1) AVS: COMBLEZ VOS LACUNES DE COTISATION
La durée de cotisation à l’AVS est mesurée sur une échelle de 1 à 44. Vous arrivez à 44 ans si vous avez versé au moins la cotisation minimale (482 francs dès 2019) chaque année entre vos 21 ans et l’âge de la retraite. Dans ce cas, vous pouvez revendiquer une rente complète, soit désormais 2370 francs par mois.
Si vous avez un doute sur votre nombre d’années de cotisation, demandez un extrait de compte auprès de votre caisse cantonale de compensation. Une année de cotisation manquante se traduit en principe par une réduction de la rente d’au moins 2,3%. Vous pouvez combler les lacunes en payant les cotisations arriérées, mais à deux conditions.
a. Cela ne concerne que celles des périodes où vous étiez assuré en Suisse.
b. Le retour en arrière est de cinq ans au maximum. Vous ne pouvez pas payer d’arriérés au-delà de ce délai. Lorsque les lacunes de cotisation sont dues au fait que votre employeur n’a pas versé les cotisations à la caisse de compensation, vous devez apporter la preuve que vous avez travaillé pendant la période concernée et que votre employeur a bien déduit les cotisations AVS de votre salaire. Cette preuve apportée, les montants en question seront versés à votre avoir AVS.
2) 2E PILIER: BIEN COMPRENDRE LE SYTÈME POUR POUVOIR AGIR
Votre 2e pilier est composé de deux parties. La part obligatoire et la part surobligatoire. La part obligatoire est le salaire annuel assuré obligatoirement: de 24'675 à 84'600 francs. Pour cette partie, le taux de conversion inscrit dans la loi au moment de la retraite est de 6,80%. Soit 6800 francs de rente annuelle par tranche de 100'000 francs cotisée. «Mais il faut savoir que cette partie, appelée minimum LPP, ne représente en moyenne que 10% de l’avoir de vieillesse total des assurés. Le reste provient de la part surobligatoire», précise Aldo Ferrari, président du conseil de fondation de la Caisse inter-entreprises de prévoyance professionnelle, la CIEPP.
En clair, tout ce qui excède cette limite de 84'600 francs est donc surobligatoire. Et le taux de conversion de cette part n’est pas inscrit dans la loi, les caisses de prévoyance sont donc libres de le fixer. L’espérance de vie ne cessant d’augmenter et les rendements des placements de baisser, autant dire que ce taux a constamment été abaissé ces dernières années. Les caisses les plus prudentes – pour ne pas dire les plus voraces – sont déjà passées au-dessous de 5%. Soit 5000 francs de rente annuelle par tranche de 100'000 francs cotisée.
3) INVESTISSEZ UN PEU DE VOS ÉCONOMIES
Pour pallier ces baisses constantes, il existe quelques solutions. L’idée phare est de trouver une ou des sources de revenus supplémentaires. Par exemple, si vous possédez des économies dont vous pouvez disposer, placez-les dans l’immobilier. Acheter un studio ou un deux-pièces pour le louer mettra un peu de beurre dans les épinards. Si votre capital est restreint, misez sur une ou deux places de parking. Ce sont chaque mois des petits sous qui rentrent.
4) SOUSCRIVEZ UN 3E PILIER
En parallèle ou à défaut d’un tel placement, investissez dans
un 3e pilier ou même deux, alternativement. C’est plus avantageux fiscalement de sortir le capital sur deux ans au terme du contrat. A partir de 2019, vous pourrez épargner 6826 francs au maximum par année, entièrement déductibles de l’impôt sur le revenu. Même si l’intérêt sur ce pécule est aujourd’hui négligeable, mieux vaut s’acquitter du montant en début d’année plutôt qu’en décembre.
5) RACHETEZ DES PARTS DE VOTRE 2E PILIER
Si vous êtes encore un assuré actif, faites des versements volontaires à votre caisse de pension, conseille VZ VermögensZentrum, le spécialiste des questions liées à la retraite. Ces montants de rachat étant déductibles de votre revenu, vous économiserez pas mal d’impôts. Mais attention: auprès de certaines caisses de pension, les versements volontaires sont perdus pour le conjoint ou le partenaire survivant si l’assuré décède avant la retraite. Idem si la caisse de pension glisse dans une situation de sous-couverture importante et que l’employeur restructure, fait faillite ou licencie une grande partie des employés. Renseignez-vous sur la solidité de votre caisse avant de procéder au rachat. Faites une assurance risque pur auprès d’un assureur privé pour sauver ces rachats en cas de décès.
6) FAITES-VOUS CONSEILLER PAR UN SPÉCIALISTE
Si vous choisissez de retirer l’entier de votre fonds de prévoyance sous forme de capital, vous ne serez donc pas pénalisé par la baisse des taux de conversion. Mais dans ce cas, il est très important de savoir comment gérer cet argent afin qu’il ne fonde pas comme neige au soleil après quelques années de retraite. Examinez également la possibilité de procéder à une retraite partielle, insiste Roland Bron, le patron de VZ Romandie. Dans de nombreuses caisses de pension, une personne réduisant, par exemple, son taux d’occupation de 100 à 50% à l’âge de 63 ans peut déjà percevoir la moitié de son avoir de vieillesse au taux de conversion actuel. A 65 ans, elle peut se faire verser le reste de l’avoir ou le percevoir sous forme de rente.
