Christelle Luisier, conseillère d’Etat vaudoise.
Bonjour,
En mars, Christelle Luisier, l’ex-syndique de Payerne, est la seule candidate au Conseil d’Etat vaudois à être élue dès le premier tour. Puis le travail au sein d’une nouvelle équipe l’embarque. Cela n’empêche pas cette fille de cafetier, au caractère direct et spontané, de goûter au charme des fêtes et des moments de proximité.
Marc David
Christelle Luisier, conseillère d’Etat vaudoise.
«2022? Une des années les plus intenses que j’ai jamais vécues. La campagne électorale pour les élections au Conseil d’Etat fut celle où j’ai donné le plus de temps et d’énergie. Avec les quatre autres candidats de l’Alliance vaudoise, nous sommes allés partout, presque auprès de chaque citoyen. Au final, je suis élue au premier tour pour 113 voix, sur près de 150 000 votants. Ma première réaction est la surprise: quatre jours plus tôt, les sondages me plaçaient quatrième…
Ensuite, je suis «au taquet», je vis un début de législature du style dynamique, avec beaucoup d’un coup: un changement de majorité, quatre nouveaux conseillers d’Etat, la présidence du gouvernement pour moi, le budget à mettre en place, les crises à gérer. Au sein du Conseil d’Etat, où j’occupe un rôle de coordination, il faut apprendre à se connaître, créer quelque chose entre nous. Voilà pourquoi nous avons pour la première fois organisé des journées au vert.
Le pouvoir? Il existe et toute personne qui exerce des responsabilités et dirait le contraire serait hypocrite. Si j’ai eu envie d’accéder à un tel poste, c’est pour faire bouger les lignes. Chez nous, il demeure cependant fragmenté et c’est bien ainsi. Il reste d’ailleurs chez moi une part de timidité. Paradoxalement, elle s’exprime moins devant 1000 personnes que dans le contact bilatéral. Le «small talk» est parfois pour moi un exercice compliqué. Même après des années d’expérience, on ne se refait jamais complètement.
Cette retenue, je la surmonte quand je fais des discours. Quand j’étais syndique de Payerne, je les écrivais moi-même. Aujourd’hui, j’en ai tellement à élaborer que quelques personnes de mes équipes m’aident à les préparer, en fonction des thèmes. On en parle avant et j’aime faire tourner ces éléments dans ma tête puis les exprimer «à ma sauce». Je trouve important de respecter le style direct et spontané qui est le mien. Si tous les discours sont importants, je retiens cette année ceux que j’ai adressés pendant la campagne aux adhérents du PLR, là où l’objectif est de donner un élan. Là, pas de notes, il faut parler avec les tripes! Après, il existe des discours plus posés, comme celui de l’assermentation, où j’ai parlé de liberté, de cohésion, du désir de trouver des chemins au-delà des différences culturelles ou régionales. J’ai dit aussi qu’on doit garder une forme de plaisir et de légèreté dans tout ce qu’on fait. Je m’y essaie toujours.
J’aime la convivialité, les moments de proximité. Cet été, j’ai participé à pas mal d’abbayes. On y sent battre le pouls du terroir, c’est fantastique. J’ai pu faire les Brandons, comme chaque année. Ils tombaient sur le deuxième tour des élections. Le lundi soir, on y a fait la fête avec l’équipe de campagne et même avec Michaël Buffat, qui n’avait pas été élu. Payerne, c’est chez moi, j’en ai besoin. J’y ai mon cercle familial, mes amis proches. C’est là que je peux m’extraire du travail quotidien et que je continue d’habiter, sans aucune hésitation. Oui, je suis de là…
Super Woman n’existe pas. Je le dis souvent: toute personne, femme ou homme, qui s’engage à la fois aux niveaux politique, familial et professionnel y laisse des plumes. Impossible d’être à 100% partout, il existe forcément des sacrifices, des pans de vie qui vont moins bien. Je sais aussi que, dans une démocratie de proximité, tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Même si la politique prend une place énorme, j’ai une vie à côté, d’autres envies. Potentiellement, je me vois reprendre un café un jour, marcher en montagne, partir à l’étranger, me mettre à disposition d’une manière différente.
