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À Ulrichen, dans le Haut-Valais, 30'000 scouts de toute la Suisse ont passé deux folles semaines dans un camp géant. Le mode de vie a évolué, mais l’état d’esprit reste. Rencontre avec Homard Impérial et ses potes, qui nous racontent comment ils se sont improvisés coiffeurs.
Pauline Bienfait
Une bonne dose de créativité, un soupçon d’humour, un réseau de 30'000 têtes chevelues et... le tour est joué! Avis aux personnes désireuses de se démarquer: Homard Impérial et Radis proposent la coupe Mova dernier cri, clin d’oeil au nom du camp de cette année.
Didier RuefIl y aurait des centaines d’histoires à raconter sur le camp géant des scouts à Ulrichen, dans le Haut-Valais. Mais celle-ci, certes un peu tirée par les cheveux, méritait d’être relevée. Le scout valaisan Polatouch au Taquet, chef adjoint de la troupe aux cheveux longs, avait décidé de se faire une coupe mulet pour l’occasion. Ni une ni deux, Poussin-Beau dit «Radis», dont la maman est coiffeuse, s’y colle. Plutôt satisfait du résultat, celui qui est aussi le grand chef des éclaireurs de Fully (VS) décide de poster la photo sur Instagram: le succès est immédiat. Les rendez-vous se prennent sur le réseau social, auquel les chefs de groupe, seuls détenteurs officiels de téléphones sur le site, ont accès. Sauf que Polatouch, bûcheron à la ville, n’avait prévu de batterie que pour une personne. «On a décidé de commander une tondeuse et une paire de ciseaux à effiler sur Galaxus», s’exclame fièrement son compère, Homard Impérial, jeune banquier dans la vraie vie. Le colis met du temps à arriver et la liste d’attente s’allonge, tout comme les cheveux des scouts en mal de look stylé.
«Depuis l’arrivée de la précieuse tondeuse, on fait entre cinq et dix coupes par jour», s’enthousiasme le grand chef en replaçant soigneusement d’un revers de main une mèche de cheveux à l’arrière de son crâne. Indiqué en grandes lettres sur un bout d’écorce devant leur maison de bois le long de la route caillouteuse, le concept de «free mulet» cartonne dans le village de scouts éphémère. Et désormais, les gens passent à l’improviste. «On a même dû fabriquer un panneau qui indique que l’on est fermé…» rigolent les plus jeunes. En l’espace d’une semaine, le business a fleuri et d’autres ont repris le concept. «Mais nous détenons le stempel original!» se marre Homard.
A l’image d’une vraie petite entreprise, l’offre des coiffeurs en herbe s’est diversifiée. «Nous proposons aussi la boule à zéro, les dégradés et… la tonsure!» Arrive à ce moment un jeune homme à la tête rasée hormis une fine tonsure circulaire façon curé qu’il recouvre la plupart du temps d’un bob. «Je raserai tout à la fin du camp», précise-t-il, l’air un peu gêné sous les éclats de rire de ses compagnons. Pour d’autres, il s’agit du stand de la dernière chance. «Après Paléo, un scout s’est fait massacrer le crâne. J’ai dû tout raser: c’était irrattrapable», plaisante le chef au nom de crustacé. Et puis, les filles ne sont pas en reste. De leur épaisse chevelure, les coiffeurs débrouillards font des tresses de minimum 20 centimètres de long, qu’ils envoient ensuite à une association qui fabrique des perruques pour les personnes atteintes d’un cancer. Assis sur son bout de tronc d’arbre tel le maître des lieux, Homard Impérial est trop ravi de l’intérêt que son business suscite. Mais attention: ses cheveux à lui, pas question d’y toucher. Parole de scout!
Comme de jeunes loups dans leur tanière, une patrouille de scouts de la brigade de Sauvabelin (VD) fait la sieste. «La journée, il fait très chaud là-dedans.» Quand vient la nuit, l’objectif suprême est de s’endormir avant celui qui ronfle, explique le petit dernier de la bande. Sans oublier les aventures somnambules de Salam, le chef de la patrouille des taureaux, dont l’évocation du monologue nocturne de la veille fait s’esclaffer toute la tente.
Didier RuefTandis que les paroles du chant du légionnaire, fredonnées de manière plus ou moins juste, gagnent les étoiles, la lumière des lampes torches brille dans la nuit, telles des lucioles. «Le feu, il faut se l’imaginer», chuchote en souriant une animatrice du groupe Benoît de Pontverre, de Genève, assise au premier rang en faisant référence aux quatre bouts de bois plantés dans le sol en forme de cercle. Symbolique.
Didier RuefC’est l’heure du repas, moment tant attendu! Rigolades et discussions avec les copains tout en léchant les recoins de leur gamelle. Les menus quotidiens ont été choisis des mois à l’avance par les groupes. «Le meilleur repas, ce sont les pâtes aux lardons, dont une partie a atterri sur les pieds d’un chef», rigole Wanderoo, un des responsables de la troupe de Noirmont-Gland (VD).
Didier RuefScout toujours… prêt! Et créatif. C’est ce que démontrent les scouts de Beckenried (NW). A peine réveillés que les voilà déjà en train de mimer l’histoire du dieu Poséidon, armé de son trident. «C’est génial de se retrouver avec 30'000 personnes qui partagent le même esprit», s’enthousiasme Muggs, membre des éclaireurs de Gofers Lenzburg (AG) quelques tentes plus loin. C’est cela être scout: un peu fou et plein d’idées!
Didier RuefGrande effervescence à l’occasion de la cérémonie du 1er Août. Fiers comme des paons, les différents groupes brandissent leurs fanions comme des étendards. Le show bat son plein. Plus tard, les cors des Alpes feront place à trois parachutistes militaires lâchés par un hélicoptère au-dessus de la foule. C’est l’excitation totale.
Didier RuefEntre un brunch et une visite au Tessin, le ministre de l’Economie, Guy Parmelin, a fait un petit saut express au camp fédéral à l’occasion de la Fête nationale. Casquette vissée sur la tête et sourire aux lèvres, le ministre et sa femme, Caroline, prennent la pose parmi les scouts d’Agua (Zurich). Le jour même, il tweetait: «Quoi de plus enthousiasmant que de rencontrer des milliers de jeunes (et moins jeunes) aujourd’hui, tournés vers leur prochain lors d’un camp mémorable!»
Didier Ruef«J’ai appris à coudre en cousant mes badges moi-même dès ma première année scoute!» s’exclame une jeune fille en désignant sa chemise, élément clé de la tenue scoute traditionnelle. Du côté des garçons de la brigade de Sauvabelin (VD), la tradition veut qu’un chef imagine une sérigraphie à l’encre pour les chemises, signe que l’on a participé au millésime du camp 2022.
Didier RuefAttribut indispensable du scout: le foulard. En plus de marquer son appartenance au groupe, il peut être agrémenté de nombreux pin’s et accessoires symboliques. Attention, il ne se plie pas n’importe comment. A plusieurs, c’est plus facile. Vive l’entraide!
Didier Ruef