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Thomas Veillet: «L’année 2023 pourrait être un peu plus joyeuse que 2022»

La grande histoire de la bourse ne mentionne que deux années pourries consécutives. Déchargé du fardeau des taux négatifs, venir ou revenir sur le marché des actions pourrait être intéressant en 2023. L’analyse de Thomas Veillet, chroniqueur financier, Investir.ch.

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Thomas Veillet

Thomas Veillet est chroniqueur financier sur investir.ch.

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Après chaque année boursière «horribilis», il y a (heureusement) une nouvelle année boursière qui suit. En général, nous sommes déprimés et nous n’avons plus vraiment envie de prendre des risques. Après la folie de la période covid, post-covid et la distribution de cash mise en place par les banques centrales, nous avons soudainement et brutalement vécu un retour à la réalité. En l’espace de douze mois, nous avons appris que l’inflation, ça existe – surtout quand il y a (en plus) une guerre aux portes de l’Europe. Que pour lutter contre l’inflation, il faut monter les taux. Et que, lorsque l’on monte les taux, ça ralentit l’économie et nous risquons – assez logiquement – de nous retrouver en pleine récession dans les mois qui viennent. Nous avons également appris que la cryptomonnaie n’est pas forcément la solution idéale pour faire fortune, contrairement à la croyance fortement répandue il y a encore deux ans, et que les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), qui ne faisaient que monter, montent beaucoup moins bien en période de hausse des taux. En revanche, la bonne nouvelle, parce qu’il en faut toujours en début d’année, c’est plutôt DEUX bonnes nouvelles. 

La première bonne nouvelle, c’est que l’inflation est largement mieux maîtrisée en Suisse que chez nos voisins européens ou chez nos amis américains. L’atterrissage devrait donc se faire de façon plus douce. 

La seconde bonne nouvelle, c’est que, dans l’histoire boursière, il est extrêmement rare de vivre deux années pourries consécutives. Ce n’est arrivé que deux fois en fait. La première, durant la grande dépression et la seconde durant la guerre de 1939-1945. Donc, si l’on part de ce précepte, il semblerait que 2023 pourrait être un peu plus joyeuse que 2022, et cela même si le consensus parie sur un début d’année pourri avec un retour en grâce en seconde partie d’année. On sait ce que vaut le consensus, 2022 aura marqué une efficacité de la part des analystes boursiers qui aura frisé le néant. 

Que fait-on alors? La question que l’on peut se poser est donc la suivante: je fais quoi de mon argent cette année?

Voici quelques éléments de réponse qui doivent tous être évalués en fonction de la situation de chacun:

Les actions suisses (30%) 

L’univers des actions est extrêmement vaste. Il faut tout d’abord prendre en considération votre besoin et votre envie de vous exposer en monnaies étrangères. Il est évident que si vous ne comptez plus quitter la Suisse durant les trente prochaines années, restez investis en francs suisses et oubliez les actions étrangères. En revanche, si le fait de bouger sur la planète ne vous rebute pas, n’hésitez pas à diversifier. Le monde des actions suisses est parfois assez étroit et manque d’originalité. Si vous devez investir en Suisse et que votre expérience est limitée en termes d’investissements, je vous recommande d’acheter un ETF ou un fonds de placement qui couvre le marché suisse. L’ETF vous permettra de traquer point par point l’indice helvétique – le SMI – et le fonds de placement vous permettra de laisser les commandes à un gérant expérimenté qui fera les choix à votre place. Si vous devez acheter cinq actions en Suisse, n’oubliez pas qu’en achetant Roche, Novartis et Nestlé vous aurez déjà une très bonne réplique de l’indice suisse, les banques ne représentant plus grand-chose dans le SMI depuis bien longtemps. 

Les actions étrangères (30%) 

Même problématique que la Suisse: le choix, mais en pire. En pire, parce qu’il y a tellement d’actions dans lesquelles je voudrais investir et pas assez d’argent pour tout acheter. Il faudra noter que ces dernières années, c’est surtout les «thématiques» qui ont eu le vent en poupe. Les investisseurs misent sur des paniers d’actions qui représentent la même industrie ou le même secteur d’activité. On l’a vu récemment avec le boom des actions pétrolières ou encore avec les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), il y a un peu plus de dix-huit mois. Il vous faudra là encore – diversifier – prendre une moitié dans des actions de croissance (généralement de la techno) et une partie en actions de sociétés un peu plus plan-plan qui paient des dividendes. Là aussi, au vu du choix et à moins que vous ne soyez expert en stock picking, je privilégierais des ETF ou des fonds qui répliquent ce genre de thématique. 

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«L’inflation est largement mieux maîtrisée en Suisse que chez nos voisins européens ou chez nos amis américains.», Thomas Veillet.

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ETF et fonds de placement 

Je pense que si vous voulez investir ET pouvoir dormir la nuit, il vous faudra privilégier ce genre de produits plutôt que de vous concentrer sur des actions individuelles – faites attention, parce que si vous achetez un ETF sur le SMI et que vous achetez des bons Roche, des actions Novartis et des actions Nestlé, il y aura double emploi. J’aurais donc tendance à investir 30% de mon capital dans un fonds de placement géré en Suisse. Puis 15% de mon capital dans un ETF croissance aux Etats-Unis et 15% d’un ETF basé sur les dividendes mondiaux. Le fonds de placement ou l’ETF est un excellent moyen de diversifier son investissement et de limiter les risques. Si vous voulez absolument faire 300% de performance sur votre portefeuille en 2023, arrêtez de lire cet article, vous perdez votre temps. 

