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10 décennies, 10 pionnières

Quand Gabrielle Ritter a ouvert aux femmes les portes du ciel

Alors que les fillettes commencent à se rêver en hôtesses de l'air, seul métier aérien accessible aux femmes à l'époque, Gabrielle Ritter fait tout pour devenir pilote. Portrait d'une héroïne des années 1980.

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L'uniforme de Gabrielle Ritter a dû être adapté sur mesure, car il n'existait pas pour femmes.

La Mayo

Petite, elle regarde, fascinée, les avions voler au-dessus de Berne, où elle est née en 1961. Mais «Gaby» ne rêve pas de devenir hôtesse de l’air, le seul destin aérien autorisé aux filles à l’époque. Ce qui intéresse cette gamine têtue, c’est d’avoir les mains sur le manche à balai d’un de ces gros oiseaux métalliques. Elle va alors se dépêcher de passer un diplôme de commerce pour intégrer une formation de contrôleuse aérienne.

Pressekonferenz mit der ersten weiblichen Swissair-Pilotin Gaby Musy-Lüthi in Zürich-Kloten

Les médias mettent volontiers en valeur «Gaby» Musy-Lüthi (aujourd’hui Ritter), ici lors d’une conférence de presse à l’aéroport de Zurich-Kloten en 1998.

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Et puis, en 1984, la Swiss Aviation School ouvre ses portes aux femmes. Gabrielle, qui a passé entre-temps une licence de pilote privé, est une candidate idéale. Bien sûr, il n’y a encore ni vestiaires ni toilettes pour les dames, et il faudra adapter l’uniforme spécialement pour elle, mais son rêve est au bout du tarmac.

Swissair-Pilotin Gaby Lüthi im Cockpit einer Maschine der Schweizerischen Luftverkehrsschule (SLS) in Hausen am Albis

En 1985 aux manettes d'un avion de la Swiss Aviation School.

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En 1987, elle est la première femme à monter dans le cockpit d’un avion Swissair. Il y aura eu, inévitablement, quelques turbulences sexistes et une certaine tension chez ses mâles collègues jusqu’à son premier atterrissage. Elle se souvient aussi de ce passager qui lui commande un café sans remarquer les trois bandes sur les épaulettes qui caractérisent son statut de copilote. «En Arabie saoudite, l’équipe au sol m’ignorait complètement et ne parlait qu’au copilote.» En 1999, elle devient la première commandante de bord nommée par la compagnie helvétique.

Aujourd’hui, même si les femmes ne représentent encore, en 2019, que 5% de l’effectif des pilotes de Swiss, il n’y a guère plus de passager qui descende en courant de l’avion parce qu’il a aperçu Gabrielle dans le cockpit. Pour favoriser l’accession des femmes à son métier, elle préconise des plannings de vols établis plus à l’avance pour faciliter la vie des mères de famille. Elle-même dit n’avoir pas eu le temps de se consacrer à une vie de famille.

Trente-quatre ans et 17 000 heures de vol après son baptême de copilote, l’heure de la préretraite a sonné en juin, avec un dernier vol sur Boston aux commandes de son A330. «Being in the air va me manquer, nous confie-t-elle. Une grande partie de ma fascination pour ce métier vient du fait qu’à 10 kilomètres au-dessus de la terre, tous les problèmes, même les plus grands, vous semblent tout petits.» Gabrielle Ritter continuera à fréquenter le ciel. Mais ce sera désormais sur un siège passager.

Captain Gabriela Musy-Lüthi und Co-Pilotin Claudia Wehrli im Cockpit des Airbus A320-214, HB-IJB "Embrach"

Avec sa copilote Claudia Wehrli dans le cockpit d’un A320.

Swissair
Par Patrick Baumann publié le 20 septembre 2021 - 09:47