La Suisse est un pays riche. La logique voudrait donc que ses habitants soient aussi des gens aisés. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Encore moins en 2023, où l’appauvrissement de la population helvète ne fait qu’augmenter dangereusement. Car être un pays fortuné signifie forcément par ricochet être un pays cher. La Suisse figure, derrière le Danemark, la Suède et la Norvège, au quatrième rang des pays où le niveau de vie est le plus élevé. Il est vrai que, par rapport à la France ou à l’Allemagne, le salaire mensuel peut donner l’impression d’être conséquent (le salaire médian brut en 2022 était de 6833 francs par mois). Mais c’est compter sans l’inflation galopante que nous connaissons.
Selon Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC), la situation sociale devient critique (lire dans l'édition papier du 1er septembre). C’est une réalité. Une partie croissante de la classe moyenne peine aujourd’hui à joindre les deux bouts.
Pourquoi? Les tarifs des biens de première nécessité comme les transports en commun, le panier de la ménagère, l’électricité, les assurances maladie ne cessent de prendre l’ascenseur. Mais les salaires, eux, ne suivent pas du tout cette courbe ascendante. L’Union syndicale suisse réclamait pour 2023 une hausse des salaires de 4 à 5%. Evidemment, rien n’est allé dans ce sens. Mais cette idée est-elle viable? Pas forcément car, pour pouvoir augmenter les salaires, les entreprises devraient augmenter leurs prix. Au final, c’est le consommateur qui serait une fois encore pénalisé. Mais il existe des solutions.
Par exemple baisser les tarifs des médicaments génériques qui sont, en Suisse et sans aucune raison, deux fois plus élevés qu’en France ou en Allemagne. Les frais hospitaliers aussi sont prohibitifs, puisqu’ils sont multipliés par trois par rapport à l’Allemagne. Autre piste, s’attaquer aux réseaux électriques, dont le taux moyen de rémunération est de 4,6% et dont le capital propre est rémunéré à plus de 7%! En 2022 déjà, Monsieur Prix avait recommandé une baisse du taux moyen à 2,11%, ce qui réduirait le prix de l’électricité d’environ 350 millions par an. Sans compter que la transparence sur les marges des grands distributeurs, exigée par la FRC, devient impérative. Il existe donc des solutions qui permettraient au porte-monnaie des Suisses de ne plus crier famine.
Sans vouloir jouer les candides, on est en droit de se poser la même question que tout le monde: qu’attendent nos politiques et dirigeants pour agir et monter au créneau? La situation est grave et en passe de devenir extrêmement critique pour la majorité des habitants de ce pays.