C’est la question que je me pose quelques minutes avant d’embarquer dans mon avion à destination de Iasi, en Roumanie. De la Transnistrie, je ne connaissais que les photographies de Nicolas Righetti. Depuis quelques semaines, cette région séparatiste pro-russe concentre soudainement une partie des inquiétudes de certains Occidentaux et… de mes proches, qui m’envoient des messages inquiets. La prochaine poudrière? J’ai voulu aller voir de mes propres yeux et qui de mieux que Nicolas pour m’accompagner?
A notre arrivée en Roumanie, un chauffeur moldave m’emmène jusqu’à Chisinau, la capitale. Sur la route, il me raconte que des «nazis ukrainiens» seraient cachés dans la forêt. Les a-t-il vraiment vus? «Pas personnellement», me répond-il. Me voilà rassurée.
Prochaine étape, la Transnistrie. Les journalistes ne sont plus les bienvenus dans la région – ils ne l’ont jamais vraiment été – depuis le début de la guerre en Ukraine. On entrera donc en tant que «touristes». Des visiteurs, avec du matériel photographique de compétition et qui ont été soudain pris d’une envie de se promener dans un coin proche d’un pays en guerre. Je ne me fais que peu d’illusions quant au succès de l’entreprise. Et pourtant… Plus c’est gros, plus ça passe. Deux fois, même.
Et alors, ce territoire qu’on décrit aux portes de la guerre? C’est le calme plat, ambiance Désert des Tartares. Quelques signaux nous alertent. La politique? On n’en parle pas. Tour à tour, nous avons été mis à la porte d’un théâtre; menacés d’être dénoncés; arrêtés et interrogés par la police, coupables de se promener avec un appareil photo.
Je ne vous avais pas dit? En Transnistrie, il est interdit de photographier les édifices publics, bâtiments gouvernementaux, etc. Coup de chance, le 12 avril, Tiraspol commémore la victoire de l’Armée rouge sur l’Allemagne nazie. L’occasion de se faufiler à travers la foule sans se faire (trop) remarquer.
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