Bonjour,
A 51 ans, la conseillère aux Etats verte vaudoise se délecte de cette période post-covid. Elle va dire stop à la politique et rêve de redevenir une mère et une épouse «normales», de lire, de marcher, d’apprécier chaque petite chose qu’elle néglige depuis vingt ans.
Christian Rappaz
Adèle Thorens est conseillère aux Etats verte vaudoise.
Julien Goumaz/ProLitterisUne heure et demie d’échanges passionnants, passionnés même, tant elle a de flammes qui brûlent en elle. La politique et l’environnement bien sûr, mais pas que. Son métier de chercheuse en philosophie et en politique environnementale qu’elle a mis en veilleuse depuis son élection au Conseil national, en 2007; les électrices et électeurs vaudois qui lui «ont fait cet immense cadeau du Conseil des Etats en 2019» et qu’elle avait «si peur de décevoir» en annonçant son départ.
La vie qui va et qui vient enfin, cette année post-covid en particulier, qu’elle croque à pleines dents, sans modération. «Sortir, voir du monde, participer de nouveau à des événements culturels, etc. Quel bonheur de retrouver cette légèreté, de quitter ce cauchemar», s’enthousiasme-t-elle.
Elle est comme ça Adèle Thorens. Débordante d’ardeur, de fraîcheur et de vitalité, sa sensibilité de «pacifiste et d’écologiste absolue» toujours à fleur de peau. «Il a fallu une guerre à nos portes pour déclencher une véritable prise de conscience de l’urgence à renforcer notre souveraineté énergétique et alimentaire», se désole-t-elle, dévastée par «cet effroyable conflit». «C’est un message que nous portons depuis longtemps, mais force est de constater qu’il faut attendre d’être dos au mur et dans la douleur pour réagir. C’est à la fois triste et profondément humain, hélas.»
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Allusion à peine voilée aux initiatives et autres lois dites écologiques qu’elle a portées avec tant de force et de foi et qui se sont fracassées contre le mur de l’immobilisme avant de renaître et de triompher sous la pression de la situation géopolitique et du réchauffement climatique. «Preuve qu’en politique rien n’est jamais perdu ou gagné de manière définitive», conclut, philosophe, celle qui a décidé, en août dernier, de dire adieu à son mandat le 30 novembre prochain.
«Ça n’a pas été une décision facile à prendre. J’avais peur que celles et ceux qui m’ont élue, qui me font confiance, se sentent trahis. Mais, sitôt après l’annonce, j’ai reçu une avalanche de messages et de courriers bienveillants. Je me suis sentie soulagée, réconfortée par leur compréhension.»
Tourner la page, renouer avec le quotidien d’une simple citoyenne, vingt et un ans après être entrée au Conseil communal de Lausanne. Une vision jouissive pour la sénatrice. «Faire de la politique n’est pas une fin en soi. Et puis, il y a tellement longtemps que je vis à 200 à l’heure. Depuis le Sommet de la Terre, à Rio, en 1992», confie la présidente de Suisse Rando, en esquissant son futur avec des étoiles dans les yeux.
«J’ai hâte de retrouver la nature, de me ressourcer, de redevenir une mère et une épouse «normales» pour mon mari et ma fille de 12 ans. De réapprendre le sens du mot «loisir» aussi et d’avoir le temps de prendre du recul sur les événements, de réfléchir. Tout le contraire de la politique, qui vous maintient dans un degré d’urgence aiguë et vous oblige à sans cesse prendre des décisions impactant la vie des gens. Ce qui, personnellement, me laisse dans un grand stress. Etait-ce la bonne option? La plus juste? La plus bénéfique? Ces questions hantent ma conscience de philosophe et d’éthicienne.»
