Agnès et Damien n’arrêtent pas de sourire dans leur maison au-dessus du Léman, où la lumière s’engouffre. Ils se sont rencontrés il y a douze ans puis ont fondé quatre ans plus tard la société Daag – d’après les premières lettres de leurs prénoms – qui s’engage pour améliorer le bien-être des gens au travail. Ils ont ainsi voulu illico mettre fin à une vie où, comme ils disent, «on se quittait le matin à 7h30 en se disant qu’on allait se revoir à 18h30». Or ils avaient juste «envie d’être ensemble, même si c’est un peu cliché, un peu bisounours», ajoute-t-elle.
Ils sont pourtant, de leur propre aveu, très différents et vivaient jusque-là dans des domaines qui n’avaient rien à voir. Elle, férocement indépendante et entrepreneuse à 21 ans, avec une tendance aux idées pop-up, tous azimuts. Lui, solidement rationnel, «avec une pensée dans des tubes», ex-basketteur resté pas mal fair-play: «L’entrepreneur, c’est elle. Elle a rendu tout possible. Moi, j’étais sur des rails, un long fleuve tranquille. Notre différence est devenue notre complémentarité.» «Mais je n’aurais rien fait sans lui non plus!» insiste-t-elle immédiatement. Elle innove, il soutient. Elle se lance, il tient bon et ne lâche rien si le courant est un peu contraire.
«On se parle tout le temps»
Surtout, leur couple entretient un dialogue ininterrompu, qui leur donne la force qui renverse les collines et les montagnes: «Nous sommes obligés de nous parler tout le temps, nous pouvons avoir une heure de débrief en sortant de chez un client. Il règne entre nous une confiance inconditionnelle. On sait que, quoi qu’il arrive, l’autre aura fait de son mieux. A aucun moment on n’a envie de l’engager dans un truc qui ne lui fera pas plaisir.» Bien sûr qu’ils se fâchent parfois, qu’ils ne sont pas toujours d’accord. Elle: «On va jusqu’à ce que tout le monde le devienne; il ne faut pas que l’un des deux plie, ce serait un échec total. Le couple, c’est respecter le rythme de l’autre. Nous nous voyons comme deux personnes libres et ensemble.»
Dix ans plus tard, après toutes ces aventures qui les ont vus oser, inventer, débarquer dans des entreprises pour écouter et agir, s’aiment-ils davantage? En chœur: «Oh oui, totalement, nous nous sommes aussi découverts à travers le travail. Nous renforçons chaque jour notre amour. Il passera toujours en premier.» La preuve: ils se sont mariés il y a six mois. S’ils ne fêtent pas le 14 février avec des petits cœurs rouges, sauf quand «L’illustré» le leur demande, ils considèrent leur union comme un bail à renouveler toutes les 24 heures. «On s’arrange pour donner l’envie à l’autre de le signer encore!»
>> «L'illustré» est parti à la rencontre de cinq couples romands qui s'aiment et travaillent ensemble. Boulangers, croque-morts, etc., retrouvez d'autres témoignages: