Le secteur de la santé n’a pas attendu la pandémie pour être en ligne de mire en matière de charge de travail et de pénurie de personnel qualifié. Le travail posté, les horaires irréguliers, le stress, les heures supplémentaires, le sort des patient·e·s ou les soucis des proches font partie du quotidien de la profession. Il est donc essentiel de ne pas négliger la santé du personnel de santé. «Dans notre clinique, nous voulons aussi aider les personnes en bonne santé à mieux comprendre leur corps et les sensibiliser à l’importance de la santé», affirme Tobias Wehrle.
Le responsable Promotion Santé et Sport de la Reha Rheinfelden se préoccupe du bien-être des quelque 700 collaborateurs·trices de la clinique. Comptant plus de 100 thérapeutes, médecins, psychologues et de nombreuses personnes travaillant dans le domaine des soins, la maison dispose d’un vaste savoir sur le thème de la santé. Les 2400 patient·e·s hospitalisé·e·s et les 7000 patient·e·s ambulatoires en bénéficient chaque année, tout comme l’ensemble du personnel. Outre le personnel médical, il s’agit également des collaborateurs·trices de l’hôtellerie, de l’administration, de la logistique ou encore du service technique.
Mais la clinique ne se contente pas de transmettre en interne son expertise en matière de promotion de la santé. D’autres entreprises peuvent également profiter d’offres liées à la santé et à la prévention: ergonomie au travail, activité physique, fitness, relaxation, etc.
La gestion de la santé en entreprise (GSE) a sa place depuis longtemps à la Reha Rheinfelden. La première enquête auprès des collaborateurs·trices a été réalisée en 2005. La gestion de la santé n’a toutefois été formulée comme objectif qu’en 2015. Tobias Wehrle travaille à Rheinfelden depuis huit ans et est responsable de ce domaine depuis six ans en tant que directeur du groupe de pilotage GSE. Il a élaboré le projet de certification Friendly Work Space dans le cadre de son travail de master et accompagné le processus de certification en tant que responsable du groupe de projet.
Le label de Promotion Santé Suisse montre «que le thème de la santé nous tient à cœur y compris pour nos collaboratrices et nos collaborateurs, et que nous y consacrons également des ressources», souligne Tobias Wehrle. Parallèlement, c’est selon lui un facteur important dans la recherche de personnel.
En effet, à Rheinfelden, en Argovie, pas moins de quatre établissements de santé se disputent les ressources en personnel. Le site est promu dans le cadre de la coopération marketing «Rheinfelden medical». D’après lui, se démarquer en tant qu’employeur est bien évidemment un avantage.
Pour ce faire, la Reha Rheinfelden s’appuie notamment sur le label «Friendly Work Space». La clinique intitule son engagement «GsundsTeam» (équipe en forme) et propose, outre le sport, le fitness et l’ergonomie, des cours de résilience et de pleine conscience. Elle propose par ailleurs des points de contact pour les employé·e·s ainsi qu’une assistance psychologique. L’objectif est toujours d’assurer le bien-être des 700 collaborateurs·trices. «Ici, les patient·e·s sont bien sûr au centre de l’attention au quotidien dans le cadre hospitalier. Mais la santé du personnel est un point tout aussi important», souligne Tobias Wehrle.
Le label «Friendly Work Space» définit le standard de qualité suisse pour la gestion de la santé en entreprise (GSE) mise en œuvre de manière systématique, avec le soutien du Secrétariat d’État à l’économie (Seco) et de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
La fondation Promotion Santé Suisse, disposant d’un mandat légal, délivre la certification. Celle-ci repose sur six critères de qualité qui rendent la santé des collaborateurs·trices tangible et quantifiable et sont contrôlés et confirmés par des assesseurs·euses externes indépendant·e·s.
«Une GSE systématique est rentable pour les entreprises et les organisations, notamment en raison de son effet préventif, des mesures de réinsertion rapide et des économies de coûts correspondantes. La GSE et le label ‹Friendly Work Space› gagnent par ailleurs toujours plus en importance dans l’Employer Branding», ajoute Thomas Brändli, responsable de projet Communication GSE.
Dès l’entretien d’embauche, la gestion de la santé en entreprise est abordée et mise en avant comme avantage dans la description du poste. Il est important que les employé·e·s perçoivent qu’elles et ils sont en point de mire. Dans le même temps, toucher tout le monde au moyen des offres de GSE dans une entreprise réunissant différents groupes professionnels, de nombreux employé·e·s à temps partiel et du travail posté constitue un défi, estime Tobias Wehrle. C’est pourquoi la GSE est présentée dès la journée d’introduction.
Le responsable Promotion Santé et Sport rend visite lui-même régulièrement aux différents services. «Il n’est pas toujours fait usage spontanément des offres, il faut parfois donner un petit coup de pouce. Souvent, il suffit d’ouvrir la porte et de demander comment ça va. La réponse fuse alors: ‹Ah, ça fait une éternité que je voulais t’écrire›.»
En général, la GSE est ancrée dans les équipes par le biais des supérieur·e·s hiérarchiques. Les ateliers pour les cadres traitent également toujours de ce sujet. La gestion de la santé est un point fixe de l’entretien annuel de développement et de la convention d’objectifs. «Qu’est-ce que je fais pour moi, pour ma santé, et qu’est-ce que j’apporte à l’équipe en matière de santé?»
Grâce à de brefs sondages réguliers, le groupe de pilotage GSE connaît les besoins du personnel. «Nous en faisons usage pour connaître la résonance des mesures proposées. Est-ce que cela vous a servi? Qu’est-ce qui était bien? Qu’est-ce que vous souhaitez?», ajoute Tobias Wehrle. Une enquête a débouché sur le fait que, dans le domaine des soins, des assistant·e·s déchargent désormais le personnel médical des tâches administratives, ce qui permet au personnel soignant de se concentrer sur le travail avec les patient·e·s.
Dans le but de permettre à de jeunes diplômé·e·s ambitieux·ses issu·e·s du secteur des soins d’expérimenter de nouveaux concepts dans un environnement participatif, la Reha Rheinfelden a lancé le département Start-up dans le domaine des soins.
Dans un esprit d’entreprise, les collaborateurs·trices du département Start-up mettent en œuvre leurs propres initiatives et sont soutenu·e·s par des spécialistes interdisciplinaires. Les méthodes et les améliorations de processus qui ont fait leurs preuves doivent être appliquées à moyen terme dans d’autres services de soins. «Fidélisation du personnel et innovation à travers la participation», telle est la devise.
«Si l’expérience s’avère positive, elle pourra être étendue à d’autres départements», précise Tobias Wehrle. Pour lui, l’enjeu de toutes ces mesures est toujours d’aller au-devant des collaborateurs·trices et de les impliquer afin que le contexte professionnel ne soit pas perçu comme une contrainte.
Il est convaincu de l’efficacité des mesures de GSE. D’une part, le succès se mesure aux chiffres de l’absentéisme, d’autre part, la Reha Rheinfelden compte de très nombreux collaborateurs·trices de longue date. Et pour que cela demeure, la clinique a ancré dans sa charte, en plus de la gestion de la santé en entreprise, la compétence, l’humanité et le bien-être comme valeurs clés. «Cela vaut pour nos patient·e·s, mais aussi au sein de l’équipe», souligne Tobias Wehrle.