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L'édito

Que le slogan «femme, vie, liberté» fleurisse en Iran!

La mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022 à Téhéran a mené à des soulèvements de la part de toute la population iranienne. Stéphane Benoit-Godet s'indigne de ce gouvernement corrompu et oppressif qui empêche sa population de vivre au point de tuer 200 jeunes manifestants et d'en emprisonner 5000. Espérons que les mollahs fassent bientôt partie du passé pour laisser place au slogan «femme, vie, liberté». Éditorial.

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Iran 2022

Cette image est extraite d'une vidéo datant du 12 octobre 2022 montrant des manifestantes brutalisées par les forces de sécurité iraniennes dans la ville de Rasht, dans la province de Gilan, au nord de l'Iran. Des manifestations ont éclaté en Iran depuis que Mahsa Amini, 22 ans, est décédée le 16 septembre après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran qui prétendait que la jeune femme ne respectait pas le code vestimentaire strict de la République islamique.

AFP
Stéphane Benoit-Godet, rédacteur en chef
Stéphane Benoit-Godet

Il y a de bons indicateurs qui permettent de se rendre compte qu’un régime abuse de son pouvoir. Dire aux femmes comment elles doivent s’habiller est un bon indice. Tout comme broyer ses opposants ou nuire à ses minorités. Peu importe que ces dernières soient religieuses, de genre, ou de toute autre nature. Il y a aussi un autre témoin qui ne trompe pas: tout système politique qui tire à balles réelles sur sa jeunesse dans l’intention de tuer a, de lui-même, ainsi retiré toute légitimité à son action. Le régime des mollahs a coché beaucoup de ces cases. Il doit maintenant s’effacer et laisser place à une nouvelle phase de l’histoire de l’Iran. Quand le fera-t-il?

L’histoire dira si la révolte des jeunes femmes née après l’arrestation et la mort de Mahsa Amini parviendra à ses fins en renversant un régime corrompu et oppressif. Mais il est déjà clair que le mouvement de contestation se propage et qu’une telle intensité de rébellion n’a jamais été atteinte en Iran. Les hommes se sont rapidement joints aux cortèges. La révolte n’est plus seulement celle des étudiant·e·s et des écolier·ère·s, elle gronde désormais entre les étalages des marchés comme sur les sites d’extraction de pétrole. Bref, partout où il y a de l’activité. Et le phénomène touche déjà plus de 100 villes et toutes les régions du pays.

Le pouvoir tient bon. Les réseaux sociaux qui avaient été le ferment du Printemps arabe né fin 2010 ne peuvent pas jouer ce rôle dans cette crise, tant le web est contrôlé par les dirigeants locaux. En face s’élève le courage héroïque des manifestants. Il est immense. Surtout quand on se souvient de la puissance de l’appareil répressif du régime en place. Ce même régime qui n’hésite pas à livrer des drones suicides à son allié russe dans le but de terroriser l’Ukraine. Ces appareils bon marché n’ont pas le pouvoir de changer la face du conflit, non. Ils sont «juste» là pour tuer des civils et briser leur moral.

C’est le même cynisme qui a mené Téhéran à ne pas hésiter à tuer déjà 200 jeunes manifestants et à en emprisonner plus de 5000. Autant dire qu’il n’y a aucune compassion à attendre des mollahs, dont on ne peut espérer qu’une chose, qu’ils finissent dans les poubelles de l’histoire et que le slogan «femme, vie, liberté», lui, fleurisse.

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 27 octobre 2022 - 09:02