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Qui parodie qui dans les shows télévisés américains?

La chronique «Donald ou Joe» d'Alain Campiotti, journaliste, correspondant aux Etats-Unis de 2000 à 2006, est consacrée cette semaine, pour son dernier volet avant l'élection présidentielle américaine du 3 novembre, aux shows télévisés.

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Les acteurs Alec Baldwin (à g.) et Jim Carrey singeant respectivement Donald Trump et Joe Biden dans le Saturday Night Live de NBC le 24 octobre. Dukas

Karl Marx a écrit que les grands événements historiques se répètent toujours deux fois: d’abord en tragédie, ensuite en farce. Aux Etats-Unis, la vie politique se joue aussi en deux temps. D’abord en mode sérieux, et les citoyens s’indignent ou bâillent. Ensuite en comédie, à la télévision, et les spectateurs s’esclaffent. Les shows du soir drainent de larges audiences, leurs animateurs sont bien plus connus que la moyenne des politiciens.

Le plus ancien de ces spectacles nocturnes est «Saturday Night Live», «SNL» pour les intimes, enregistré en public à New York. Samedi dernier, Alec Baldwin en blond (Trump) et Jim Carrey vieilli (Biden) rejouaient avec force grimaces et absurdités le débat entre les deux candidats qui avait eu lieu l’avant-veille à Nashville. Puis une brochette de citoyens comédiens sont venus dire leur panique à l’idée que Trump puisse être battu: «De quoi va-t-on parler désormais?» «Chaque jour, ses sorties faisaient notre conversation!» «Depuis quatre ans, je m’engueule avec mon père. Avant, on ne se parlait pas!» Puis, soudain, ils réalisent: «Mais s’il perd, il criera encore plus fort, plus furieux, plus dingue!»

On le devine, ces shows, produits sur les côtes démocrates (Californie, New York), ne sont pas tendres pour le président républicain. Les mieux établis d’entre eux sont même particulièrement militants. Le «Late Show» de Stephen Colbert, par exemple. Le soir de l’élection de 2016, il avait été pris à contre-pied, en direct, par la défaite d’Hillary Clinton: comme tout le monde, il ne l’attendait pas. Depuis ce jour, Colbert est un critique implacable de Donald Trump, qu’il apostrophe par écrans interposés. L’autre soir, le président apparaissait dans le «Late Show» sous la forme d’une poupée explosive dont l’animateur n’arrivait pas à se débarrasser malgré une puissante bombe insecticide. Et Colbert le sommait de venir constater à New York que la ville n’est pas une cité fantôme, comme Trump l’avait prétendu au cours du débat.

Pourtant, les shows politiques ne sont plus ce qu’ils étaient. D’abord parce qu’ils ont pour la plupart perdu leur public et ses applaudissements, à cause du virus. Colbert intervient, tout seul, de son appartement, parfois de sa baignoire. Et puis, en quatre ans, une concurrence est née dans les cercles républicains, avec des succès variables. Ces shows amis cherchent à tourner en dérision l’obsession anti-Trump de leurs adversaires, en se moquant du sérieux avec lequel ils commentent les provocations qui viennent de la Maison-Blanche. Car, pour eux, le meilleur comédien, c’est le président lui-même. Trump a récemment retweeté une vidéo prétendant qu’il avait décoré le chien qui avait participé à la liquidation d’Abou Bakr al-Baghdadi, le «calife» de l’Etat islamique. C’était un montage, ce que tout le monde n’avait pas compris. Une blague? C’est sûr que Donald Trump aime les provocations. Mais prêtent-elles toujours à rire?

Reste une question, au bout de cette tragicomédie. Le 3 novembre, qui l’emportera: Alec Baldwin ou Jim Carrey?


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Pétrole

Joe Biden a toujours les sondages d’opinion pour lui, et les meilleures chances d’obtenir une majorité dans le collège électoral qui désignera le nouveau président. Mais il perd quelques plumes dans un ou deux Etats clés. Au cours du débat de Nashville, il n’est pas apparu triomphant, repris un instant par un léger bégaiement. Surtout, il a parlé avec maladresse de la transition énergétique. Trump l’a aussitôt accusé de vouloir mettre au chômage des millions de travailleurs des hydrocarbures. C’est dérisoire, mais ça peut coûter à Biden un paquet de voix en Pennsylvanie, un Etat, assis sur une nappe de gaz de schiste, qu’il ne doit pas perdre.

Les républicains veulent encore croire à la victoire, parce qu’ils ont réussi à inscrire plus de nouveaux électeurs de leur camp. Ils espèrent aussi que beaucoup de Noirs, comme souvent, s’abstiendront. Et ils pensent que certains de leurs électeurs dissimulent leur choix aux sondeurs. Un seul institut dit que Trump gagnera. Il porte le nom redoutable de Trafalgar.


Par Alain Campiotti publié le 28 octobre 2020 - 08:54, modifié 18 janvier 2021 - 21:15