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La chronique

Quand Thomas Wiesel fait du sport, ça fait «Potch»

Dans sa chronique «Le coup de sifflet final» qu'il tient pour Sport, l'humoriste Thomas Wiesel montre qu'il a sa petite idée sur la question. Il faut dire qu'à force de hanter les stades et poursuivre les athlètes jusqu'en Afrique du Sud...

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La chronique de Thomas Wiesel dans le supplément Sport de L'illustré. Eddy Mottaz / Le Temps

Par un heureux hasard d’agenda, je me suis retrouvé en Afrique du Sud en même temps que Lea Sprunger et consorts pour leur camp d’entraînement. Ayant deux jours libres dans mon planning, après lui avoir lancé un message pour demander si l’équipe était prête à accueillir un nouvel athlète à haut potentiel, je m’embarque direction Potchefstroom (ça se prononce comme ça s’écrit, et c’est bien ça le problème).

Juste après être arrivé, c’est direction la salle de musculation de l’université locale. Lea: «Tu fais tout comme moi, OK?» Facile à dire, mais la plupart des exercices demandent une coordination et une puissance que mon corps n’a pas été capable de fournir jusque-là, en vingt-neuf ans. Donc j’essaie de faire tout comme Lea, enfin presque, j’enlève à chaque fois quelques dizaines de kilos après son passage, la fierté ce sera pour une autre fois, l’objectif plus pressant étant d’éviter l’hosto.

Les autres athlètes, qui viennent des quatre coins de l’Europe, s’interrogent sur ma présence et mon identité, une sprinteuse allemande me demandant tout haut ce qu’ils pensaient tous tout bas: «Excuse me, but who are you exactly?» En gros, on sait pas qui t’es, mais on t’a vu faire les exercices, donc on sait que t’es pas un athlète.

Le lendemain, entraînement de course. Je vois Lea s’échauffer et franchir les haies comme si elles n’étaient pas là. Comme je tiens à préserver l’intégrité de mes ischio-jambiers, et l’intégralité de mon appareil génital, je vais plutôt m’entraîner avec les sprinteuses du 100 mètres plat.

Trois couloirs pour quatre

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Thomas Wiesel juste derrière Lea Sprunger... Juliette David

Ma coach du jour sera Ajla Del Ponte, deuxième Suissesse la plus rapide de l’histoire sur 100 mètres. Après un échauffement pour constater ma souplesse à faire pâlir d’envie les contorsionnistes du Cirque de Pékin, on entame des séries de sprints sur 120 mètres.
Coach Ajla: «Ah! mince, on est 4 et y a que 3 couloirs.» Moi: «Ouais, on peut partager le même couloir, je pense qu’après deux foulées y aura pas vraiment de risques qu’on se bouscule.»

J’avais pas tort. Imaginez trois sprinteuses arriver en trombe à l’arrivée, comptez 1 Mississippi, 2 Mississippi dans votre tête jusqu’à 5, et là y a un pachyderme en bout de course qui trébuche vers l’arrivée. Six fois de suite.

J’ai rarement autant ri en m’humiliant. Rajoutez coach Laurent Meuwly qui corrige ma foulée avec autant de sérieux que si j’étais un de ses athlètes olympiques, le physio Georges Kapsopoulos qui me donne des exercices de stretching (pas suffisant, j’ai failli demander la chaise roulante à l’aéroport le lendemain) et les autres athlètes qui m’imitent en train de courir, et vous comprendrez que j’ai eu la carrière la plus courte et la plus drôle de l’athlétisme suisse.

Ces sportifs, qui la veille me regardaient avec méfiance, riaient de bon cœur avec moi, bon OK, de moi. La preuve que le rire abat les barrières, même celles de la langue. Il s’avère que je suis lent en français, en anglais, en afrikaans, en finnois, en espagnol et en suisse-allemand.


Par Thomas Wiesel publié le 27 juin 2019 - 14:39, modifié 18 janvier 2021 - 21:04