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«J’ai toujours pensé qu’il était hors de question que je devienne fermier»

De la viande issue de l’élevage sous la mère à la production de miel: chez Nicole et Thomas Anliker, le bien-être animal et la biodiversité sont fondamentaux.

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27.04.2021; Muhen; Thomas + Nicole Anliker-Lüthi - Lottenhof; Bauer Thomas Anliker auf dem Weg zur Weide zu den Kühen und Ziegen. © Valeriano Di Domenico
Valeriano Di Domenico

La route vers la colline longe des bouleaux, des pommiers, et des prés parsemés de pâquerettes. En haut se dresse le Lottenhof, d’où s’étend la vue sur la vaste vallée du Suhrental. À deux pas du colza en fleur, les chevaux islandais se prélassent dans l’écurie ouverte. Un aboiement retentit lorsque la voiture s’arrête: la chienne Bailey, croisée avec un Bouvier d’Appenzell, manifeste sa méfiance. «C’est bon», lui lance Thomas Anliker, propriétaire du Lottenhof. «Elle a un tempérament fougueux.» 

27.04.2021; Muhen; Thomas + Nicole Anliker-Lüthi - Lottenhof; Thomas + Nicole Anliker-Lüthi spazieren mit ihrem Hund auf dem Hof. © Valeriano Di Domenico

Nicole et Thomas Anliker ont toujours quelque chose à faire. La ferme bio du Lottenhof doit aussi être rentable.

Valeriano Di Domenico

En revanche, la ferme bio située à Muhen, en Argovie, semble bien tranquille, pour ne pas dire idyllique. «Quelle belle journée», s’exclame Thomas Anliger en admirant la cour baignée de soleil. Il vit ici depuis l’âge de deux mois. À l’époque, ses parents ont repris la gestion de la ferme, puis sont devenus locataires. Il n’était pas évident que lui, qui voulait d’abord devenir boulanger, reprendrait un jour la ferme et ses 32 hectares de terrain. «J’ai dû beaucoup aider étant enfant. Et j’ai toujours pensé qu’il était hors de question que je devienne fermier.» Cela fait pourtant seize ans qu’il tient l’exploitation avec sa femme Nicole. Lorsqu’il a repris le bail, il a transformé la ferme conventionnelle en une ferme bio. «Je n’ai jamais été fan des aliments concentrés, des engrais chimiques ou des pesticides de synthèse.» Tout ce qu’il voulait, c’était le bien-être des animaux et de la nature. 

27.04.2021; Muhen; Thomas + Nicole Anliker-Lüthi - Lottenhof;  © Valeriano Di Domenico

Depuis la rénovation, les cochons ont plus d’espace pour vivre et se dégourdir les pattes.

Valeriano Di Domenico

On entend alors un couinement qui vient de la porcherie. Thomas Anliker l’a rénovée il y a quelque temps déjà avec son père. Depuis, les cent cochons ont plus d’espace pour vivre et se dégourdir les pattes. Un groin apparaît au-dessus de la clôture. L’agriculteur bio rit: «Ils sont curieux.» Les animaux arrivent avec un poids d’environ 20 kg et repartent lorsqu’ils en pèsent 120. Soit environ trois à quatre mois après. «Plutôt quatre, parce qu’ici, ils bougent beaucoup.» Il livre chaque année 200 cochons au label Naturaplan. Leur offrir une belle vie pendant leur passage dans sa ferme, telle est sa mission.

Naturel. Juste. Bon.

Les directives strictes de Bio Suisse s’appliquent à l’ensemble de la ferme. Les animaux reçoivent de la nourriture bio et sont élevés en petits troupeaux. Ils disposent d’une étable respectueuse de leur bien-être ainsi que des périodes de parcours régulières. À partir de 2022, les ruminants (vaches, moutons, chèvres) ne pourront plus qu’être nourris aux aliments provenant d’exploitations 100% suisses et munies du Bourgeon. Des institutions indépendantes contrôlent les fermes bio au moins une fois par an.

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Thomas Anliker parle de plus en plus fort tandis que le beuglement des vaches va crescendo. Leur étable du côté nord de la ferme est un grand bâtiment ouvert des deux côtés avec un toit incliné. Elle a été construite lorsque le Lottenhof est passé de l’élevage laitier à l’élevage sous la mère. Après la naissance, les veaux des 23 vaches restent environ dix mois aux côtés de leur mère. La viande de la moitié d’entre eux est vendue à Coop. L’autre moitié de la viande bio est destinée à la vente directe. Les vaches mères restent entre neuf et dix ans à la ferme. 

