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Le meilleur des restes

Chaque jour, l’organisation Table Suisse collecte 16 tonnes d’aliments irréprochables mais invendus, qui seraient sinon jetés. Les supermarchés tels que Coop permettent ainsi aux personnes touchées par la pauvreté de se nourrir sainement. Les bénévoles s’affairent pour collecter et distribuer la marchandise.

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24.03.2022; Basel; Coop - Schweizer Tafel; Die Mitarbeiter von „Soupe & Chill“ nehmen die Ware entgegen. © Valeriano Di Domenico

Au restaurant du coeur, la salade est acceptée avec joie. À midi, travailleurs et marginaux se côtoient. Le soir venu, les toxicomanes trouvent un peu de répit de leur dépendance.

Valeriano Di Domenico

Un livreur de colis empêche Jan Widmer, 23 ans, de poursuivre son chemin vers la prochaine institution bénéficiaire. Au volant de son fourgon, le civiliste veut entrer dans une cour intérieure du quartier bâlois de Gundeli. Là-bas, le foyer Spektrum accueille onze hommes et femmes souffrant de problèmes psychiques. Concentré, Jan fait marche arrière au volant du véhicule de sept mètres et traverse le passage étroit. Munis de deux caddies, le responsable David (36 ans) et un résident examinent la marchandise apportée par Jan. «Nous avons besoin de pain et de légumes.» Sitôt dit, sitôt fait: pain et légumes changent de propriétaire. «As-tu quoi que ce soit d’autre?», demande David. «Des fraises et des framboises.» David réfléchit brièvement: «Super, nous ferons de la confiture.» Il est heureux de recevoir non seulement des ingrédients pour les repas de midi et du soir, mais aussi des baies: «Non seulement les résidents en profitent, mais cela nous permet aussi de soulager notre budget.»
 

Tout est documenté

Avant de poursuivre son chemin, Jan saisit sur sa liste les trois caisses C3 (la dénomination technique des caisses en plastique grises, dont 62 trouvent place dans son véhicule) qu’il vient de remettre à l’institution. Le tableau indique combien de caisses Jan a emportées chez quelle entreprise et combien il en a déposé. En cours de journée, il vérifie régulièrement la température à l’intérieur du véhicule. A 10 h 15, il fait 7 degrés. 

Deux heures plus tôt. Jan arrive à Pratteln, où se trouve l’entrepôt central de Table Suisse pour la Suisse du Nord-Ouest. Huit autres civilistes ainsi que trois bénévoles s’affairent pour charger une première fois les cinq camionnettes: café, pain, roquette, poivrons, champignons de Paris, concombres, asperges, framboises ou encore bananes. Ces dernières font quelque peu transpirer Jan, car elles rentrent à peine dans le fourgon.

Il annonce son arrivée à la fondation Rheinleben, située tout près de l’église du Saint-Esprit. Dix minutes plus tard, il se met en route. Lorsqu’il arrive dans la cour, Bea, 53 ans, et Markus, 48 ans, l’attendent déjà. Tous deux cuisinent pour des bénéficiaires de l’AI et des personnes marginales, mais leur offrent aussi une structure quotidienne fixe. Bea est responsable du repas de midi et Markus, de celui du soir. Un menu à quatre plats composé des aliments livrés par Table Suisse et d’autres organisations coûte huit francs au maximum. Bea et Markus trouvent «passionnant et exigeant» de ne pas savoir ce qu’ils vont cuisiner avant la livraison de Table Suisse. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’eux et leur groupe de cuisine décident de ce qui sera servi.

Un monde de surplus et de manque

Selon l’Office fédéral de la statistique, quelque 722 000 personnes vivaient sous le seuil de pauvreté dans notre pays en 2020*. Alors que plus de deux millions d’aliments finissent chaque année à la poubelle. Chaque jour, à elle seule, Table Suisse distribue 16 tonnes d’aliments invendus mais irréprochables à des hébergements pour sans-abris, foyers pour femmes, soupes populaires, et autres associations caritatives. L’organisation veut ainsi lutter contre le gaspillage alimentaire.

Tout le monde est bienvenu

Jan apprécie beaucoup le prochain bénéficiaire: «Au Restaurant du coeur à la gare, tout est délicieux!» Lorsqu’il a le temps, il y mange volontiers à midi. Son chef Michele Hostettler, 53 ans, responsable Suisse du Nord-Ouest de Table Suisse, ne tarit pas non plus d’éloges. L’offre mise en place par la tenancière est unique: le midi, banquiers et sans-abris se côtoient et paient ce qu’ils souhaitent. Le soir, le restaurant devient le «Soup & Chill», une soupe populaire pour les toxicomanes et les marginaux, qui y trouvent un repas chaud et un peu de repos. Claudia Adrario de Roche, 67 ans, fondatrice du restaurant, a fière allure et toujours le sourire aux lèvres. «Malheureusement, je ne m’appelle pas La Roche; j’aurais moins de soucis financiers», plaisante-t-elle. C’est en 2006 que la chanteuse, comédienne, archéologue et alors présidente de l’association pour le travail de rue Schwarzer Peter a ouvert son «restaurant sans prix fixes, mais avec beaucoup de coeur».

 

* En 2020, le seuil de pauvreté s’élevait à 2 279 francs par mois pour une personne seule et à 3 963 francs par mois pour un ménage avec deux adultes et deux enfants de moins de 14 ans.

CINQ QUESTIONS À

CFM_GuidoFuchs_Nachhaltigkeit COOP_schmitt

Guido Fuchs. Âgé de 60 ans, il est chef de projet Durabilité chez Coop depuis plus de dix ans.
 

coop

Depuis quand Coop soutient-elle des organisations comme Table Suisse?
Cette collaboration a vu le jour en 2005. Notre objectif commun était d’une part d’éviter le gaspillage alimentaire et, d’autre part, de faire don d’aliments encore consommables mais ne pouvant être vendus à des personnes dans le besoin.

Combien d’aliments trouvent pre¬neur par cette voie?
L’année dernière, 3 242 tonnes, ou 16 mil¬lions de repas.

Quels produits sont distribués et y a-t-il des favoris?
Tous les produits frais et les articles non périssables, sauf les plats préparés ainsi que la viande et le poisson en vrac. Ce, pour des raisons légales et d’hygiène alimentaire. Il n’y a pas de favoris, car nous distribuons ce qui n’a pas été vendu.

Pouvez-vous nous révéler la valeur des produits que Coop remet à ces organisations caritatives?
Nous ne donnons aucune information à ce sujet.

Aujourd’hui, est-ce que plus d’ali¬ments sont données qu’en 2005?
Ces dernières années, le volume a presque doublé. Nous avons amélioré les processus et la logistique, mais aussi les formations internes. Ainsi, bien plus de filiales peuvent remettre leurs invendus aux organisations.

publié le 8 août 2022 - 00:09