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Xenia Tchoumi, miss libre et amoureuse

Economiste, influenceuse, dauphine de Miss Suisse 2006, Xenia Tchoumi est aussi ambassadrice de l’ONU pour les objectifs de développement durable concernant l’égalité des sexes. Mais c’est avant tout une femme libre et amoureuse qui se confie.

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Xenia Tchoumi en tenue Alberta Ferretti by Jelmoli, sandales Hermès. Assistante photo: Olivia Pulver; mise en beauté: Jehan Radwan; stylisme: Kim Dung Nguyen. Remerciements à l'hôtel Eden Roc, Ascona. Joseph Khakshouri

Elle sillonne le monde pour son travail et c’est à Londres que Xenia Tchoumi, Suissesse d’origine russe, s’est établie. Pour ce shooting, l’influenceuse (1,6 million de followers sur Instagram) a pourtant choisi de retourner au Tessin, là où elle a grandi, à Lugano, où vit toujours sa maman.

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Xenia, avec un chapeau de sa collection personnelle. Joseph Khakshouri

- Quel est le plus grand malentendu à votre propos?
- Xenia Tchoumi: Que je vivrais dans le luxe et que cela définirait toute ma personnalité.

- Est-ce que cela vous énerve que l’on vous réduise toujours à votre condition de femme?
- Non, je crois que c’est très bien. Je ne peux parler que de ce que je connais par expérience. C’est clair que le fait d’être cataloguée m’affecte, mais cela me motive aussi. Vous savez, depuis quelques mois, je suis ambassadrice de l’ONU pour une croissance économique durable. Nous avons 17 objectifs que nous voudrions atteindre, parmi lesquels l’égalité entre les genres.

- Pourquoi ce thème vous importe-t-il?
- Les femmes restent toujours discriminées, mais elles se sabotent aussi elles-mêmes. Femmes et hommes feraient bien de se demander avec un peu d’autocritique quels préjugés ils ont en eux et lesquels ne sont pas admissibles. Il y a encore beaucoup de sexisme et de discrimination. Je parle ici des pays occidentaux. Nous croyons être ouverts et que ça ne se passe pas chez nous. Erreur! Je suis membre d’un club exclusif à Londres où j’ai invité mon avocat à dîner. On lui a automatiquement tendu la note. C’est très impoli et cela montre qu’on attribue des rôles en fonction des sexes. C’est pourquoi j’essaie d’en parler le plus souvent possible.

- Subissez-vous souvent du sexisme?
- Bien sûr, mais de façon diffuse. Quand on me demande: «Qui paie vos voyages?», c’est déjà du sexisme. Hé, c’est quoi cette question? On ne la pose pas aux hommes. Mais la question émane aussi de femmes. On nous considère souvent comme un objet qui appartient à un homme et on nous réduit au qualificatif de «sexy». C’est tellement énervant! Pourquoi une femme ne pourrait-elle pas être à la fois sexy et autonome? Tu peux être l’un et l’autre. Tu peux tout être!

- Vous êtes féministe?
- A cent pour cent! Quand j’étais enfant, mes parents me disaient: «Un jour, tu épouseras un homme riche.» Une mentalité typiquement russe. Cela m’a tellement mise en colère. «Pourquoi? Pourquoi devrais-je épouser quelqu’un? Et si ça se trouve, c’est moi qui serai la personne riche.» J’avais 10 ans.

- Et apparemment précoce...
- Même mes parents ne savent pas d’où je sors. Ma mère me disait récemment qu’elle en discutait avec mon père: «Tu vois, nous devons admettre que notre fille est spéciale, qu’elle sort de l’ordinaire. Nous devons accepter qu’elle soit différente de nous et l’aimer pour ce qu’elle est.» Enfin!

- Vous êtes-vous sentie délaissée par vos parents?
- Non, mais il y avait des malentendus entre nous, car j’ai manifestement une autre mentalité. Je crois qu’autrefois nous parlions en quelque sorte une langue différente. Mais c’était il y a longtemps. Depuis lors, ma mère sait qui je suis et elle est fière de moi. Elle m’a même offert une photo au dos de laquelle il est écrit: «Derrière une femme qui réussit, il y a la femme elle-même.»

- Il n’y aura donc pas de mariage avec un type riche?
- Elle l’a accepté. Et elle n’insiste pas sur la question du bébé, quand bien même depuis un an et neuf mois je suis amoureuse d’une belle personne.

- Votre métier est-il conciliable avec une union?
- Oui, d’ailleurs nous vivons ensemble. S’il était du genre jaloux, ce serait compliqué. Mais la jalousie n’entre pas en ligne de compte si c’est la bonne personne.

- Vous n’êtes donc pas jalouse?
- Si! (Elle rit.) Mais j’essaie de contrôler. Ne vous méprenez pas. Je lui laisse beaucoup de liberté mais, dans ma vie, je contrôle en général tout. C’est dans ma nature.

- Votre compagnon sait-il danser?
- Il danse, mais plutôt pour me faire plaisir. Comme moi, il vient de trois cultures différentes. Mais les siennes n’ont définitivement rien à voir avec les miennes, au contraire. De nous deux, c’est moi la lunatique. Mais il me ramène complètement sur terre, car je suis cinglée: un vrai feu d’artifice.

- Et il est féministe?
- Très. Il montre du respect pour les femmes. Il ne ferait jamais une remarque désagréable à une femme parce qu’elle s’habille de manière sexy. Il ne la regarderait jamais d’un air macho. C’est un homme ouvert et moderne. J’aime beaucoup ça.

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«Une photo en dit beaucoup, mais pas qui je suis vraiment. Bien des gens pensent que ma vie est parfaite. Ça m’énerve, car ce n’est pas le cas.» Joseph Khakshouri

Par Aurelia Robles/Schweizer illustrierte publié le 30 août 2019 - 15:25, modifié 18 janvier 2021 - 21:05