27.04.2021; Muhen; Thomas + Nicole Anliker-Lüthi - Lottenhof; Bauer Thomas Anliker auf dem Weg zur Weide zu den Kühen und Ziegen. © Valeriano Di Domenico

Thomas Anliker favorise l’élevage sous la mère: après la naissance, les veaux de ses 23 vaches restent environ dix mois auprès de leur mère.

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«Voici Brenda», présente Thomas Anliker. Brenda est couchée sur la paille, à côté d’un taureau reproducteur à l’allure imposante. «Ramses. Il est très gentil.» Avec ses vaches, le lien se crée facilement. «Si une vache a une mise bas difficile ou si un veau n’est pas en forme, ça nous touche.» Mais il ne reste pas indifférent non plus à un cochon qui ne va pas bien, ou à un animal qui meurt soudainement. Il les aime, ses bêtes, même s’il n’est pas du genre à cajoler ses cochons ou ses vaches en permanence.

De toute façon, il n’a pas le temps. Une ferme bio aussi doit être rentable. Il n’y a pas un moment où il ne se passe pas quelque chose. Épandre le fumier, nourrir, faire les foins, ensiler, clôturer, réparer les machines, faire du bois et, bien sûr, s’occuper de l’administration. «Lors des contrôles, je dois prouver que les animaux sont bien traités. Les périodes de parcours et de pâture et les bilans de nutrition doivent être consignés avec précision.» 

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Le domaine de sa femme Nicole, ce sont les chevaux et les cours d’équitation. «Mais nous nous entraidons autant que possible.» Sinon, ça ne fonctionnerait pas. Ses trois enfants aussi doivent parfois mettre la main à la pâte. Outre les vaches, les chevaux, les cochons et les poules, la famille Anliker a aussi des chèvres, des lapins, des chats, et même des ruches qui produisent du miel. Le Lottenhof ne vit toutefois pas que de l’élevage animal. La boutique propose aussi de la farine d’épeautre, des confitures, des sirops, du moût et des asperges, le tout issu de la propre production de l’exploitation. «Lorsqu’on me demande ce que nous faisons, je suis moi-même parfois surpris de la longue liste», avoue l’agriculteur bio. 

Cette diversité apporte beaucoup de joie. Bailey, la chienne de la ferme, s’approche à nouveau, tout à fait détendue cette fois. «La variété et la biodiversité font aussi partie de ma perception de l’agriculture et de l’élevage biologiques, poursuit Thomas Anliker. En plus du bien-être animal, bien sûr.» Bailey, qui se laisse volontiers caresser maintenant, semble d’accord.

Cinq questions à Cesare Sciarra, responsable du service «Contrôles protection des animaux» de la PSA
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En quoi consiste la collaboration entre Coop et le service «Contrôles protection des animaux» de la PSA?
Nous conseillons Coop en matière de protection des animaux. Ensemble, nous élaborons des directives d’élevage ou fournissons celles propres à la PSA. Nous effectuons aussi des contrôles. 

De quel genre de contrôle s’agit-il?
Au moins une fois par an, nous contrôlons de manière spontanée des exploitations agricoles qui élèvent des animaux pour le label Naturafarm de Coop. De plus, nous réalisons chaque année jusqu’à 300 prélèvements d’échantillons dans des transports d’animaux et auditons les abattoirs.

Comment se déroule un tel contrôle?
Nous examinons dans les fermes le nombre et l’état de santé des animaux, la nourriture, le parcours, etc. Les transports d’animaux sont en général contrôlés de nuit, y compris l’espace dans le camion. Dans les abattoirs aussi, nos spécialistes cherchent sans cesse des possibilités d’amélioration.

Que se passe-t-il si vous constatez des infractions?
Il faut immédiatement y remédier. Selon la gravité, les amendes peuvent aller de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers de francs. Les abattoirs Bell répondent de façon exemplaire à nos exigences.

Quelles attentes un bon label doit-il satisfaire?
Les directives d’un bon label doivent garantir un élevage respectueux des animaux dans le cadre de contrôles stricts. Toute violation entraîne des sanctions. De surcroît, il est important de communiquer clairement pourquoi l’achat en vaut la peine.

publié le 28 juin 2021 - 09:08