LES ÉTRANGERS BIEN PROTÉGÉS
C’est l’éclairant site ch.ch qui l’explique. Si, en tant qu’étranger, vous avez travaillé en Suisse et que vous avez quitté ou que vous allez quitter définitivement notre pays, vous avez droit, selon votre nationalité, à une rente AVS ou à un remboursement des cotisations versées.
Si une convention de sécurité sociale a été conclue avec votre pays d’origine, une rente AVS vous est versée à l’étranger une fois que vous avez atteint l’âge légal de la retraite. A contrario, certaines conventions prévoient un remboursement des cotisations. Si aucune convention n’existe, il est nécessaire de demander ce remboursement, qui sera versé sans intérêts.
Vous trouverez la liste des pays avec lesquels une convention
de sécurité sociale a été conclue dans une section du même site ch.ch
UN 13E MOIS D'AVS EN 2022?
Par le biais d’une initiative qu’elle entend mener à bien dès ce printemps,
l’Union syndicale suisse veut introduire une rente supplémentaire. Coût de l’opération: 3 milliards. A droite, on attend de voir… le financement.
«Depuis cinq ans, la baisse drastique du rendement des avoirs des assurés laminent les rentes du 2e pilier. Et ce n’est pas fini. Les gens doivent savoir que l’érosion va se poursuivre. Le moment est donc venu de rééquilibrer les choses en renforçant le 1er pilier, l’AVS. Tout le monde y gagnera, y compris les entreprises.» Vice-président du syndicat Unia, Aldo Ferrari (médaillon) en est convaincu. Alors que la prévoyance professionnelle traverse une période noire, il est l’heure de compenser cette baisse par une augmentation de l’AVS. «C’est la meilleure solution. Et la plus sensée financièrement pour assurer un niveau décent des rentes, en particulier pour les femmes, souvent défavorisées», insiste le syndicaliste. Les initiants partiront à la chasse aux 100 000 signatures ce printemps. En parallèle, l’Union syndicale suisse (USS), soutenue par une alliance de gauche, proposera de financer ces 3 milliards supplémentaires par une hausse paritaire des cotisations entre employé et employeur et une augmentation de la TVA. «Les gens sont prêts à payer plus pour gagner plus à la retraite. Ces dernières années, ils ont payé plus pour gagner moins», assène celui qui siège à la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle. «Si tout se passe bien, on peut légitimement imaginer le paiement du 13e mois dès 2022», estime-t-il.
«Facile de raser gratis»
A droite, on accueille la proposition avec prudence. «En bon libéral, je pense que toute mesure additionnelle n’est crédible que si elle est financée. C’est très facile de raser gratis et de laisser les caisses vides aux générations suivantes», tacle Christian Lüscher. Pour le vice-président du PLR suisse, il est en fait urgent d’attendre le résultat de la votation du 19 mai prochain, relative à la réforme fiscale des entreprises et au financement de l’AVS, la RFFA, avant de se déterminer. «En cas de oui, l’AVS bénéficiera de 2 milliards de revenus supplémentaires. On aura le temps de voir venir à ce moment-là.» Du côté du PDC, on n’est pas contre l’idée, mais pas encore favorable pour autant. «Il faudra voir le texte qui sera déposé à la chancellerie», avertit Charles Juillard, encore échaudé par le refus de la réforme Prévoyance 2020 par le peuple en mars dernier. «Un projet pourtant équilibré, qui garantissait des retraites décentes à moyen terme mais qui a été torpillé par les partis», regrette, amer, le vice-président national du parti.
Pour le Jurassien, une 13e rente AVS ne serait pas forcément la
panacée. «Il faut trouver des solutions globales pour tout le système. L’allongement de la durée des cotisations, une plus grande flexibilisation de l’âge terme, la possibilité de cotiser sur l’épargne et pas seulement sur le risque sont quelques pistes à étudier.»
A l’UDC enfin, on ne voit pas l’intérêt d’ajouter ce 13e mois. «Qu’on verse en douze ou treize fois la rente annuelle n’est pas important. Au final, c’est le montant total qui compte», estime Céline Amaudruz, qui entrerait éventuellement en matière si le financement était garanti. Pour la vice-présidente suisse du parti agrarien, ce n’est cependant pas l’argent qui pose problème mais son utilisation. «Comme mon parti, je suis partisane du slogan «les nôtres d’abord». Or, ce pays dépense à tort et à travers au détriment des retraités. Je pense notamment au milliard de cohésion versé à l’Union européenne. Mais je pense également aux sommes que nous dépensons pour l’asile, en faveur de personnes dont l’abus est un modèle de vie, ainsi que pour des prestations sociales octroyées sans grand discernement ni contrôle. Tout cet argent serait plus utile à garantir un niveau de vie suffisant à nos concitoyens et concitoyennes à la retraite.» C’est dit!
>> Pour plus de détails, voir le site de l'Union syndicale suisse (USS)