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Justice 

Homicide de Cheyres: les terribles aveux de l'assassin de Samantha

Aujourd'hui alors que le coupable a été condamné à la perpétuité ce mercredi 15 septembre 2021, nous vous reproposons cet article. Ils étaient tous les deux originaires de Genève mais le drame s’est joué sur les bords du lac de Neuchâtel: Richard Luis G., 21 ans, a tué la jeune Samantha, 19 ans, dans la nuit du 22 au 23 novembre 2018 à Cheyres (FR). Que s’est-il exactement passé ce soir-là? 
Les premières confessions du tueur aux policiers sont effrayantes 
et glacent le sang. Nos révélations.

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Samantha, 19 ans, inventait aussi des histoires. Elle devait semble-t-il beaucoup d’argent à son meurtrier. Ce dernier était aussi miné par des perversions inavouables. DR

Pendant plusieurs heures, enfermé dans son mensonge, il a nié l’évidence. Mais, confronté aux preuves accablantes, Richard Luis G., le dernier à avoir vu Samantha en vie, le 22 novembre 2017 à Cheyres (FR), a finalement craqué devant les enquêteurs fribourgeois.

Oui, c’est bien lui, le suspect numéro un, qui a porté ce soir-là au moins un coup mortel à la Genevoise de 19 ans aux beaux yeux bleus et aux longs cheveux châtains, avant de dissimuler son corps dans les marécages près d’une cabane de pêcheurs, le long du lac de Neuchâtel, à quelques dizaines de mètres de La Lagune, le restaurant où il travaillait. Un drame qui avait ému toute la Suisse romande après la découverte par un promeneur du cadavre, entravé et ligoté, le 17 janvier dernier. Le récit qu’en a livré depuis le jeune assassin, arrêté sur son lieu de travail deux jours plus tard, est particulièrement sordide, dévoilant les noires pulsions qui l’obsédaient et le hantaient de façon inavouable.

Un héritage en mensonge

Incarcéré à la prison centrale de Fribourg depuis le 19 janvier 2018, c’est un gamin âgé de 22 ans mais qui, de l’avis de tous ceux qui l’ont croisé, paraît plus vieux que son âge. De mère brésilienne et de père gruérien, ce Genevois originaire du Lignon travaillait comme aide-cuisinier dans le restaurant de son oncle, logeant dans un petit studio au premier étage. On le décrit comme un beau garçon faisant facilement tourner la tête des filles, toujours très calme et maître de lui-même, qui ne s’énervait jamais. Mais aussi quelqu’un, se souvient son entourage, qui n’aimait pas qu’on lui résiste et «qu’on lui dise non». Interrogé par des amis de Samantha partis à sa recherche peu après sa disparition, il reconnaissait alors avoir bien croisé la jeune femme la nuit de sa disparition, lui avoir juste donné 100 francs pour du cannabis puis l’avoir vue repartir… Mais la vérité était évidemment tout autre.

Le 22 novembre 2018, Samantha vivait ses toutes dernières heures. Vers 19 heures, elle avait retrouvé sa meilleure amie, Atoussa, dans le quartier de la gare Cornavin à Genève, le temps d’un café, et l’avait mise dans la confidence: elle devait se rendre à Cheyres (FR) pour «voir un copain» par le train de 21 h 47, direction Yverdon-les-Bains, tout en précisant qu’il ne s’agissait pas d’un petit ami. Avant de monter dans le wagon, elle lui avait glissé mystérieusement, comme un pressentiment: «Si je ne t’écris pas avant 1 heure du matin, c’est que quelque chose m’est arrivé.» A 23 h 02, elle répondait par SMS à sa maman, qui lui demandait quand elle serait de retour, qu’elle rentrerait «plus tard», sans en dire davantage, suivi de deux smileys souriants. Et envoyait encore un dernier message à son amie Atoussa: «Je suis à Yverdon, je viens de monter dans le train pour Cheyres.» Le train quittait alors le quai d’Yverdon à 23 h 03 et allait arriver dans le petit village fribourgeois à 23 h 13. Trois minutes plus tard très exactement, à 23 h 16, Samantha se connectait une dernière fois à sa messagerie WhatsApp, alors qu’elle venait à peine de retrouver l’homme avec lequel elle avait rendez-vous.

