Au-dessus de Rossinière et du chalet de Balthus aux 113 fenêtres, les pentes sont sévères. Difficile d’imaginer aujourd’hui les épreuves que le dénommé Anton Rössli a dû affronter en s’installant dans un endroit aussi escarpé. Au milieu du XIXe siècle, quand ce hardi Lucernois est arrivé dans le Pays-d’Enhaut, le lieu ne proposait qu’une suite d’éboulis et de raides pâturages, ainsi qu’une modeste habitation avec une étable. Mais l’agriculteur s’est accroché; il est resté là et a construit en 1857 une ferme de montagne sur un replat, à exactement 1374 mètres d’altitude. Un peu plus de cent cinquante ans plus tard, une partie de ces plantations en terrasses ensoleillées revit, et de belle manière. Pour les atteindre, le promeneur doit accepter de transpirer sur des raidillons, alors qu’un monorail achemine le matériel. Il serpente dans les arbres et sa verticalité procure son lot de frissons.
Puis voici le Jardin des Monts. C’est un coin de paradis dans un monde alpin idyllique, une oasis de senteurs et de couleurs. Il est cultivé en agriculture biologique et il y pousse des plantes médicinales et aromatiques, dont s’occupe depuis neuf ans et en s’inspirant de principes biodynamiques l’horticulteur André Mottier, responsable des cultures, toujours émerveillé de ce qu’il vit là-haut au quotidien.
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Charlotte Landolt, quadragénaire vive et passionnée, est à l’origine de ce projet entamé en 2009. Elle écoute le jardinier en froissant de la menthe poivrée entre ses doigts. «Cet arôme, ce parfum: n’est-ce pas incroyable?» demande-t-elle, elle qui a grandi dans le nord-est du Brésil, dans l’exploitation agricole biologique de son père. Après un apprentissage d’horticultrice à la ville de Lausanne à 16 ans, elle met ici en pratique son amour pour les plantes aromatiques et médicinales. «Elles ont un côté magique, elles n’ont pas de limites. Nous les avons replantées autour du chalet, comme cela se faisait sans doute à l’époque.» C’est son père, l’agriculteur, industriel et baroudeur Pierre Landolt, qui a eu un coup de cœur pour l’endroit. En 2005, il a eu l’occasion d’acquérir auprès de la commune de Rossinière les 40 hectares de cet alpage du Mont. Depuis les années 1930, il n’était ni habité ni exploité, à l’exception d’un berger qui y passait l’été. La maison, appelée «Arche de Noé» par les habitants, car elle semble se balancer comme un bateau sur des vagues de pierre abruptes, était presque en ruine.
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