Dans les coulisses de la rédaction

Reportage surréaliste dans un pays qui n’existe pas

Quelle mouche a bien pu piquer Alessia Barbezat pour qu'un bon matin elle décide d’appeler son rédacteur en chef pour lui proposer un reportage sur la Transnistrie?

Alessia Barbezat, journaliste de L'illustré

Alessia Barbezat

Reportage en Moldavie

Nos reporters de guerre sur le char de la libération à Tiraspol.

Nicolas Righetti / lundi 13

C’est la question que je me pose quelques minutes avant d’embarquer dans mon avion à destination de Iasi, en Roumanie. De la Transnistrie, je ne connaissais que les photographies de Nicolas Righetti. Depuis quelques semaines, cette région séparatiste pro-russe concentre soudainement une partie des inquiétudes de certains Occidentaux et… de mes proches, qui m’envoient des messages inquiets. La prochaine poudrière? J’ai voulu aller voir de mes propres yeux et qui de mieux que Nicolas pour m’accompagner?

A notre arrivée en Roumanie, un chauffeur moldave m’emmène jusqu’à Chisinau, la capitale. Sur la route, il me raconte que des «nazis ukrainiens» seraient cachés dans la forêt. Les a-t-il vraiment vus? «Pas personnellement», me répond-il. Me voilà rassurée.

Gagaouzie et Transnistrie, deux pays qui n'existent pas

Transnistrie
Transnistrie
Transnistrie
Transnistrie
Transnistrie
Transnistrie
Transnistrie
Transnistrie
Transnistrie
Gagaouzie
Gagaouzie
Gagaouzie
Gagaouzie
Gagaouzie
Gagaouzie
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L’étoile de Sheriff brille sur les supermarchés, les stations-services et les maillots de foot. En Transnistrie, 80% des personnes employées travaillent pour le puissant conglomérat.

Nicolas Righetti/ Lundi13

Prochaine étape, la Transnistrie. Les journalistes ne sont plus les bienvenus dans la région – ils ne l’ont jamais vraiment été – depuis le début de la guerre en Ukraine. On entrera donc en tant que «touristes». Des visiteurs, avec du matériel photographique de compétition et qui ont été soudain pris d’une envie de se promener dans un coin proche d’un pays en guerre. Je ne me fais que peu d’illusions quant au succès de l’entreprise. Et pourtant… Plus c’est gros, plus ça passe. Deux fois, même.

Et alors, ce territoire qu’on décrit aux portes de la guerre? C’est le calme plat, ambiance Désert des Tartares. Quelques signaux nous alertent. La politique? On n’en parle pas. Tour à tour, nous avons été mis à la porte d’un théâtre; menacés d’être dénoncés; arrêtés et interrogés par la police, coupables de se promener avec un appareil photo.

Je ne vous avais pas dit? En Transnistrie, il est interdit de photographier les édifices publics, bâtiments gouvernementaux, etc. Coup de chance, le 12 avril, Tiraspol commémore la victoire de l’Armée rouge sur l’Allemagne nazie. L’occasion de se faufiler à travers la foule sans se faire (trop) remarquer.

>> Découvrez les autres articles du reportage sur la Moldavie:

Depuis l’invasion russe en Ukraine, l’Occident a les yeux rivés sur la Transnistrie, une région moldave séparatiste et pro-russe. Le territoire a fermé ses portes aux journalistes étrangers mais notre reporter Alessia Barbezat et le photographe de Lundi13 Nicolas Righetti ont pu y pénétrer deux fois. Ils racontent leur périple en terre soviétique, dans un pays qui n’existe pas.

Laetitia Béraud

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