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NNAVY, l'étoile montante de la néo-soul

A 24 ans, NNAVY, Florine Gashaza de son vrai nom, a réussi un tour de force: être invitée et acclamée par Colors, un studio d’enregistrement berlinois reconnu pour son expertise musicale. Malgré les éloges, la chanteuse lausannoise originaire du Burundi, qui achève des études de psychologie, garde les pieds sur terre. Rencontre à l'approche de son concert aux Docks à Lausanne, le 24 juin prochain.

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Originaire du Burundi, NNAVY de son vrai nom Florine Gashaza est une artiste émergente lausannoise

Emotion au rendez-vous. NNAVY revient à l'école de musique de Lausanne, établissement où elle a pris des cours de piano pendant plusieurs années.

© Gabriel Monnet

- La musique est souvent une histoire de famille. Est-ce aussi votre cas?
- NNAVY:
 A ma connaissance, il n’y a pas de musiciens dans ma famille proche mais, enfant, j’ai écouté beaucoup de jazz avec mes parents. Quand j’étais petite, ma maman ne préparait pas un repas sans mettre un CD et, durant les grandes réunions familiales, il y avait continuellement de la musique en fond sonore. D’une certaine manière, j’ai toujours baigné là-dedans. Donc, lorsque j’ai insisté pour prendre des cours de piano, mes parents m’ont encouragée.

- Il y a ce point de basculement, le début de votre carrière de chanteuse en 2020…
- Oui, mais avant cela, j’ai commencé en faisant des reprises de chansons dans ma chambre que je publiais sur Instagram. C’était en 2018. J’ai ensuite été repérée par un producteur qui m’a proposé de faire quelques essais en studio. Je crois que j’ai vécu un bel alignement de planètes ponctué de jolies rencontres à des moments opportuns. J’ai participé à Proxima, un programme tremplin pour les jeunes artistes proposé par les Docks. Ça m’a amenée à jouer au Montreux Jazz Festival ou encore à la Case à Chocs.

- Pourquoi avoir choisi de passer par les réseaux sociaux?
- Mon entourage m’a longtemps tannée pour que je participe à des émissions télévisées ou à des concours de chant, mais ce n’est pas pour moi. Puis un de mes frères m’a encouragée à chanter ailleurs que dans ma chambre. Les réseaux sociaux m’offraient le compromis idéal, je pouvais rester dans mon confort tout en me dévoilant au monde.

- Vous chantez principalement en anglais. Qu’avez-vous contre la langue française?
- (Elle éclate de rire.) C’est une très belle langue, vraiment. Magnifique pour les textes, mais elle est aussi difficile à manier en musique, notamment lorsqu’on évolue dans un registre soul et néo-soul. Mais on verra, peut-être qu’un jour j’écrirai en français (rires). 

- D’ailleurs, pourquoi avoir choisi NNAVY comme nom de scène?
- Mon nom d’artiste est une référence au bleu marine. Cette couleur représente mon état d’esprit lorsque j’écris: la solitude, la mélancolie. Mais le bleu marine, c’est aussi l’océan, le ciel, un champ des possibles infini.

- Quel est le fil conducteur de votre musique?
- J’appréhende ma musique et les chansons que j’écris comme mon journal intime. Je parle de relations amoureuses, de relations amicales. Je parle du deuil, je parle du doute, de l’estime de soi. J’ai besoin d’extérioriser ce que je traverse, d’exprimer les émotions que je ne peux parfois pas contenir dans ma petite personne. Par chance, cela fait des chansons (rires).

- Vous semblez pourtant réservée. N’est-ce pas paradoxal de chanter vos émotions au monde?
- C’est paradoxal, oui… Mais il y a des événements qui ne sont pas très faciles à exprimer parce que cela implique alors de se confronter aux souffrances que cela a provoquées. Or l’écriture me permet de mettre des mots sur ce que je ressens. J’aime l’idée de pouvoir sublimer quelque chose de lourd. Cela m’évite de garder une certaine amertume.

- Vous faites régulièrement allusion aux amis, au groupe et au collectif. Cela tranche avec la vision peut-être impitoyable que l’on se fait de l’industrie musicale…
- Si certains clichés existent, c’est sans doute pour une bonne raison. Mais dans mon cas, je ne souhaite pas être dans une optique de compétition. C’est tellement énergivore. Voir des artistes qui ont autant faim que toi est une source d’inspiration.

- L’intelligence artificielle a dernièrement beaucoup fait parler d’elle. Un morceau qui avait prétendument été conçu par les artistes canadiens Drake et The Weeknd avait en réalité été généré par l’IA. Les artistes ont-ils du souci à se faire?
- Je crois qu’on a, en tant qu’êtres humains, besoin d’être créatifs et stimulés. Il y a quelque chose de l’ordre de l’expérience humaine en musique: les sessions en studio, les étincelles, les moments de partage. Nous sommes des animaux sociaux, on ne peut pas répliquer un sentiment de connexion. Mais qui sait, rendez-vous dans dix ans (rires)!

- Vos cheveux crépus semblent être constitutifs de votre personnalité et de votre identité…
- Je crois que c’est un choix et un travail de conscientisation sur moi. J’aimerais que mon identité visuelle soit acceptée par les gens qui m’écoutent. Je n’ai pas envie de me changer pour qui ou quoi que ce soit.

- Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir?
- Déjà, j’aimerais finir mon master (rires)! J’aimerais continuer à partager avec les autres, parce que, quoi qu’on en dise, la musique est un bon moyen de briser la glace. 

Pochette du troisième EP de NNAVY «No Promises»

Après «Blue» et «In Good Company», NNAVY revient avec «No Promises», un troisième EP aux sonorités néo-soul.

Good Fun Records & Management

>> NNAVY a sorti «No Promises», son troisième EP, le 26 mai. Elle sera en concert le 24 juin aux Docks à Lausanne.

Par Elisa Antonio publié le 16 juin 2023 - 10:24