A 51 ans, la native de Soleure ressent donc le besoin d’ouvrir un nouveau chapitre. Dans quel domaine? «Laisser une planète vivable à nos enfants a de tout temps été mon moteur. Je ne peux donc pas imaginer que la protection de l’environnement ne reste pas le centre de ma vie», devise-t-elle, un brin mystérieuse, en déclarant toutefois son amour pour l’enseignement et la recherche, qu’elle pratiquait naguère. «Je ne me sens pas vieille du tout et je n’ai aucun complexe face à mon âge. Au contraire, j’adore me retrouver dans une salle où je suis la plus âgée, comme à l’Université de Lausanne, où j’enseigne quelques heures par semaine. Donner aux plus jeunes les outils pour continuer notre engagement en matière de durabilité et d’environnement est tellement gratifiant…»
A 40 ans, Serena Williams annonce qu’elle met un terme à sa prestigieuse carrière après son éliminationau 3e tour de l’US Open. La légende du tennis féminin occupait alors un anecdotique 600e rang mondial. Août, New York, Etats-Unis:
«Je ne suis pas du tout le sport de compétition et n’en regarde jamais à la télévision. J’avoue que c’est un univers auquel je suis passablement hermétique! Serena Williams me semble toutefois une figure marquante en tant que femme. Elle incarne à la perfection la puissance et le succès des femmes dans le sport, un milieu où elles sont souvent moins visibilisées et moins payées, malgré leur talent.»
Paola Kudacki/Trunk ArchiveL’alpage des Trois Chalets, jauni et asséché par la chaleur. Une sécheresse catastrophique pour le monde agricole. Des troupeaux redescendent prématurément et prennent le chemin de l’abattoir par manque de fourrage. 04.08, col du Marchairuz (VD), Suisse:
«Les sécheresses nous affectent déjà alors que nous ne sommes qu’à +1,2°C. Or nous nous dirigeons vers un réchauffement de 2 à 3°C. L’impact sur l’agriculture est dramatique: la Banque mondiale prédit des pénuries alimentaires dès 2040. La Suisse utilise la moitié de ses terres arables pour nourrir des animaux d’élevage et importe encore du fourrage. Il n’est heureusement pas nécessaire que nous devenions tous végétariens, mais nous devons manger moins de viande pour réduire notre impact. Le GIEC recommande une moyenne de 15 kg de viande par personne et par an. En Suisse, nous en sommes à 50.»
Jean-Christophe Bott/KeystoneDurant deux semaines, 30 000 scouts suisses ont participé au plus grand rassemblement de l’histoire du scoutisme helvétique en compagnie de 300 participants étrangers et de 5000 bénévoles. Budget de l’événement: 25 millions de francs. 04.08, Ulrichen (VS), Suisse:
«Cet événement a frappé les esprits par sa démesure, mais ce qui est à mes yeux le plus positif dans le scoutisme, au-delà du rassemblement spectaculaire, c’est le lien qu’il crée entre les jeunes et la nature, en particulier la forêt. La forêt est un des endroits où je me sens le mieux. Je trouve très important que la jeunesse découvre la forêt comme lieu d’aventures, de jeu et de délassement, mais aussi de ressourcement.»
Kurt ReichenbachDes parties du glacier du Rhône sont recouvertes de couvertures pour protéger la glace contre la fonte. Cette année, les glaciers suisses ont perdu environ 3 km3 de glace, soit plus de 6% de leur volume. 23.08, Obergoms (VS), Suisse:
«La fonte des glaciers, une des manifestations de la crise climatique, nous touche beaucoup, parce qu’ils font partie de notre identité et incarnent la beauté de notre pays. Ils sont aussi nécessaires pour notre approvisionnement en eau et en électricité. L’initiative des glaciers a donné lieu à un contre-projet, qui sera soumis au peuple en juin 2023. Il ne contient ni taxe, ni interdiction, mais des soutiens, en particulier pour les ménages qui veulent changer de chauffage ou isoler leur maison. J’espère de tout cœur que le peuple l’acceptera.»
Arnd Wiegmann/ReutersLe groupe H&M lance sa nouvelle ligne de vêtements de sport visant à démocratiser ces derniers afin de faire bouger plus de gens et choisit pour égérie l’actrice américaine Jane Fonda, âgée de 84 ans. 04.08, Etats-Unis:
«J’apprécie Jane Fonda, car elle milite pour le climat, mais je suis mitigée face à cette image. D’un côté, je trouve super qu’elle s’engage pour démocratiser le sport. Le sport quotidien, pour toutes et tous, à l’inverse de celui que l’on contemple sur son canapé, est important en termes de santé publique. Mais elle promeut aussi une image irréaliste des aînées, avec son visage et son corps de jeune femme. La santé et le bien-être, ce n’est pas la chirurgie esthétique. Et les seniors sont souvent magnifiques avec les marques du temps qui témoignent de ce qu’ils ont vécu.»
H&MDéjà championne d’Europe, la Suissesse Monique Halter (18 ans) est sacrée championne du monde junior U19 de cross-country après sa victoire dans la station des Alpes françaises. 25.08, Les Gets, France:
«Encore le sport de compétition et un événement qui m’avait donc échappé en 2022! Ce qui me frappe dans cette image, c’est la joie qui émane du visage de cette jeune athlète et le fait qu’elle dise avoir pris beaucoup de plaisir à la compétition. Cela me semble un élément essentiel qui devrait toujours rester présent dans le sport, y compris à un tel niveau.»
Les Suissesses Ajla Del Ponte, Géraldine Frey, Salomé Kora et Mujinga Kambundji célèbrent leur victoire au relais 4 x 100 m à Athletissima par un tour d’honneur du stade de la Pontaise. 26.08, Lausanne, Suisse:
«Athletissima est important pour la ville de Lausanne, ma ville, qui s’est toujours positionnée dans le domaine du sport. C’est un événement international de haut niveau, mais il a en même temps quelque chose de très familier pour les Lausannois, parce qu’il a lieu à côté de chez eux. C’est d’autant plus satisfaisant quand des athlètes suisses – ici de nouveau des femmes, d’ailleurs – s’y distinguent.»
Une jeune élève palestinienne pleure la mort de sa camarade de classe, âgée de 10 ans, tuée lors de combats qui opposent Israël et le Jihad islamique, à Gaza. Selon l’ONU, 22 civils palestiniens, dont 17 enfants et quatre femmes, ont été tués. 29.08, Khan Younès, Palestine:
«Il est très difficile de réagir à une telle image, tout commentaire est dérisoire... Je la ressens d’abord comme un coup de poing dans le ventre, en tant que maman. Nous avons la chance de vivre dans un pays en paix, qui est également porteur de paix. Mais une telle image nous ramène à notre impuissance, dans un monde livré, aujourd’hui plus que jamais avec la guerre en Ukraine, à la folie et à la violence. Les conflits armés ne font que des victimes et des perdants.»
Ravagé par les incendies, le Portugal a décrété l’état de calamité naturelle après avoir perdu 100 000 hectares de végétation, dont 25 000 au parc de la Serra da Estrela, classé par l’Unesco.16.08, Orjais, Portugal:
«Encore une terrible manifestation de la crise climatique. 2022 aura été une année record en matière de canicule, y compris en automne. L’Europe a été particulièrement touchée. Les feux de forêt ont des conséquences graves, car ils détruisent des milieux naturels précieux, mais aussi parce que les forêts, quand elles sont saines, fonctionnent comme des puits de carbone. Nous devons comprendre que les événements extrêmes de 2022 deviendront la norme si nous n’agissons pas. Les solutions existent, adoptons-les.»
A l’occasion de la Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres, le Schwytzois Remo Schuler remporte le concours du lancer de la pierre d’Unspunnen (83,5 kg), devant 50 000 spectateurs enthousiastes. 28.08, Pratteln, Suisse:
«J’ai découvert la Fête fédérale de lutte à travers l’engouement de mes collègues alémaniques, tous partis confondus. J’ai l’impression que les Romands sont un peu moins fans, mais cela me rappelle, toutes proportions gardées, nos fêtes de tir, pour le côté traditionnel. Enfant, j’ai beaucoup aimé participer à la décoration de mon village, à La Rippe. Des sapins ornés de fleurs en papier crépon, que nous réalisions, étaient placés tout au long des rues pendant la fête. C’était très joyeux.»