Un jour, vous êtes portée aux nues et, le lendemain, c’est le précipice, je le sais bien. J’ai une méthode à moi pour prendre du recul. En cas d’article négatif contre moi, ou de polémique, ou de débat qui s’est mal passé, j’applique la «règle des vingt-quatre heures». Je me dis que cela ira mieux demain…»
Aux Mondiaux d’athlétisme en salle, la Bernoise Mujinga Kambundji remporte l’or sur 60 mètres avec un chrono record de 6’’ 96. A 29 ans, la sprinteuse devient ainsi la quatrième meilleure performeuse de tous les temps, à égalité avec la Jamaïcaine Merlene Ottey et la Grecque Ekaterini Thanou.18.03, Belgrade, Serbie:
«Le sport d’élite crée une émotion chez chacun; il génère un fort sentiment d’identité et d’intégration. Là, une magnifique sportive comme Mujinga Kambundji sert d’exemple pour beaucoup de jeunes femmes. Pas seulement dans le cadre du sport d’élite, mais en démontrant qu’il est possible de s’engager dans une vie associative, dans des clubs, à tous les niveaux.»
SIPA/DukasParticipant pour la première fois aux Mondiaux d’athlétisme en salle, le sauteur en hauteur vaudois Loïc Gasch décroche la médaille d’argent grâce à un bond à 2,31 m. 20.03, Belgrade, Serbie:
«La photo est esthétique. Il y a dans le saut en hauteur un aspect presque artistique, qui rappelle la danse. Avec l’idée d’élévation, l’envie de s’extraire de l’attraction terrestre. En sport, je pratique plutôt la balade en forêt. Et je fais du crossfit tous les vendredis, tôt le matin, le seul moment de la semaine où j’arrive à dégager du temps à une heure fixe.»
Lors de la Fashion Week de Paris, le styliste valaisan Kévin Germanier salue le public pour sa première participation, où il a présenté 31 looks retraçant l’histoire de sa marque. 07.03, Paris, France:
«Sur cette photo, le contraste entre les dorures parisiennes et la manière dont ce styliste a fait sa place, à travers le recyclage de tissus, m’intéresse. Dans la mode, j’aime le côté rêve et la volonté d’aller dans chaque détail. Je suis passionnée de design. Je repère la matière, la coupe, le soin dans les finitions. La recherche de la perfection me plaît, autant dans l’esthétique que dans le confort.»
Kristy Sparow/Getty ImagesLors de la 94e cérémonie des Oscars, l’acteur américain Will Smith monte sur scène pour gifler l’humoriste Chris Rock, qui a plaisanté sur le crâne rasé de la femme de l’acteur, qui souffre d’alopécie. 28.03, Los Angeles, Etats-Unis:
«J’ai d’abord cru à un sketch. Après, tout est disproportionné dans cette affaire. Si le geste de Will Smith est lamentable, le battage médiatique est tout aussi fou, ainsi que la réaction des producteurs, qui ne veulent plus de l’acteur. Cela dit des choses sur la dérive moralisatrice de la société. Tout le monde a droit à l’erreur.»
Brian Snyder/ReutersDes enfants de 8 ans de l’école Vivalys en tenue d’astronaute participent à la simulation de mission spatiale de trois jours «Mission Petit Prince» à la Station spatiale internationale (ISS). Ils recherchent des morceaux d’astéroïdes à l’aide d’un robot. 10.03, Orsières (VS), Suisse:
«Ces enfants sont pleins de curiosité, ils mettent en pratique des connaissances scientifiques apprises pendant l’année. L’image renvoie à nos grandes difficultés avec l’Union européenne: le fait que nous n’ayons plus accès au programme Horizon Europe m’inquiète énormément. On risque un appauvrissement, alors que nous avons tellement de compétences dans notre pays.»
Laurent Gilliéron/EPA/KeystoneAmelia Anisovych, réfugiée ukrainienne, chante l’hymne national de son pays lors d’un concert caritatif en soutien à l’Ukraine. Une vidéo de la fillette de 7 ans chantant «Libérée, délivrée» du film «La reine des neiges» dans un abri anti-bombe à Kiev et diffusée sur les réseaux sociaux au début du mois avait ému le monde entier. 20.03, Lodz, Pologne:
«Il y a cette idée de l’enfant qui chante et incarne l’espoir d’une nouvelle génération. Mais l’image est tellement travaillée pour créer de l’émotion qu’il faut prendre un peu de distance. D’autant plus à notre époque de réseaux sociaux, qui rend tout recul si compliqué.»
Marian Zubrzycki/AP/KeystoneLors du 72e Congrès de la FIFA, le président Gianni Infantino remet un maillot au premier ministre du Qatar, le cheikh Khaled ben Khalifa ben Abdelaziz Al Thani. 31.03, Doha, Qatar:
«Je ne me positionne pas sur la politique internationale, qui est du ressort de la Confédération. A titre personnel, j’aime les événements comme la Coupe du monde de football, qui font briller les yeux des petits et des grands. Le sport est un reflet de la société; il se nourrit autant de débats que d’émotions. Ce qui m’importe dans ce cadre-là, c’est qu’on ne culpabilise ni les sportifs ni les spectateurs.»
Le skieur nidwaldien Marco Odermatt gagne le classement général de la Coupe du monde de ski alpin et celui du slalom géant. 20.03, Méribel, France:
«En le voyant, je pense à l’hiver, au chalet, à la fondue, à la Suisse. Le ski possède un fort côté identitaire. Si je suis Valaisanne d’origine, je n’ai appris le ski qu’à l’école, mes parents n’avaient pas le temps pour cela. Mais on regardait le ski à la télévision. Je n’oublierai jamais les Mondiaux de Crans-Montana en 1987.»
La chanteuse Rihanna célèbre sa première grossesse en assistant en tenue légère et sexy au défilé de la collection Dior, lors de la fashion week. 01.03, Paris, France:
«Franchement, cela ne me fait ni chaud ni froid. Le seul léger intérêt de cette photo tient peut-être dans le fait qu’on peut rester glamour tout en étant enceinte, et même en faire un élément de séduction. On est enceinte et femme, on est maman et femme, on n’est pas l’une ou l’autre.»
Des milliers d’Ukrainiens quittent leur pays après l’agression des forces armées russes, le 24 février. L’ONU annonce alors au moins 1 million de personnes déplacées. 05.03, Kiev, Ukraine:
«On sent le déracinement. La photo renvoie à des images de la Seconde Guerre mondiale qu’on n’était pas préparés à revoir, avec des exodes massifs de populations. Cela fait écho avec ma fonction. Le canton de Vaud accueille plus de 5000 réfugiés ukrainiens, avec tout ce que cela implique en matière d’écoles, de logements. Jusqu’à quand? On travaille désormais à moyen terme, car personne ne sait combien de temps ces personnes vont rester.»
Des parents ukrainiens amènent à l’hôpital leur fils de 18 mois, grièvement blessé dans un bombardement et qui ne survivra pas. 04.03, Marioupol, Ukraine:
«J’ai du mal avec ce type de photo. Si elle nous met effectivement devant l’horreur de la guerre, avec un enfant qui meurt en direct, elle a un côté presque voyeur. Je me sens mal à l’aise pour ces parents qui vont voir cette photo défiler pendant des années.»
Une femme ukrainienne enceinte est évacuée de la maternité de Marioupol qui vient d’être bombardée par l’armée russe. L’enfant et la mère décéderont. 09.03, Marioupol, Ukraine:
«L’éternel recommencement d’une histoire tragique, qui démontre l’extrême brutalité des guerres conventionnelles. Il n’y a aucun gagnant dans une telle guerre, qui entraîne des effets négatifs dans le monde entier.»