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L'édito

Bernard Tapie, sans peur face à la vie

Bernard Tapie est l’homme d’une époque, mais quel homme et quelle époque! Editorial.

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Businessman, entrepreneur, and actor Bernard Tapie does pushups outside his home. (Photo by Peter Turnley/Corbis/VCG via Getty Images) HD BERNARD TAPIE

Homme d’affaires, showman, Bernard Tapie prend la pose en train de faire des pompes devant chez lui à Paris, en 1985.

Corbis/VCG via Getty Images

Bernard Tapie a tiré sa révérence et personne ne reste indifférent à ce départ. D’abord parce que le parcours du personnage se confond avec la vie que bien des adolescents rêvent d’avoir: une quête d’absolu dans la capacité à tout essayer. A se demander même si celui qui a testé les limites de la légalité pour finalement les enfoncer avec délectation ne l’a pas fait pour vivre la prison de l’intérieur. Avant, il aura été – notamment – chanteur, entrepreneur, patron de l’OM élevé au rang de champion européen, ministre: qui peut rêver d’un tel voyage?

L’énigme Tapie réside dans le fait qu’il n’est pas un modèle. Personne ne conseillerait à ses enfants de tricher comme il l’a fait dans le monde des affaires. Sa disparition le même jour que la publication par un consortium de journalistes des Pandora Papers met toutefois en parallèle deux mondes. Il y a d’un côté les abus de gens «très bien» mais dont le principal mérite consiste à connaître «très bien» des experts en fuite de l’impôt. C’est petit et minable. De l’autre, le «Nanard» national français qui a eu le mérite de s’extirper de sa condition modeste avec panache pour chercher à atteindre un haut niveau de réussite sociale.

Tapie ne carburait pas à la pile Wonder, malgré la célèbre publicité des années 1980, ni à la Gym Tonic de Véronique et Davina, pas même aux reconnaissances de la République. Le foot l’aura sûrement fait vibrer encore plus que ses autres activités, même plus que de reprendre Adidas, pourtant une consécration pour ce repreneur d’entreprises. Mais le sacrement par le ballon rond ne l’empêchera pas d’avoir là aussi trafiqué les règles du jeu et d’en payer le prix.

>> Lire aussi: Magouilles et faux flics, le jour où Bernard Tapie a voulu acheter le FC Sion

Un coquin, un tricheur donc. Mais une hargne et une envie d’en découdre – jusqu’à la fin avec son combat contre le cancer – qui ne cessent d’impressionner. Pour toute une génération, il restera aussi celui qui se battait contre l’extrême droite et voyait la France multiculturelle comme une opportunité plutôt qu’un risque. Il n’avait pas peur de la mort tant il avait pris de la vie. Il la quitte porté par la considération de millions de gens très différents les uns des autres. Au moment du grand bilan final, on peut en déduire que Bernard Tapie a finalement bel et bien réussi.

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 6 octobre 2021 - 08:46