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Musique

Marc Aymon et des artistes de la chanson romande rendent hommage au patrimoine musical suisse

Le chanteur valaisan Marc Aymon a réuni une dizaine d’artistes de quatre générations et de toute la Romandie autour d’un livre-disque épatant, «Glaneurs, trésors éternels», illustré par Albertine.

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Marc Aymon et plusieurs artistes romands ont travaillé sur le livre-disque «Glaneurs, trésors éternels»

Les chanteurs de «Glaneurs, trésors éternels», de gauche à droite, de haut en bas: Sophie Burande, Carrousel, Michel Bühler, Milla, Henri Dès, François Vé, Xavier Michel, Aliose, Léonard Gogniat, Carrousel, Marc Aymon, Jérémie Kisling, Alizé Oswald, Aliose. 

François Wavre / lundi13
Blaise Calame

«Il n’y avait que Marc pour nous embarquer dans un tel projet», confient tour à tour les artistes romands présents pour la photo et impliqués dans «Glaneurs, trésors éternels», album rassembleur concocté par Marc Aymon donc, avec l’aide de son complice Jérémie Kisling et l’expertise de Xavier Michel, chanteur d’Aliose et historien.

A l’heure du tout numérique, quel plaisir de tenir entre ses mains ce livre-disque (CD et MP3) de 72 pages, imprimé en Suisse par Artgraphic Cavin SA, proposant 15 chansons interprétées par des artistes connus et d’autres en devenir – on pense à Milla, véritable révélation –, âgés de 22 à 82 ans. Un bel objet, donc, illustré par l’inimitable Albertine avec le talent qu’on lui connaît.

Initiateur enthousiaste d’une véritable chasse aux trésors qui, on s’en souvient, avait débouché sur le très bel album «Ô bel été!», le Valaisan Marc Aymon va cette fois plus loin encore. Fureteur insatiable, ciseleur appliqué, il poursuit son exploration d’anciens textes romands inspirants. Des trésors enfouis dans les archives qui ne demandaient qu’à être retrouvés. «On a creusé la mine et découvert des pépites, explique-t-il, ravi. Ce projet nous a permis de nous retrouver tous, de nous surprendre. Il met en lumière cette envie qu’on a – et que je trouve nécessaire au monde – de ralentir la cadence pour chanter des choses qui ont du sens. Quand on fait de la chanson, le sens est important. En plus, à l’heure où l’on nous dit de ne plus faire de disques, voilà un objet physique qu’on peut feuilleter et écouter, un livre-disque comprenant un carnet de chants qui, je l’espère, donnera aux gens l’envie de chanter à leur tour et autant de plaisir qu’on en a eu à l’élaborer.» L’objet est, c’est vrai, séduisant. Du fait maison, imprimé, lit-on, sur du papier issu de forêts gérées de manière durable et responsable.

Une contribution collective et artisanale résolument à contre-courant d’un monde numérisé autocentré où personne ne prend plus le temps de se poser, emporté par le flux incessant qui caractérise les réseaux sociaux. Aymon l’artisan observe avec incrédulité cet univers voué au buzz dont l’équilibre semble précaire. «Pour moi, tout va beaucoup trop vite, reconnaît-il. D’où ce plaisir immense d’avoir ici pris le temps. Dans «Glaneurs, trésors éternels», tout le monde tire à la même corde. Celle du sens.»

La démarche de ce projet populaire, pop-folk et intergénérationnel est résolument romande. Tous les artistes se sont mis au diapason, chantant à l’unisson, réunis non pas pour une cause caritative ou un hommage, mais autour du patrimoine romand. Avec son complice Jérémie Kisling et l’apport de l’historien et chanteur Xavier Michel, Marc Aymon a constitué un noyau dur, puis convaincu Pascal Auberson, Julie Berthollet, Michel Bühler, Carrousel, Henri Dès, Milla et François Vé de monter à bord. Chacun a apporté sa griffe, sa voix, son énergie. Pour Milla, qui livre là son premier enregistrement, il s’agit presque d’une naissance au monde. Quelle belle promesse!

«Au départ, on avait monté un atelier. Ces ami(e)s artistes devaient simplement venir dire bonjour, mais tout le monde a souhaité s’impliquer», se réjouit le capitaine Aymon. Il faut dire que la matière est noble. Les textes écrits au XIXe et au début du XXe siècle par la poétesse neuchâteloise Alice de Chambrier (1861-1882), emportée trop vite par la grippe alors que Victor Hugo lui-même saluait son talent, ou par la Valaisanne Marguerite Burnat-Provins (1872-1952), artiste polymorphe et visionnaire, sont d’une modernité sidérante.

«On chante des mots qu’on aurait voulu écrire, on les ravive, on les remet en lumière», souligne encore Marc Aymon, exprimant le sentiment général. «Le passé devient présent, qui lui-même devient futur», commente Xavier Michel dans le livre-disque. Vrai. Le premier titre de l’album, «L’esquif», une perle signée Alice de Chambrier et interprétée par huit artistes, l’atteste.

Fidèle aux illustrations d’Albertine, représentant un personnage en marche tombant sur une pousse de créativité qu’il prend le temps de voir jaillir et grandir avant de grimper à l’arbre et de s’élever, dans tous les sens du terme, le projet «Glaneurs, trésors éternels» va maintenant développer de nouvelles fleurs. Chacun va pouvoir se réapproprier les chansons chez soi. Quant aux rencontres suscitées par Marc Aymon, elles débouchent déjà sur de nouvelles collaborations, entre Milla et Jérémie Kisling par exemple, qu’il faudra suivre. En attendant, prenons le temps d’écouter.

>> Découvrez «Glaneurs, trésors éternels»: un livre-disque disponible sur le site www.glaneurs.ch ainsi qu’en librairie dès le 20 octobre. Rencontres et dédicaces chez Payot
- Le 21 octobre à Genève
- Le 22 octobre à Sierre
- Le 29 octobre à Morges

Par Blaise Calame publié le 20 octobre 2022 - 08:38