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Terroir

Des producteurs hors-norme au Tessin

L’amour du terroir et la passion du métier, c’est ce que partagent ces trois producteurs de la région Ascona-Locarno. Chevriers, vigneron-œnologue ou ingénieur agricole, ils témoignent de la vitalité d’une région à la nature généreuse.

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Pascal et Danièle Favre avec leurs chèvres nera verzasca. FRANÇOIS BUSSON

Derrière les produits du terroir et les spécialités locales mis en avant par Locarno Ville du Goût, il y a des hommes et des femmes aux destins souvent singuliers. Portraits.

Danièle et Pascal Favre, on l’aura deviné aux consonances de leurs deux noms, ne sont pas vraiment des enfants du pays. Natifs du canton de Neuchâtel, où ils ont enseigné quelques années à l’école primaire de la commune de Vilars-Saules-Engollon, ils sont arrivés dans le val Verzasca en 1983. Pour Pascal, qui rêvait d’élever des chèvres depuis un voyage dans les Cévennes à l’âge de 22 ans, l’exil au Tessin s’est imposé rapidement. «N’étant pas fils d’agriculteur, trouver un domaine en Suisse romande, c’était la mer à boire, à moins de me coller un million de dettes sur le dos avant même de traire ma première chèvre.»

Mais pourquoi le Tessin? «C’est un éleveur de Brione interviewé à la télévision et qui cherchait à revivifier le village en invitant de jeunes agriculteurs à venir s’installer qui nous a amenés ici. On a commencé par passer un été et un hiver avec lui avant de trouver une entreprise agricole par l’intermédiaire de la banque Raiffeisen.» Les débuts ont été difficiles. «J’ai fait l’erreur d’acheter des chèvres à un marchand et je me suis retrouvé avec le restant de la colère de Dieu. J’ai dû me séparer de la moitié d’entre elles après les premières mises bas et redémarrer avec des cabris.»

Les trois premières années, le couple n’a rien gagné et vécu avec 500 francs par mois. Aujourd’hui, avec un troupeau de 60 chèvres d’une race locale menacée, la nera verzasca, et 30 000 à 35 000 francs de revenus par an entre la vente de leurs très réputés fromages de chèvre et les cabris, Danièle et Pascal ne roulent pas sur l’or mais se sont créé leur petit paradis. Mais il ne faudrait pas que le loup le découvre...

>> Danièle et Pascal Favre, 6634 Brione. Tél. 091 746 14 61


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Robin Garzoli, dans ses caves du val Maggia.

Gabriele Putzu / CER / Ti-Press

Robin Garzoli, lui, est un Tessinois pur sucre. Gamin, il accompagnait déjà son père sur son tracteur dans les vignes. Le lycée achevé, il a fait le trajet inverse de Danièle et Pascal et s’est exilé trois ans et demi à l’école d’agriculture de Changins pour se former à la viticulture et à l’œnologie.

Ensuite, c’est le parcours classique avec passage dans une cave neuchâteloise puis à la Cagi de Giubiasco, où sa famille apportait chaque année son raisin avant la prestigieuse cave Zanini. Mais l’idée fixe de Robin, c’est de créer son propre domaine. Et pas n’importe où, mais dans la Vallemaggia, où la viticulture a périclité et les vignobles sont à l’abandon.

Dès 2007, il entreprend donc de rebâtir un vignoble dans la basse vallée, à 400 mètres d’altitude. Changements de température importants entre le jour et la nuit, excellente ventilation du vignoble, ces conditions lui permettent aujourd’hui de produire des merlots réputés pour leur élégance et leurs arômes intenses et fruités.

Robin est aujourd’hui le seul producteur de vin de la Vallemaggia. Ses 20 000 bouteilles annuelles proviennent de parchets sauvés de l’abandon grâce, en particulier, à l’Association pour la protection du patrimoine artistique et architectural de la Vallemaggia.

>> Robin Garzoli, 6673 Maggia. Tél. 091 753 18 63. www.rombolau.ch


Fabio Del Pietro n’est pas agriculteur mais ingénieur agricole et directeur de Terreni Alla Maggia, une exploitation agricole de 130 hectares située dans le delta de la Maggia, entre Locarno et Ascona. Ce domaine étonnant date de 1930 et est aux mains de la célèbre famille d’industriels zurichois Bührle.

Il est le plus bas de Suisse (198 m) et le seul à produire du riz. Ses rizières sèches, qui occupent 80 hectares et produisent 400 tonnes les bonnes années, sont d’ailleurs les plus septentrionales d’Europe. Un riz vendu en majorité pour cuisiner le fameux risotto, mais utilisé également pour produire une bière brassée en Appenzell.

La diversification est d’ailleurs le maître mot du domaine, qui produit également d’excellents vins, un whisky, du blé dur pour la pasta, du jus de pomme, des asperges et des patates. Rattaché à l’Hôtel Castello del Sole et à une réserve ornithologique, c’est une chouette destination de balade.

>> Terreni alla Maggia SA, 6612 Ascona. Tél. 091 791 24 52. www.terreniallamaggia.ch

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Aux Terrani alla Maggia, les surfaces plantées en riz couvrent 80 hectares.

TERRENI ALLA MAGGIA

 

Par Busson François publié le 25 mai 2020 - 16:58, modifié 18 janvier 2021 - 21:11