Bonjour,
Et si le plus difficile n’était pas la perte de poids, mais la suite? Un constat amer pour de nombreuses personnes prises dans un yoyo aussi douloureux pour le moral que concret sur la balance. La solution? Pas magique, mais multiple, pour dessiner rien de moins qu’une nouvelle vie. Conseils et témoignages.
Avoir une activité physique régulière est primordial dans le processus de perte de poids.
hobo_018Cette fois, c’est la bonne. La perte de poids a pu être enclenchée, ce jean tant aimé renfilé et le reflet dans le miroir de nouveau apprécié. Mais une ombre entache le tableau: la crainte d’une reprise de kilos en flèche. Et elle est légitime. Car, quelle que soit la perte de poids obtenue, elle n’est malheureusement pas immuable. Principalement en cause? Le retour insidieux de nos travers, même les plus anodins… «Nous sommes des êtres d’habitude, rappelle Maaike Kruseman, professeure au sein de la filière nutrition et diététique de la Haute Ecole de santé de Genève*. A l’image d’un champ de neige vierge que l’on a emprunté une fois, notre tendance est de reprendre ce chemin à l’identique.» C’est ainsi que tel aliment, telle prise alimentaire, tel réflexe va se reglisser de lui-même dans nos vies si on le laisse faire. «Pour maintenir sa perte de poids, il faut prendre la décision consciente de changer certaines habitudes, prévient la diététicienne. Et se la remémorer plusieurs fois par jour, jusqu’à ce que les changements s’ancrent en nous.» Le nerf de la guerre? Sans doute la nourriture émotionnelle. «Nous mangeons pour vivre, mais aussi par frustration, par colère, par anxiété ou encore par ennui», note le Pr Alain Golay, médecin-chef du service d’endocrinologie, diabétologie, nutrition et éducation thérapeutique du patient aux Hôpitaux universitaires de Genève**. «On s’en rend vite compte en se demandant: «Est-ce que je mange vraiment par faim, là?» Coup de projecteur sur quelques stratégies payantes, à piocher, à expérimenter et à adopter, selon ce qui nous convient aujourd’hui ou demain.
* «Changer de poids, c’est changer de vie», de Maaike Kruseman, Ed. Planète Santé, 2020
** «Maigrir durablement, c’est possible», d’Alain Golay et Zoltan Pataky, Ed. Vigot, 2018
Zoom sur quelques indicateurs de l’excès pondéral. Ces éléments peuvent servir de base pour déterminer l’objectif de perte de poids à atteindre, propre à chaque individu.
Indice de masse corporelle (IMC)
Il s’obtient en divisant le poids (en kg) par la taille (en mètre) au carré. On parle de surpoids pour un IMC compris entre 25 et 30 et d’obésité lorsqu’il dépasse 30.
Tour de taille
Précieux pour repérer la graisse abdominale, particulièrement délétère, il est recommandé d’avoir un tour de taille inférieur à 90 cm pour les femmes et à 100 cm pour les hommes.
Masse grasse
Déterminé grâce à un appareil d’impédancemétrie, le pourcentage de masse grasse (par rapport à la masse maigre) devrait être inférieur à 30% chez les femmes et à 20% chez les hommes.
Analyse sanguine
Présence d’un syndrome inflammatoire, excès de sucre, de cholestérol, souffrance d’organes cibles tels que foie et reins peuvent être révélés par une prise de sang.
Mesure de la tension artérielle
L’hypertension est un facteur de risque cardiovasculaire majeur. On en pose le diagnostic en cas de pressions artérielles régulièrement supérieures à 140 et/ou 90 mm de mercure.
Pour les personnes souffrant d’obésité sévère à morbide (indice de masse corporelle (IMC) > 40), chez qui les programmes de perte de poids ont échoué, le recours à la chirurgie bariatrique peut être envisagé. Deux méthodes sont possibles: le by-pass et la sleeve. Dans tous les cas, il s’agit de réduire drastiquement le volume de l’estomac, ce qui entraîne, de fait, une diminution de l’apport alimentaire et une sensation plus rapide de satiété. La perte de poids est alors spectaculaire et rapide: entre 20 et 35% du poids initial dans les deux ans. Le but: réduire les facteurs de comorbidité (hypertension artérielle, diabète, hypercholestérolémie, etc.) et retrouver une bonne qualité de vie.
