- Alors, Aurélie, fin prête pour ces World Skills en Russie?
- Aurélie Fawer: Oui, je me sens prête depuis un mois environ. Il faut se sentir prêt ni trop tôt ni trop tard. Donc là, c’est l’idéal.
- Comment se prépare-t-on à cette compétition?
- Il faut s’attendre à tout, donc s’exercer au maximum de techniques. Je me suis beaucoup entraînée d’après les exercices des derniers championnats du monde de 2017, tout en sachant que ce serait peut-être très différent cette année. Mais bon, c’est mon métier, je l’exerce quotidiennement, les travaux ne se ressemblent jamais, les dégâts ne sont jamais les mêmes, donc quoi qu’il arrive je saurai improviser.
- Même si les différentes épreuves peuvent réserver des surprises?
- Oui, je suis bien consciente qu’il est difficile de tout anticiper. Durant ces quatre jours de compétition, il y aura notamment un design, c’est-à-dire un décor à réaliser sur une porte ou un capot. Or, c’est une facette assez rare de notre métier, car la plupart de nos clients viennent pour une réparation après un accident, pas pour faire dessiner un papillon ou un autre motif sur leur véhicule. Mais les trois autres jours, ce sont des réparations, donc des épreuves plus classiques, même si, en l’occurrence, on ne les réalise pas sur un véhicule complet comme en situation réelle, mais sur des pièces détachées, pour des questions d’organisation.
- Vous redressez aussi la tôle?
- Non, il y a deux spécialités dans la carrosserie, celle de carrossier-tôlier, qui consiste à redresser la tôle, et la mienne, carrossier-peintre, qui consiste d’abord à mastiquer la carrosserie pour recréer parfaitement la forme puis à la repeindre.
- Vous êtes très minoritaire, en tant que femme, dans ce métier?
- En Romandie, quand j’ai commencé mon apprentissage, il y a cinq ans, nous n’étions environ que 5% de filles. Et maintenant que je travaille en Suisse alémanique, je constate qu’il y a presque autant de filles que de garçons. La différence entre les deux régions linguistiques est impressionnante.
- Avez-vous eu de la peine à trouver une place d’apprentissage en raison de votre sexe?
- Oui, j’ai même rencontré un patron qui m’a dit qu’il ne me prendrait pas parce que, selon lui, c’est un métier de macho. Mais j’en ai trouvé un autre qui préférait au contraire engager des femmes, car il estimait que celles-ci travaillent plus en finesse.
- Une fois votre CFC en poche, vous avez été engagée en Suisse alémanique, à Spiez (BE). Pas trop dur le changement de langue pour une Romande?
- Au début, c’était la galère. J’avais oublié mon allemand de l’école. Mais maintenant, après une année, je suis à l’aise. Il ne faut pas avoir peur de se lancer dans une autre région linguistique si, comme c’est le cas dans ma spécialité, cela permet de découvrir d’autres facettes du métier.
- Bon, vous allez devenir championne du monde, comme l’a été votre coach avec qui vous vous entraînez depuis de longs mois?
- Je vais en tout cas tout faire pour. Nous avons été super bien préparés et l’esprit d’équipe est fantastique. Mais au-delà de ce championnat, mes objectifs consistent à passer mon brevet fédéral puis, à terme, à m’occuper d’apprentis dans une école professionnelle.
Les autres Romands des World Skills
Les World Skills Kazan 2019 qui se déroulent du 22 au 27 août dans la ville russe verront 42 jeunes professionnels représenter la Suisse et son système de formation professionnelle. Cinq autre Romands accompagneront Aurélie Fawer à Kazan:
- Amélia Brossy, 21 ans, Uvrier (VS), assistante en soins et santé communautaire.
- Jérémie Droz, 21 ans, Blonay (VD), menuisier.
- Rémy Mornod, 21 ans, Villariaz (FR), constructeur métallique.
- Nicolas Ettlin, 18 ans, Cartigny (GE), web technologies.
- Loris Glauser, 22 ans, Moutier (BE), plâtrerie et construction sèche.