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La Saint-Valentin connectée de jeunes Romands

Indépendance, fusion, jalousie et géolocalisation: les romances des moins de 25 ans se vivent plus que jamais un smartphone à la main. A l'occasion de la fête des amoureux, quatre regards sur les affaires et les affres du cœur.

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Didier Martenet

«Il faut trouver le juste milieu»

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Justine et Robin sont en contact quasi constant. La jeune fille dort très souvent chez son amoureux, qui vit avec son père. Didier Martenet

Justine, 19 ans, gymnasienne, Belmont-sur-Lausanne (VD)
En couple depuis six mois avec Robin, 25 ans.

Entre Justine et son Robin, «il y a un besoin hyper-fort de se voir tous les jours. On s’envoie tout le temps des messages et je passe 60% du temps chez lui.» Trop d’espace et voilà que le jeune couple étouffe. «Je suis partie deux semaines en Thaïlande avec ma famille, c’était l’horreur. Au retour, on s’est promis qu’on ne se quitterait plus jamais aussi longtemps», raconte l’amoureuse, voix douce et prunelles pétillantes.

Ils sont collègues de travail et Robin a fait le premier pas il y a six mois en commentant le profil Facebook de Justine. «Il m’a dit subtilement que le courant passait entre nous.» Les réseaux sociaux sont une porte ouverte sur la vie intime: «On n’a même pas besoin de se parler au début pour voir les intérêts de l’autre.» Le danger? «Se demander qui il voit, avec qui il parle quand il est en ligne tard et pourquoi il ne répond pas à mes messages.»

Pour Justine, «il faut trouver le juste milieu, sinon on se coupe du monde. J’essaie d’être plus sereine. De l’appeler pour éviter les incompréhensions, quand je sens que les messages ne sont pas assez clairs.» Le couple essaie de faire preuve de bon sens. Chaton et doudou, comme ils se surnomment, rêvent d’emménager ensemble dès l’été prochain. Justine a fait découvrir Snapchat à son chéri. «J’adore envoyer des trucs à mes amis. Cela me frustrait qu’il n’y soit pas. Il s’est inscrit pour moi et n’a de relation sur Snap' qu’avec moi. J’ai trouvé ça chou!» Une preuve d’amour, en quelque sorte.


«Le téléphone amplifie la relation»

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Sur WhatsApp, Sarah et Simone commentent leur soirée télé à distance, photographient leurs repas et analysent des passages de la Bible. Didier Martenet

Sarah, 22 ans, étudiante en psychologie, Porrentruy (JU)
Amoureuse depuis cinq mois de Simone, 28 ans, ouvrier en Italie.

Depuis cinq mois, la vie de Sarah vibre au rythme des messages audio sur WhatsApp. Jusqu’à 100 messages en une demi-heure et «un bonne nuit» tous les soirs depuis leur rencontre.

Simone, 28 ans, est sa première vraie histoire d’amour. «Avant, personne n’avait voulu s’engager. Ils ne voulaient que des relations sexuelles.» C’est à un séminaire religieux à Naples, organisé par ses grands-parents italiens, que Sarah s’est éprise de ce jeune participant. «Il y a eu une vraie alchimie. Et le fait qu’il connaissait mes grands-parents a achevé de me rassurer.» L’histoire de la famille de Sarah joue un rôle. «Mes parents ont vécu un amour à distance entre Neuchâtel et Florence et mes grands-parents paternels également, entre La Sagne et Dakar, alors cela ne me fait pas peur. Mais je ne sais pas comment ils ont fait sans téléphone!»

Pour Sarah, le téléphone amplifie la relation réelle: «Il exacerbe les problèmes et les doutes, mais permet de vivre des échanges profonds très vite et sans barrières.» Pas de jeux de séduction, d’espionnage en ligne, de calculs ou de stratégies, Sarah et Simone forment un couple solide. «Je pense que c’est l’homme de ma vie. J’ai toujours voulu rencontrer quelqu’un qui m’aimerait autant que mon grand-père sénégalais aimait ma grand-mère.»


«A travers un écran, c’est facile de se livrer»

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Pas facile de se comprendre par écrit! Si vous êtes ouverte d’esprit, drôle et que vous aimez débattre, Loïc est libre! Didier Martenet

Loïc, 21 ans, fromager, Le Mont-sur-Lausanne (VD)
Célibataire, cœur à prendre.

Loïc le romantique est désabusé. Il n’a connu que quelques histoires, trop rapidement terminées. «Je trouve difficile d’aller vers les filles. C’est intimidant et on risque toujours de passer pour un gros lourd, d’avoir une parole inadéquate.» Inscrit sur Tinder, il ne pense pas pouvoir y dénicher l’amour à 21 ans. «Pour draguer ou pour un petit coup le vendredi soir, Tinder ou Snapchat, ça aide, mais je pense que ce sera difficile de trouver quelqu’un sur les réseaux sociaux avant 30 ans, quand tout le monde aura envie de se poser.»

Lui aimerait trouver une fille pleine d’humour, indépendante, qui n’aurait pas besoin d’être sans cesse rassurée et aimerait voyager. «Pas la fille d’un soir, ni celle d’une vie, juste une copine pour maintenant, résume-t-il. A travers un écran, c’est facile de se livrer et de donner le change. Une fois face à face, souvent, tout est maladroit. Il n’y a plus de
répartie, des silences, pas de conversation.»

Les codes de sa génération lui semblent difficiles à déchiffrer. «Il faut attendre dix secondes avant de décrocher un appel, une heure avant de répondre à un message, trois jours avant de l’inviter à sortir.» Il observe la vie de couple des autres sur Instagram et la sienne lui paraît en comparaison totalement imparfaite. Il espère qu’à Malaga, où il rêve de partir travailler, les filles seront plus ouvertes.


«C’est malsain de géolocaliser l’autre»

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Pour Kate, analyser ou non toutes les informations sur Giulio auxquelles elle peut avoir accès, via les applications, est un stress. Didier Martenet

Kate, 18 ans, gymnasienne, Lausanne (VD)
En couple depuis quatre mois avec Giulio, 26 ans.

A son premier rendez-vous, elle était accompagnée d’une amie. Parce qu’elle n’était pas sûre qu’ils sauraient de quoi parler. «Au premier rendez-vous, on pose les mêmes questions, c’est répétitif. Tinder, c’était plus pour rencontrer de nouvelles personnes que pour tomber en amour.» Giulio lui a plu tout de suite. Elle aime sa gentillesse et sa patience, «et la petite étincelle». Elle raconte que maintenant, ils sont «posés». «Ecole, fitness, maison.» Alors ils ne se voient plus autant qu’avant: «Une à deux fois par semaine, souvent chez moi. On regarde un film, on commande une pizza. On a moins besoin de prévoir une activité.»

Ils sont amoureux, mais parfois ils se disputent par téléphone. Des SMS mal interprétés ou trop courts, des malentendus, une absence de réponse à un message lu. Kate avoue avoir déjà géolocalisé son amoureux sur Tinder pour savoir où il allait. Elle ne le fait plus. «C’était malsain.»

Giulio est sur Facebook et Kate non. Elle a Snapchat et lui non. Huit ans les séparent. «Les réseaux sociaux rendent les contacts plus faciles, mais parfois ils créent beaucoup de problèmes.» Kate ne sait pas ce que l’amour lui réserve. Pour la Saint-Valentin, Giulio travaille. Elle sortira sans doute avec une copine. Une soirée à suivre sur Snapchat.


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Par Mathyer Marie publié le 14 février 2019 - 06:56, modifié 18 janvier 2021 - 21:03