Fixer des objectifs réalisables: pour augmenter les chances de réussite, quel que soit le programme envisagé (chirurgical ou non), il est important de se fixer un objectif «réaliste». En fonction de l’IMC de départ du patient, l’équipe médicale détermine un poids à atteindre. Mais passer sous le seuil d’obésité – qui permet de réduire considérablement le risque de certaines maladies, comme le diabète – est parfois inenvisageable. «Si vous partez de 200 kg, vous n’arriverez jamais à un IMC «normal», prévient le Dr Fournier, chef de service à l’Hôpital de Nyon et responsable du Centre de l’obésité et du métabolisme de La Côte. Il vaut mieux choisir un objectif atteignable, quitte à le dépasser.»
L’importance du suivi: pour assurer le maintien de la perte de poids, mais aussi le bien-être du patient, un programme d’accompagnement global (psychologique, médical, diététique, sportif) est primordial, avant et après l’intervention. Bouger tous les jours, écouter son corps et ne pas hésiter à demander de l’aide quand on en sent le besoin sont de nouvelles attitudes à adopter. «L’opération n’est pas une baguette magique, c’est seulement 20% du résultat, explique le chirurgien. On suit ces patients comme le lait sur le feu: tous les trois mois la première année, tous les six mois la suivante, puis au moins une fois par an à vie.» Au-delà du suivi médical, d’autres facteurs peuvent assurer le succès du traitement: la motivation personnelle, bien sûr, mais aussi le soutien des proches.
Le risque de rechute: avec le temps, une certaine reprise de poids est constatée chez de nombreux patients ayant subi une chirurgie bariatrique. Pour autant, cela ne signe pas forcément l’échec de l’intervention. «La rechute fait partie de la prise en charge chirurgicale, explique le Dr Fournier. Elle reste généralement bien inférieure à celle qui fait suite aux interventions non chirurgicales. On tolère 5% de prise de poids, qui est physiologique et ne remet pas du tout en cause l’efficacité du traitement.» Chez environ 20% des patients en revanche, le poids perdu sera totalement repris, voire dépassé. «On ne parvient pas toujours à expliquer cet échec, ajoute Pierre Fournier. Au-delà des comportements, il y a peut-être d’autres facteurs qui entrent en jeu, comme des composantes génétiques ou biologiques.»
Le premier déclic a eu lieu à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC) survenu en 2015. Le second lorsque, en février 2020, il dépasse la barre symbolique des 100 kilos. Guy, 67 ans, prend alors conscience de la nécessité de prendre sa santé en main, à commencer par l’alimentation. Après avoir suivi plusieurs régimes sans véritable résultat stable, il entame avec une diététicienne un suivi en profondeur, faisant table rase de ses habitudes passées, pour se réapproprier son rapport à la nourriture, mais aussi à son propre corps. «Au départ, mon but n’était pas tant de perdre du poids que d’éviter de tomber malade. Nous avons fait l’inventaire de tout ce qui n’allait pas dans ma façon d’appréhender les repas, raconte Guy. Parmi les différentes stratégies de maintien de perte de poids, il m’est vite apparu que celles qui me manquaient particulièrement étaient les sensations de satiété et de faim. J’ai réalisé que, toute ma vie, j’ai fait quelque chose en mangeant: écouter la radio, parler avec quelqu’un, remplir un sudoku… Le fait de ne pas être en pleine conscience de l’instant m’a totalement déconnecté des sensations.
J’ai donc dû apprendre, progressivement, à retrouver le plaisir simple des aliments et à me recentrer. J’ai également abandonné de mauvaises habitudes, comme ne garder aucun reste ou manger régulièrement au restaurant. Pour ça, on peut dire que la crise sanitaire actuelle a été d’une grande aide. Etre contraint de ne plus manger à l’extérieur m’a incité à cuisiner et donc à mieux contrôler la quantité et la qualité de ce que je mettais dans mon assiette. Les résultats ont été rapides, j’ai perdu 8 kilos en quelques mois et mon poids s’est stabilisé. Mais je sais que j’entre maintenant dans une phase délicate. Il faudra, lorsque les restaurants rouvriront, que je reste vigilant et à l’écoute de mon corps. Je peux aussi m’appuyer sur un soutien externe, très important: ma compagne, mon médecin, ma diététicienne ou encore mon coach sportif. Mais j’ai désormais la conviction profonde que les choses dépendent de moi, que je ne suis pas à la merci de quoi que ce soit. Ma première ressource, c’est moi.