«C’était sportif, intense, lumineux, joyeux, parce que je veux voir la vie ainsi»
Qu’avez-vous fait pour la première fois cette année?
Un paratriathlon, une belle découverte. Trois sports dont la natation, qui me semblait impossible avec mon handicap. J’arrive à rester plus qu’en surface sans boire la tasse à chaque brasse. Et puis la traversée des Pyrénées en 10 jours en handbike reste un très grand moment d’émotions, mon immersion dans la Méditerranée en guise de ligne d’arrivée.
Est-ce que 2018 s’est mieux ou moins bien passée que ce à quoi vous vous attendiez le 31 décembre 2017?
Je prends la vie comme un cadeau et l’apprécie comme je la reçois. Alors 2018 m’a remplie de joie par mes victoires comme par les combats que j’ai perdus. L’important, dans la vie, ce n’est point le triomphe, mais le combat. L’essentiel n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu (Pierre de Coubertin).
Quelle a été votre victoire personnelle en 2018?
Comme sportive, mon deuxième succès consécutif au Tour d’Italie avec, à la clé, les huit victoires d’étapes en jeu. Mais également le Raid Pyrénéen, la sortie de mon livre A la conquête de nouveaux sommets, celle de mon film Alla vita dans les mois à venir. Et puis, intérieurement, avoir su toujours voir le soleil, même caché derrière des nuages, et reconnaître tous les jours la valeur du mot «amour».
Et votre défaite?
Ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je préfère les termes «partie remise» ou «non abouti». Je suis par contre inquiète face aux décisions prises par les grands de la planète. J’ai mal à ma Terre.
Qu’est-ce qui vous a le plus réjouie?
Des sourires, des messages positifs, les fleurs et l’amour que m’offrent mes proches. Mon chien qui n’aime pas l’eau et qui me suit à la nage. Une très belle rencontre faite en fin d’année (clin d’œil à Anthony).
Qu’est-ce qui vous a le plus manqué en 2018?
Le temps et l’argent. Le temps pour le consacrer plus à ceux que j’aime. L’argent pour le dépenser plus pour ceux que j’aime. Je suis rapide en course mais pas encore assez pour remonter le temps et convaincre mon banquier qu’une médaille d’or vaut plus que son cours officiel…
Quelle est l’information dont vous vous seriez le plus volontiers passée?
Toutes les mauvaises nouvelles qui ne sont pas accompagnées de solutions vraies et efficaces. Un futur sans solution, sans plan B est bien inquiétant.
Qu’avez-vous appris d’important en 2018?
A nager en tant que paraplégique. Sinon, globalement, que l’humain individuel est bon en soi, mais que l’humanité fait peur.
Quel a été le plus bel endroit?
Sur Terre! Mais assurément mieux dans la nature, au sommet d’un col, entourée d’arbres, de ciel bleu, de soleil, d’un petit lac, de mon mari, de mon chien. Les Pyrénées ont été une magnifique découverte. Pour 2019, je prépare un grand projet sportif en Suisse, où il y a tant de paradis à découvrir.
Laquelle des questions qui vous préoccupent est restée sans réponse cette année encore?
Un chat retombe toujours sur ses pattes. Une tartine beurrée retombe toujours du côté du beurre. Mais que se passe-t-il si j’attache une tartine beurrée sur le dos d’un chat et que je le lance en l’air?
Votre vœu personnel pour 2019?
Sportivement, une qualification pour les Jeux paralympiques de Tokyo, en 2020. Sur le plan personnel, continuer à considérer la vie comme un cadeau, l’aimer et la respecter. Pour le reste, la planète, l’humanité, les guerres, l’écologie, je souhaite de vraies solutions, raisonnables. Je suis très rapide en handbike, mais bien moins qu’un cycliste. C’est peut-être cela la solution: mettre beaucoup de notre énergie pour aller moins haut, moins fort, moins loin. Prendre le temps de vivre et de réfléchir.
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Silke Pan, debout malgré tout
Son année
17 mai
A 45 ans, elle reçoit le passeport suisse des mains de Johann Schneider-Ammann.
Eté
A franchi 26 des 28 cols des Pyrénées en handbike et parution de son livre «A la conquête de nouveaux sommets», Ed. Favre.