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Les rouages de la bêtise humaine

Mort aux cons: «vaste programme», aurait rétorqué le général de Gaulle. Vaste entreprise également que cet essai collectif, kaléidoscope de la connerie humaine.

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Un livre fait le point sur la psychologie de la connerie humaine. Shutterstock

«Arriéré, attardé, nigaud, idiot, débile, bête, dingue, imbécile, stupide, niais, toqué, sot, bas du front, fêlé du ciboulot… le vocabulaire de la connerie est sans fin», constate Jean-François Dortier, l’un des 27 contributeurs à cette «Psychologie de la connerie»*, ouvrage collectif tout à la foi scientifique, sarcastique et du plus haut comique.

Avec un nom qui revient souvent dans l’ouvrage, celui de Donald Trump. Pour Aaron James, l’actuel président américain est un connard suprême, un «uber-connard»: «J’entends par là que c’est un connard qui inspire à la fois respect et admiration pour sa maîtrise de l’art de la connerie malgré la compétition de ses pairs.» Un titre décerné par ce professeur de philosophie à l’Université de Californie bien avant que l’hôte de la Maison-Blanche ne recommande des injections de désinfectant pour se débarrasser du Covid-19, prouvant effectivement que «peu arrivent à la cheville de Trump pour enchaîner connerie sur connerie».

Car on peut être intelligent et stupide. C’est ce que démontre avec brio Yves-Alexandre Thalmann, professeur de psychologie au Collège Saint-Michel de Fribourg, dans son article. Un autre président américain en a apporté la preuve, Bill Clinton, lors de son aventure avec Monica Lewinsky, démontrant à son corps défendant (pas si défendant que ça…) que l’on pouvait avoir un QI élevé et «prendre des décisions stupides, à savoir s’engager dans des actes n’offrant aucun bénéfice tout en présentant des risques élevés de conséquences dommageables». Chez Bill Clinton, comme chez Dominique Strauss-Kahn ou chez Carlos Ghosn, on retrouve «ces sentiments d’immunité et d’impunité qui sont au cœur des décisions stupides de la vie quotidienne».

Sombrons-nous de plus en plus dans la bêtise? C’est la question que pose très sérieusement, en tête de sa contribution, le neuropsychologue de l’Université de Fribourg Sebastian Dieguez. Il en veut pour preuve la généralisation du «bullshit», synonyme «d’indifférence à l’égard de la vérité» dans le discours public. «Le bullshitteur n’a cure de la vérité. Il déblatère tout ce qui lui passe par la tête, du moment que ça peut l’arranger, sans le moindre souci pour la véracité ou la fausseté de ce qu’il asserte.» Et de nous alerter sur cette entreprise de «déstabilisation complète de notre rapport à la vérité qui vise à corrompre les rapports de confiance nécessaires au projet démocratique».

Les cons souffrent d’un trouble de la personnalité narcissique. C’est également ce que suggère le psychiatre Jean Cottraux. Selon lui, «le con serait quelqu’un qui manque d’intelligence émotionnelle et reste abusé de lui-même tout en abusant des autres du fait de son égocentrisme». Et voilà que la houppe orangée de Donald se pointe derechef à l’horizon…

>> *Le livre: «Psychologie de la connerie», sous la direction de Jean-François Marmion, Ed. Sciences Humaines.


Par Busson François publié le 22 mai 2020 - 11:35, modifié 18 janvier 2021 - 21:10