Il y a cinquante ans, dans un cube de 1 cm de côté (un millilitre) de sperme humain suisse, s’agitaient en moyenne 100 millions de spermatozoïdes (donc environ 300 millions par éjaculation). Aujourd’hui, ils sont un peu moins de la moitié, d’après une étude genevoise menée sur 2523 jeunes Helvètes de 18 à 22 ans. Estimant que l’avenir de la nation est en jeu, Berne a déjà réagi via l’Office fédéral de la santé publique, qui enquêtera dès l’automne prochain sur les causes de cette baisse de fertilité masculine.
Deux records
En attendant, apprenons-en plus sur cette fascinante bestiole (appelée gamète par les biologistes) «mâle» qui, dans le règne animal, est chargée de féconder l’ovule «femelle».
Rappelons déjà que, chez l’être humain, les cellules reproductives se partagent deux records: le spermatozoïde est la plus petite de nos cellules (tête de 4 micromètres, soit 0,004 mm, 75 micromètres avec le flagelle) et que l’ovule est la plus grosse (un dixième de millimètre). Les différences entre les espèces animales se situent au niveau de la taille, du nombre et de la forme des gamètes. La tête du spermatozoïde humain est en forme de goutte alors que celui des rongeurs adopte une silhouette en crochet.
Quantité ou qualité
En général, plus un animal est grand, plus ses spermatozoïdes sont petits. Le plus gros connu est celui d’une mouche (Drosophila bifurca), qui, une fois déroulé, mesure près de 6 cm, mais lors de l’accouplement seulement 62 gamètes sont transférés à la femelle. En gros, les espèces où le trajet à parcourir est long jouent la carte du nombre tandis que les petits animaux ont opté pour une poignée de spermatozoïdes costauds.
Mais l’évolution a aussi sélectionné les scénarios les plus appropriés en fonction des comportements. Ainsi, la créature chez qui les biologistes ont compté le plus de gamètes par éjaculat est un charmant petit oiseau australien, le mérion superbe, qui délivre en moyenne 8 milliards de ces petites têtes chercheuses. C’est le comportement sexuel très libre de la femelle qui aurait induit une telle profusion pour s’adapter à l’impitoyable compétition entre spermatozoïdes des différents amants.