La suite, on la connaît désormais, du moins en partie, selon les déclarations de Richard Luis G. qui l’attendait cette nuit-là avec la ferme intention de mettre à exécution ses noirs desseins. Il veut en découdre avec cette amie qu’il connaît depuis l’école primaire et exiger des explications: depuis des semaines, la jeune femme le fait patienter pour un problème d’argent. Elle lui doit 900 francs qui lui ont été prêtés quelques mois plus tôt, mais beaucoup plus en fait au gré d’emprunts contractés au fil des mois. Il a même dû demander une avance de salaire à son employeur pour pouvoir lui faire cette avance. Mais elle ne le rembourse pas et l’emberlificote dans des explications fumeuses: elle doit toucher bientôt un héritage de plus de 1 million de francs, dit-elle, affirmant que sa maman est décédée, que les choses traînent avec le notaire, mais que tout va bientôt rentrer dans l’ordre. Mais il veut en avoir le cœur net. Car il a découvert le pot aux roses depuis plusieurs semaines déjà: Samantha n’a pas seulement une grand-mère chez qui elle loge parfois, mais aussi une maman, bien vivante, chez laquelle elle dort régulièrement. «J’ai compris que j’avais été mené en bateau», détaille-t-il. Son arme secrète alors doit d’abord être un appât: pour l’attirer à Cheyres, il lui a fait miroiter du haschich qu’il s’engage à lui fournir. Mais il cache sur lui une arme qu’il compte bien utiliser ce soir-là: un marteau, dissimulé dans la poche kangourou de son pull, acheté au début de l’été au Jumbo d’Yverdon.

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Un père d’origine fribourgeoise, à l’Hospice général à Genève, et une mère au chômage d’origine brésilienne, cadet de la famille avec deux grandes sœurs, Richard Luis G. connaissait sa victime depuis l’école primaire au Lignon (GE). Agé de 21 ans au…

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Abus sexuel?

A l’arrivée du train, ils se retrouvent en chemin et échangent probablement des banalités. Alors qu’ils arrivent à une petite plage, les choses vont dégénérer. Selon ses dépositions, Richard reproche alors à Samantha d’avoir tout inventé, la mort de sa mère, l’histoire de l’héritage. Placée devant l’évidence, elle ne donne pas d’explication. Elle a même un petit sourire que Richard interprète comme du «foutage de gueule». Son sang ne fait qu’un tour. Il lui avoue alors que l’histoire du shit qu’il doit lui remettre est aussi une invention. «Elle a compris la situation et qu’elle s’était fait avoir. Nous étions au bord de la plage et elle a rebroussé chemin en direction du camping», déclare Richard. Samantha tente de fuir mais elle est rattrapée par le dealer sur le petit chemin: «J’étais derrière Samantha et je lui ai porté un coup sur la droite de la tête, au-dessus de son oreille.» Elle crie, «un cri de douleur», précise son meurtrier, puis s’effondre sur le bord du chemin, basculant dans l’eau. «Elle marmonnait, explique-t-il, je ne comprenais pas ce qu’elle disait.» Les détails qui suivent sont sordides: il explique avoir ligoté ses bras et ses jambes avec des ligatures qu’il avait emportées avec lui, car il ne voulait pas «qu’elle gesticule de partout en cas de réveil». Puis il déplace Samantha à une dizaine de mètres de là, dans les roseaux. Il retourne chercher son sac à dos sur la plage. «Je ne sais plus si j’ai bu ou encore fumé sur place», lâche-t-il. Puis il s’en retourne dormir dans son studio, au restaurant La Lagune, à une centaine de mètres des lieux de son crime.

Pourquoi avoir utilisé un marteau? s’interrogent les enquêteurs. «Je ne voulais pas utiliser mes mains car elle allait se débattre, crier. Pour cette raison, j’ai pris le marteau avec l’intention de l’assommer et après j’aurais pu avoir des explications de sa part», répond-il. Déclarant encore: «Je n’ai jamais eu l’intention de tuer Samantha, même si mon but initial était de l’assommer pour obtenir la vérité.»

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Ses amis et ses proches la décrivent comme «toujours enjouée, souriante», «la main sur le cœur», «prête à aider les autres». Au moment de sa mort tragique, elle était à la recherche d’un travail et semblait vivre de petits trafics.

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Pas de préméditation, vraiment? Alors comment expliquer ce plan des environs de La Lagune et de la gare de Cheyres, contenant des heures écrites à la main, retrouvé chez lui? L’assassin s’emmêle dans des justifications abracadabrantes mais reconnaît bien en être l’auteur. Comme il biaise quand on lui demande pourquoi Samantha a été retrouvée le bas du corps dénudé. «Je n’ai pas d’explication», déclare-t-il, certifiant ne lui avoir enlevé ni son pantalon ni son slip.

Mais les enquêteurs soupçonnent un autre mobile, beaucoup plus enfoui, inavouable même. Pour eux, cette histoire d’argent et de faux héritage, dont le jeune homme avait découvert que c’était un mensonge depuis plusieurs mois, ne paraît guère tenir la route. Et si Richard avait été amoureux en secret de Samantha? Une jeune femme qui se refusait depuis longtemps à lui, ayant décliné ses avances à de nombreuses reprises. Plusieurs messages échangés entre les deux protagonistes paraissent accréditer cette version. Les questions de la police fusent.

En outre, différents objets sexuels sadomasochistes ont été également retrouvés lors d’une perquisition dans son studio. Il avoue alors «certains sentiments» pour Samantha, avoir dormi «à trois reprises avec elle» mais qu’il ne s’était jamais rien passé entre eux. Il a rompu avec sa petite amie officielle depuis peu, entretient une autre relation intime avec une employée saisonnière du restaurant où il travaille. Richard Luis G. consulte aussi régulièrement des sites «pédopornographiques», mais il est aussi fétichiste des pieds féminins et il a un fantasme inavouable dont il avait parlé par SMS à Samantha. Mais il jure ne l’avoir pas pratiqué ce soir-là avec sa victime une fois assommée: «On était au mois de novembre, au bord du lac, il faisait froid. Je ne vois pas comment j’aurais pu faire cela dans ce contexte. J’avais bu, c’était le stress, je savais qu’au bout du chemin, dans le camping, il y avait quelqu’un car il y avait de la lumière. De plus, j’étais presque sûr que quelqu’un avait entendu le cri de Samantha. Bref, j’avais mieux à faire que ce que vous supposez…»
Le procès de Richard Luis G. ne devrait pas s’ouvrir avant plusieurs mois à Fribourg. La question du mobile du crime sera assurément au cœur des débats. Le jeune assassin, vénal ou pervers, ou les deux, risque la prison à vie.

Les dernières minutes

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Jean Revillard/Rezo.ch
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Jean Revillard/Rezo.ch

1.Gare de Cheyres
23 h 13: Arrivée de Samantha par le train régional en provenance d’Yverdon-les-Bains. A 23 h 16, elle se connecte une dernière fois à WhatsApp. Richard G. a du retard, elle marche seule en direction du restaurant Chez Anny.

2. Chez Anny
Selon les déclarations de Richard G., ils se retrouvent à proximité de ce restaurant, à l’intersection de la route principale, et cheminent ensemble vers le bord du lac.

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Jean Revillard/Rezo.ch

3. Dispute à la plage de Cheyres
Environ 23 h 30. Une dispute éclate entre Samantha et Richard sur la petite plage. Elle part seule, à la lumière de la lampe de poche de son portable, poursuivie par son ami.

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Jean Revillard/Rezo.ch

4. Le chemin du crime
Peu avant minuit, Richard assène un coup de marteau fatal à la tête de Samantha, qui s’effondre sur le chemin.

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Jean Revillard/Rezo.ch

5. Marécages
Le meurtrier tire le corps de sa victime vers des marécages et l’abandonne dans des roseaux. Il sera retrouvé par hasard par un promeneur le 17 janvier 2018.

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Jean Revillard/Rezo.ch

6. Le lieu de travail
Durant la nuit, le meurtrier rejoint son studio dans le restaurant La Lagune, où il travaille, après avoir fumé du shit et bu près du cadavre. Il sera arrêté sur son lieu de travail le 19 janvier 2018.

Par Arnaud Bédat publié le 24 septembre 2018 - 08:37, modifié 18 janvier 2021 - 21:00