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Thomas Wiesel: «L'UDC n'a pas fait ses devoirs (de mémoire)»

La chronique de Thomas Wiesel, humoriste en télétravail, consacrée cette semaine au couac de communication de l'UDC zurichoise.

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VALENTIN FLAURAUD / VFLPIX.COM

Les temps sont durs pour l’UDC. Une déconvenue dans les urnes aux élections fédérales de l’automne, une recherche désespérée d’un nouveau président pour remplacer Albert Rösti, qui aura plus marqué par son nom amusant que par ses succès politiques, un scandale national soulevé par la demande de rente de Christoph Blocher, le parti du soleil qui sourit a plutôt tendance à tirer la grimace ces temps-ci.

Dans ce contexte, la campagne sur l’initiative pour une immigration modérée, dite «Initiative de limitation», devait permettre de redonner un peu de pêche au premier parti de Suisse, en retournant à ses premières amours: les initiatives sur l’immigration. J’ai 31 ans et j’ai l’impression d’avoir déjà vécu 142 initiatives similaires émanant toujours des mêmes, à tel point que j’hésite à lancer la récolte de signatures pour une initiative contre les initiatives contre l’immigration.

Cette fois-ci, le terrain ne semble a priori pas très favorable à la campagne des UDC, qui peinent à se faire entendre. Le coronavirus a tout chamboulé, le scrutin est repoussé en septembre, les frontières ont longtemps été fermées, la collaboration internationale a été essentielle dans la lutte, rendant le discours habituel de la peur de l’étranger et du repli sur soi moins audible que les douze dernières fois qu’on nous l’a servi. Les soupes réchauffées sont parfois meilleures que la première fois, mais elles finissent toujours par se périmer quand même.

Heureusement, la section zurichoise de l’UDC a dégainé un argument compatible avec les préoccupations historiques du parti et celles du peuple post-Covid: l’immigration continue entraînerait une bétonisation de la Suisse. Voilà qui en bouchera un coin aux bobos écolos si prompts à critiquer les méchants UDC! Ni une ni deux, un visuel est préparé et bombardé sur tous les réseaux de la section. Il fait immédiatement beaucoup réagir. Malheureusement, c’est moins pour la qualité de l’argumentaire que pour le choix de l’illustration. En cliquant «béton» dans une banque d’images, le graphiste agrarien a choisi une image représentant certes du béton, mais celui du mémorial de l’Holocauste de Berlin. Oups.

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A droite, l'affiche de l'UDC qui a fait polémique. A gauche, les propositions irrévérencieuses de Thomas Wiesel.

Dans le mea culpa qui a vite suivi la suppression des posts, le secrétaire de la section explique avoir davantage vérifié l’orthographe que le visuel. Peut-être sommes-nous trop durs, c’est vrai que si on juge l’affiche selon les mêmes critères qu’un devoir d’un élève de secondaire, pas de fautes d’orthographe, il aurait eu la moyenne en allemand. Mais pas en histoire. Et encore moins en histoire allemande.

A l’heure où dans les partis nationalistes la plupart des scandales ont plutôt tendance à être liés à des membres qui sont très connaisseurs et nostalgiques de la politique allemande des années 40, c’est presque rafraîchissant d’avoir une polémique liée à l’ignorance de cette période et de son héritage.

Et comme j’imagine que l’UDC zurichoise est à la recherche d’un nouveau graphiste, et qu’en attendant le versement des millions de la rente de Blocher on compte chaque centime car les coffres sont à sec, j’offre généreusement les deux prochains visuels de campagne (ci-dessus), réalisés en tapant «air pollué» et «transports bondés» dans des banques d’images. De rien.


 

Par Thomas Wiesel publié le 29 juillet 2020 - 09:16, modifié 18 janvier 2021 - 21:12