facile à jouer convient à la musicothérapie.

Le son d’un bol chantant aide à se calmer et peut éliminer des blocages. Tout instrument facile à jouer convient à la musicothérapie.

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- Felicitas Sigrist, quand la musicothérapie est-elle utilisée?
Felicitas Sigrist: La musicothérapie a un champ d’application très large, de la néonatologie aux soins palliatifs. Je travaille en psychiatrie adulte et en psychosomatique. Mais la musicothérapie est aussi souvent pratiquée en pédopsychiatrie et en psychiatrie de la personne âgée pour les personnes atteintes de démence.

- Quand les gens viennent-ils vous voir pour faire de la musicothérapie?
- Nous traitons des patients souffrant de troubles psychiques tels que la dépression, les troubles de l’adaptation, le burn-out ou les maladies anxieuses, mais aussi ceux qui souffrent de problèmes psychosomatiques, c’est-à-dire des douleurs pour lesquelles aucune cause pertinente n’a été trouvée. Et aussi des personnes qui sont confrontées à un défi psychique en raison d’un cancer.

- Et comment se déroule une séance de musicothérapie?
- En principe, il y a la musicothérapie active, dans laquelle les patients font eux-mêmes résonner des instruments, et la musicothérapie réceptive, dans laquelle le thérapeute joue pour quelqu’un. Le déroulement d’une séance dépend de la problématique et des objectifs du traitement. Il s’agit d’une alternance de discussions et d’approfondissement avec des moyens musicaux. L’important est qu’en tant que patient il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances préalables en musique.

Dr Felicitas Sigrist

Dr Felicitas Sigrist, médecin-chef et psychothérapeute musicale à la clinique privée Hohenegg, à Meilen (ZH), également enseignante dans la filière de formation en musicothérapie clinique à la ZHdK.

Adrian Portmann

- Comment la musique peut-elle donc aider concrètement dans le cadre thérapeutique?
- Je discute avec le patient de sa demande. La musique peut alors être utilisée pour le détendre ou le dynamiser. L’écrivain français Victor Hugo a utilisé une formule pertinente: «La musique exprime ce qui ne peut pas être dit et ce sur quoi il est impossible de se taire.» Les moyens musicaux permettent d’exprimer l’intérieur vers l’extérieur. Généralement, une discussion suit pour mettre en perspective ce qui s’est passé.

- Dans la musicothérapie, vous utilisez des bols chantants. Quels autres instruments peuvent entrer en jeu?
- Il s’agit de toute une série d’instruments, surtout des instruments faciles à jouer. J’ai par exemple différents tambours, des tubes sonores, une petite harpe, un violoncelle, une guitare, un piano et des instruments à vent. Il ne s’agit toutefois pas de faire de la belle musique, mais de faire en sorte que les sons correspondent à l’ambiance.

- Quels sont les défis de cette méthode thérapeutique?
- Pour mes patients, le plus grand défi est de surmonter leurs inhibitions, de s’éloigner de la pensée de la performance et de s’engager dans leurs propres sentiments et intuitions. Pour le thérapeute, le défi consiste à les aider dans cette démarche tout en percevant et en travaillant à plusieurs niveaux.

- Quelle est la dernière expérience qui vous a particulièrement touchée?
- Une femme souffrant d’un problème de burn-out a connu une très belle évolution. Elle était dépressive et sans espoir. Lorsque je jouais de la musique pour elle, elle devenait tendue. Pour elle, accepter quelque chose était émotionnellement lié à l’abandon. C’est ce que nous avons découvert grâce à la musicothérapie. Je l’ai aidée à trouver des sons apaisants pour elle-même, ce qui lui a permis de mieux se contrôler. Nous avons joué ensemble, elle jouait des notes individuelles au violoncelle, moi des harmonies. Elle s’est calmée puis s’est mise à pleurer, ce qui lui a permis d’accéder à ses émotions. Son jeu est devenu de plus en plus expressif, elle a émis des sons de frottement et de grincement sur le violoncelle et a pu exprimer sa souffrance. En d’autres termes, je lui ai montré que je percevais son état, que je l’acceptais. Plus tard dans le traitement, nous nous sommes entraînées à ce qu’elle s’exprime clairement. Par exemple en jouant du tambour. Elle était ainsi prête à se défendre dans le «monde réel», en dehors de la thérapie.

Par Aline Spescha publié le 14 septembre 2023 - 23:12