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Santé

Asthme: les nouvelles recommandations thérapeutiques pour le soigner

Maladie chronique fréquente au sein de la population, l’asthme entraîne une série de symptômes respiratoires que l’on maîtrise de mieux en mieux. De nouvelles recommandations thérapeutiques ont récemment vu le jour. Celles-ci préconisent un traitement non seulement des symptômes mais aussi des causes pour une meilleure prise en charge des malades. Explications. 

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Image de fleurs assemblées en forme de poumon

En Suisse, 6% des adultes et 12% des enfants souffrent d’asthme, selon les estimations d’Aha! Centre d’allergie suisse.

JW LTD/Getty images

Toux sèche, respiration sifflante, essoufflement, oppression thoracique, manque d’air… vous faites peut-être partie des 6% de la population adulte (environ 12% des enfants) souffrant d’asthme. Cette maladie chronique n’est pas à prendre à la légère. Elle peut non seulement créer une gêne respiratoire au quotidien allant jusqu’à réduire la qualité de vie, mais aussi, dans le cas d’exacerbations sévères, mettre la vie en danger. Mais lorsque l’asthme est bien contrôlé, les personnes qui en sont atteintes peuvent mener une vie tout à fait normale.

L’asthme est cependant une maladie chronique, qui peut certes fluctuer dans le temps mais ne disparaît pas. Elle résulte d’une inflammation continue des voies respiratoires, en particulier des bronches. Deux mécanismes rendent difficile le passage de l’air: d’un côté, la production de sécrétions inflammatoires (ou mucus) qui viennent s’accumuler dans les bronches, de l’autre, la contraction des muscles (bronchoconstriction) entourant ces dernières, ce qui entraîne leur rétrécissement, voire leur obstruction. Conséquence: la personne asthmatique peine à respirer, s’essouffle, a une respiration sifflante, se sent oppressée ou se met à tousser fréquemment le jour, parfois la nuit, ou encore lors d’un effort physique. L’objectif de la prise en charge médicale est de contrôler les symptômes et donc de réduire la fréquence des exacerbations pour que la personne vive le plus normalement possible.

Un changement de paradigme

Ces dernières années, les traitements ont beaucoup évolué, tant pour les formes légères que sévères. De nouvelles recommandations thérapeutiques ont en effet vu le jour, marquant un tournant dans la prise en charge. Elles préconisent l’utilisation combinée d’un bronchodilatateur (permettant d’ouvrir les bronches) et d’un corticostéroïde localement actif dans les voies aériennes pour réduire l’inflammation, s’attaquant ainsi tant aux symptômes qu’aux causes de la maladie, comme l’explique le Dr Florian Charbonnier, médecin associé au Service de pneumologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG): «Les bronchodilatateurs soulagent bien les symptômes (par exemple le salbutamol, plus connu sous le nom commercial de Ventolin®) mais ne sont plus recommandés seuls comme traitement de secours dans l’asthme léger. On propose aujourd’hui de systématiquement les associer à des corticostéroïdes inhalés faiblement dosés, afin de traiter dans le même temps l’inflammation dans les bronches qui est à l’origine des symptômes.»

Concrètement, le patient va inhaler les deux substances au moyen d’un seul dispositif qui les combine. Les bénéfices de cette combinaison ont été démontrés. Elle permet de réduire le risque d’exacerbations ou crises d’asthme. Quant à la présence de cortisone, c’est une substance qui fait souvent l’objet de craintes de la part des patients. Cependant, les corticoïdes inhalés agissant directement dans les bronches, les effets secondaires sont minimes en comparaison d’un traitement systémique que l’on prend en comprimés. Il convient toutefois de bien se rincer la bouche pour éviter le développement de mycose buccale. Et, si besoin, de regarder des vidéos pour une technique d’inhalation conforme, afin de s’assurer de l’efficacité du traitement. 

Pour ce qui est de l’asthme sévère, les thérapies biologiques ciblées (ou anticorps monoclonaux) représentent une grande avancée. «Ces agents biologiques viennent inhiber l’inflammation au niveau cellulaire», explique le Dr Charbonnier. Ils permettent également d’éviter de recourir à la prise de cortisone par voie orale – avec ses nombreux effets secondaires – et s’avèrent très efficaces pour moduler les cascades inflammatoires. Onéreux, ces médicaments sont toutefois réservés aux personnes chez qui toutes les autres stratégies thérapeutiques ont été mises en échec. 

image d'un poumon dessiné et un stéthoscope

Un asthme contrôlé offre une meilleure qualité de vie et diminue le risque de modifications irréversibles des voies aériennes avec leur lot de symptômes au long cours.

