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L'édito

Alain Morisod, le come-back

Depuis que la RTS a supprimé ses «Coups de cœur» en 2019, on l'avoue honteusement, on l'avait un peu oublié. Pourtant, constate Stéphane Benoit-Godet, Alain Morisod reste bien présent dans le cœur des romands. S'il est parfois considéré comme has been, n'oublions pas que nous sommes tous le ringard de quelqu'un. Et comme le vintage, c'est à la mode, souhaitons-lui un magnifique come-back! Editorial.

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Alain Morisod

Entre Alain Morisod et «L’illustré», ces dernières années, le concerto était plus hivernal qu’estival. Le compositeur populaire avait été déçu de la timidité de notre soutien quand la RTS l’avait congédié. Mais une rencontre avec le rédacteur en chef a suffi pour se rabibocher. Le musicien du peuple est même venu la semaine passée à la rédaction répondre aux questions de nos lectrices et lecteurs qui le suivent, pour certains, depuis cinquante ans. Rires, émotions et même une petite larme…

Julie de Tribolet
Stéphane Benoit-Godet, rédacteur en chef
Stéphane Benoit-Godet

«Pour être has been, il faut au moins avoir été «been.» Cʼest Alain Morisod qui parle. Il reste le taulier de la musique en Suisse romande. Qui peut en effet se targuer dʼavoir devancé dans les hit-parades des géants tels que Michael Jackson, Elton John et le roi Elvis? Reste que le côté démodé colle à sa fin de carrière. La RTS nʼa pas hésité en 2019 à lui faire la peau en supprimant ses «Coups de cœur», émission qui a servi de rampe de lancement à de nombreux artistes. Reconnaissons-le, nous nʼavons pas été tendres non plus en lʼoubliant quelque peu alors quʼil garde une place toute particulière dans le cœur des Romands.

Une génération doit sʼeffacer face à lʼémergence dʼune autre, vous me direz. Et les fins de carrière des troubadours ont souvent un goût amer. Certes. Mais il y a un truc épatant avec la ringardise, cʼest un plat qui se réchauffe facilement. Remarquez tout dʼabord que cʼest une denrée largement répandue: nous sommes tous le ringard de quelquʼun. Soit à cause de notre âge trop avancé, soit par la faute de nos goûts trop datés. Quant à la mode, ce reflet de notre capacité à nous faire manipuler sans sourciller, elle sanctifie aujourdʼhui ce qui hier lui faisait horreur. Débarquez ces jours dans une soirée branchouille en ville avec des schlaps à fourrure et vous serez validé. Tentez la même chose à Goumoens-le-Jux et on vous jettera des pierres.

Alors, ringard Morisod? Assurément. Comme moi sûrement aux yeux de certains et vous aussi, et votre voisin, votre conjoint, etc. Mais Pierre Tchernia lʼétait tout autant avant quʼArthur nʼen fasse son complice dans son émission «Les enfants de la télé». Et plus personne ne diffusait le chanteur Christophe avant quʼil ne fasse un formidable come-back. Dans tous ces cas de retour en grâce, un élément prévaut: le caractère authentique. Alain Morisod, artiste et homme de télé, qui a la «variété» dans le sang possède cette caractéristique. Espérons quʼil se fasse bientôt repérer par un dénicheur de talents de la nouvelle génération, ce serait une boucle joliment bouclée.

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 4 décembre 2022 - 10:28