Les obligations (40%) 

Investir dans les obligations est un métier. Je déconseille donc fortement de vouloir le faire soi-même en choisissant des obligations en fonction de leurs ratings ou de leurs coupons. Choisissez deux ou trois fonds obligataires et laissez faire le gérant. Ne touchez pas aux ETF obligataires à moins de maîtriser le sujet. Privilégiez des fonds gérés par des experts. La question qui peut venir se poser ensuite est de savoir si vous voulez investir dans des obligations d’Etat ou d’entreprise. Personnellement, je n’ai aucune confiance en la dette d’aucun Etat – à la limite la dette suisse, mais qui ne rapporte rien. Mais le reste n’est que surendettement et dépassement de budgets. Mon choix se porterait donc uniquement sur les obligations d’entreprise, mais via des fonds de placement. 

Les métaux précieux et les matières premières (0-10%) 

Personnellement, si vous n’êtes pas un expert, je ne toucherais pas les matières premières. Beaucoup trop complexe, dangereux et volatil pour les non-initiés. Les produits qui vous permettent d’y accéder sont trop chers, mal ficelés et ne vous apporteront que frustration et déception. Pour ce qui est des métaux précieux, le consensus dit que l’argent devrait exploser en 2023 – comme il le disait en 2022 et encore l’année d’avant. Je reste donc méfiant. Et pour terminer, il y a l’or. L’or est un immense débat. D’un côté vous avez ceux qui parlent de fin du monde et qui veulent avoir de l’or physique pour le jour où le capitalisme se sera effondré et que ça sera la seule monnaie d’échange qui nous restera – si c’est votre scénario, je vous recommande d’acheter de l’or physique pour le stocker dans votre jardin, parce que le laisser à la banque ne vous servira à rien. Le jour où le capitalisme s’effondrera, le premier truc qui ne rouvrira pas, c’est votre banque. Dans le cas où l’or est un investissement, vous pouvez acheter des ETF qui sont garantis par de l’or physique, mais je dois dire que je ne m’attends pas à des performances stratosphériques du métal jaune. Il n’est visiblement plus considéré comme une protection contre l’inflation et si la croissance repart et les taux baissent, plus personne n’en voudra. 

L’immobilier 

En Suisse, l’investissement immobilier se fait généralement par l’acquisition d’un bien. En 2023, il faudra surveiller la hausse des taux, qui peut s’avérer perverse. Il est également possible d’investir dans des fonds immobiliers, mais en faisant toujours très attention au fait que les valorisations de ce genre de choses sont toujours très aléatoires. Personnellement, je me contenterais de mon bien immobilier personnel et n’irais pas forcément mettre les pieds dans le secteur, surtout quand les taux vont dans tous les sens. 

Les assurances 

Si vous avez des assurances vie, c’est un peu comme si vous aviez un portefeuille diversifié et équilibré sur le long terme. Ne vous prenez pas la tête et n’essayez pas d’en tenir compte dans votre revue de vos investissements pour l’an prochain. 

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La grande histoire de la bourse ne mentionne que deux années pourries consécutives.

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Les cryptomonnaies

Sur ce sujet-là, il faudrait au moins un article de dix pages pour en parler. Mon conseil, si vous avez une somme d’argent que vous êtes prêt à perdre, vous pouvez choisir quelques cryptomonnaies – je dirais l’ethereum en tête – et miser là-dessus. Pour le reste, je ne m’aventurerais pas à donner des conseils sur le sujet après l’année «horribilis» que l’on vient de vivre. Je dirais simplement que la crypto et la blockchain font dorénavant partie de nos vies et qu’il va falloir s’y habituer. Les choses vont se mettre à plat et se réglementer progressivement. Il y aura donc de l’argent à faire dans le futur, mais il faudra aussi avoir fait ses devoirs en amont pour savoir dans quoi nous investissons.

Le cash

On dit par moments que le cash est roi... Avec une récession qui arrive, une inflation qui n’est pas encore calmée et les banques qui vont être naturellement moins «prêteuses» quand les choses vont mal, il semble intelligent de garder une part de cash de côté pour pouvoir s’en sortir en cas de coup dur. 


Avec 1000 francs, je fais quoi ? Les réponses de Thomas Veillet

30% sur les actions suisses via un fonds d’investissement spécialisé et un ETF sur le SMI

15% sur les actions étrangères via un fonds ou un ETF sur les valeurs de croissance aux Etats-Unis

15% sur les actions étrangères via un fonds ou un ETF sur les valeurs qui paient des dividendes au niveau mondial

30% sur les obligations d’entreprise via deux ou trois fonds spécialisés (mondial)

5% sur l’or et/ou l’argent via des ETF garantis par des métaux physiques

5% en cash

Par Christian Rappaz publié le 30 janvier 2023 - 09:34