Shutterstock

De multiples facteurs déclencheurs

En plus de la médication, il convient également de s’intéresser aux facteurs pouvant être à l’origine de crises, comme la présence d’une ou de plusieurs allergies, par exemple. Parmi les allergènes courants, citons les pollens, les poils d’animaux, les acariens dans la poussière, ainsi que les spores et les moisissures. «L’asthme qui se déclenche dans la petite enfance est souvent lié à un terrain allergique», note le Pr Christophe von Garnier, chef du Service de pneumologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Parmi les autres facteurs déclencheurs, il y a les infections virales à répétition (rhume, bronchite, par exemple), les substances irritantes (pollution, gaz d’échappement, parfums d’intérieur), y compris dans le milieu professionnel (notamment chez les boulangers, les peintres, le personnel de nettoyage), ou encore l’effort lors d’une activité physique.

Le tabagisme est aussi un facteur déclencheur et aggravant de la maladie, qu’il s’agisse de cigarettes ou des nouveaux dispositifs électroniques. «Le tabac augmente la fréquence des crises, des symptômes, la résistance aux traitements, et entraîne le déclin de la fonction pulmonaire», souligne le Dr Charbonnier. «Il est important de faire le tour de ce qui peut déclencher une crise, aggraver la maladie ou la rendre difficile à soigner. Hormis les allergies et les infections, des polypes dans le nez, des reflux gastro-œsophagiens irritant les bronches, un excès de poids, une anxiété, voire une dépression peuvent aussi constituer des facteurs contribuant à un asthme difficile à prendre en charge», ajoute le Pr von Garnier. Le spécialiste évoque également la ménopause, période au cours de laquelle un asthme plus difficile à soigner peut apparaître. 

En présence de symptômes respiratoires tels que ceux décrits plus haut, et ce, quel que soit l’âge, il est recommandé de consulter son médecin traitant. Ce dernier est en mesure de poser le diagnostic au moyen de différents tests (test de la fonction pulmonaire ou spirométrie, recherche d’allergies, par exemple) et d’effectuer un suivi. En cas de nécessité ou pour effectuer un bilan plus complet, le médecin traitant peut adresser son patient à un pneumologue. Un asthme contrôlé offre une meilleure qualité de vie et diminue le risque de modifications irréversibles des voies aériennes avec leur lot de symptômes au long cours. «Le but est d’autonomiser le plus possible le patient dans la prise en charge de sa maladie», conclut le Dr Charbonnier.


Témoignage d'Elise, 45 ans: «Je ne savais pas que l’asthme pouvait se déclarer à l’âge adulte»
 

«J’ai été diagnostiquée il y a quatre ans à la suite d’une pneumonie. Après cet épisode infectieux, j’ai continué à tousser pendant plusieurs mois. C’était une toux sèche, mais tenace. Ma généraliste m’a alors adressée à un pneumologue. J’ai fait toute une batterie de tests qui ont montré des séquelles de l’infection sur mes bronches et une légère diminution de mes capacités respiratoires. Je ne savais pas que l’asthme pouvait se déclarer à l’âge adulte, après un état infectieux. En dehors de cette pneumonie, je n’avais jamais vraiment ressenti de difficultés à respirer, sauf lorsque je cours à toute allure pour attraper un bus. J’ai cependant toujours pensé que ce manque d’air momentané était lié au stress de la situation.

J’ai également fait des tests qui ont révélé plusieurs allergies courantes, aux pollens et aux poils d’animaux. Mon médecin m’a prescrit un traitement au long cours, qui consiste à inhaler chaque jour une poudre au moyen d’un dispositif. Parfois j’ai cette toux sèche qui revient mais, globalement, je n’ai pas au jour le jour la sensation d’avoir des difficultés à respirer. Par contre, chaque fois que j’ai une infection virale avec des symptômes respiratoires, je me sens fragilisée. Je sens que j’ai moins d’air, comme si l’air traversait un tunnel étroit au moment de l’inspiration. Mon médecin m’a plusieurs fois prescrit des médicaments (antibiotiques ou cortisone en comprimés) pour aider mon organisme à lutter contre l’infection et éviter que la situation ne dégénère dans mes bronches. J’ai compris que l’asthme était une maladie chronique et qu’il était important de bien suivre mon traitement, même dans les périodes où les symptômes sont discrets.»

Par Elodie Lavigne publié le 11 mars 2023 - 09:36