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Edouard Schmitz, le cavalier genevois qui fait des étincelles

C’est la star montante du monde hippique. A 23 ans, le Genevois est membre de l’équipe suisse qui a remporté le Grand Prix d’Irlande en 2022 et vient de décrocher la Coupe des nations à Saint-Gall. L’élégant cavalier parle de son amour pour les chevaux. Et de ce qu’ils lui ont appris.

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Edouard Schmitz avec son champion de 11 ans, Gamin Van’t Naastveldhof.

Edouard Schmitz avec son champion de 11 ans, Gamin Van’t Naastveldhof. «Nous nous comprenons parfaitement.»

Katja Stuppia

Le compliment vient d’un connaisseur. «Edi est un immense talent. Son sens aigu de l’équitation est l’un de ses points forts. Il dispose du potentiel nécessaire pour rejoindre l’élite au niveau international.» C’est ce qu’affirme Thomas Fuchs, 66 ans, coach national des cavaliers suisses de saut d’obstacles, l’un des meilleurs experts de la scène mondiale. Depuis six ans, il entraîne Edouard «Edi» Schmitz dans son centre équestre de Wängi, en Thurgovie. Ce jeune homme de 23 ans est une étoile filante du saut d’obstacles. Depuis cinq ans, il fait partie de l’équipe suisse. Il a remporté le Grand Prix d’Irlande à Dublin en 2022 et occupe la deuxième place mondiale dans la catégorie des moins de 25 ans. La victoire à Dublin a été récompensée par un prix de 150 000 francs. Intelligent, élégant et cool, le Genevois sait aussi se montrer modeste: «Sans la famille Fuchs, ma carrière n’aurait pas pris cette tournure.»

Suisse-allemand sans accent


L’entraînement est terminé. Après une courte sortie, Edi Schmitz ramène son cheval Gamin Van’t Naastveldhof à son box. «Il est très sensible. Maintenant que nous nous connaissons bien, nous nous faisons une confiance aveugle.» Edi Schmitz a installé six chevaux chez la famille Fuchs et s’entraîne tous les jours avec eux dans le manège ou dans le pré voisin. A Wängi, il s’exprime en suisse-allemand sans accent, ses parents sont bilingues. Contrairement à Thomas Fuchs et à Steve Guerdat, le cavalier n’est pas issu d’une famille d’éleveurs de chevaux. Edi a grandi avec ses deux frères et sœurs à Genève. Les animaux le fascinent depuis son plus jeune âge.

«J’ai souvent dû supplier mes parents pour qu’ils me laissent monter à cheval. Ils avaient peur que je sois trop exubérant et que je prenne trop de risques.» A 7 ans, le moment est venu: Edi peut aller à son premier camp d’équitation. Sa passion est née. Un an plus tard, ses parents lui offrent le poney Huckleberry. Il prend des leçons d’équitation, s’entraîne, dévore des livres spécialisés. A 10 ans, il appelle des propriétaires de chevaux dans les environs. En compagnie d’un ami, il veut aller voir les animaux pendant les vacances d’été. Ils vont d’écurie en écurie à vélo. «En une seule journée, nous nous sommes occupés de huit chevaux.»

Edouard Schmitz, Martin Fuchs et le cheval Leone Jei devant une écurie de la famille Fuchs

Edouard Schmitz (à droite) avec Martin Fuchs et le cheval Leone Jei devant une écurie de la famille Fuchs. «Je leur dois beaucoup.»

Katja Stuppia

Dans les années qui suivent, Edi se fait remarquer par ses succès en compétition sur de bonnes montures. En 2017, il réussit sa maturité à Genève. La même année, lors d’un entraînement des cadres de l’équipe suisse junior, il s’enquiert auprès de Thomas Fuchs au sujet d’un bon centre équestre. Celui-ci lui répond spontanément: «Viens chez nous!» Edi Schmitz déménage alors à Zurich et commence des études de génie mécanique à l’école polytechnique. Au bout d’un an, il se réoriente vers l’informatique. «Un contrepoint idéal au saut d’obstacles.» L’étudiant a deux côtés, l’un analytique et technique, l’autre émotionnel et intuitif. «Un cheval sent si je ne le soutiens pas à 100% sur le plan affectif. C’est la condition sine qua non du succès.»

Objectif: les Jeux olympiques de 2024 à Paris


Depuis son déménagement à Zurich, Edouard Schmitz parcourt chaque jour 50 kilomètres au volant de sa VW Polo pour se rendre à Wängi. Durant le trajet, il écoute de la musique: classique, pop et techno. A 7 h 30, il va voir ses chevaux à l’écurie. Thomas Fuchs et son fils Martin, No 4 au classement mondial, sont également là. «Thomas est mon mentor. Le père et le fils m’apprennent énormément.» Auparavant, il souffrait d’une volonté de vaincre excessive. «Je maîtrise désormais cela, notamment grâce à mon entraîneur mental.» Son coach Thomas Fuchs commente: «Edi est serein et fort nerveusement, il a de l’ambition.» Au sein de l’entourage proche du Genevois, il y a deux palefreniers, un entraîneur, un coach mental, un vétérinaire, un maréchal-ferrant et un manager.

Edi Schmitz travaille cinq heures par jour avec ses six chevaux. Trois d’entre eux – dont son cheval belge Gamin – sont la propriété de l’homme d’affaires tessinois Arturo Fasana, un bon ami du cavalier. Son deuxième cheval de compétition, le holsteiner Quno, âgé de 14 ans, appartient à la famille Schmitz. «Les chevaux m’ont appris à calmer mon impatience.» Ce n’est pas en forçant qu’on fait passer un obstacle à un animal de 600 kilos. «Le plus beau dans ce sport, c’est l’unité entre le cheval et le cavalier, la fusion totale. C’est une histoire d’amitié.»

Edouard Schmitz et son cheval Gamin

Edouard Schmitz à propos de Gamin: «C’est un animal très sensible qui exige énormément de doigté de la part du cavalier. Je passe beaucoup de temps avec lui.»

Katja Stuppia

Après l’entraînement, Edi rentre à Zurich, où il vit dans un appartement d’une pièce. D’abord du travail de bureau: planifier les compétitions, réserver les vols. Ensuite, il faut réviser! Le cavalier suit des études par correspondance en «data science» à l’Université de Londres et à la London School of Economics. Edouard Schmitz participe à des tournois 40 week-ends par an. Ses parents lui rendent régulièrement visite. Pendant ses rares jours de congé, le célibataire fait du jogging, lit des romans policiers et des livres de mathématiques. Jusqu’à récemment, il était en couple avec une championne. «Ma vie sociale se déroule lors des tournois», commente-t-il.

Ses prochains objectifs? Se qualifier pour les Championnats d’Europe de Milan, fin août. En 2022, la Suisse a remporté la prestigieuse Coupe des nations à domicile, pour la première fois depuis vingt-deux ans. L’équipe gagnante était composée de Martin Fuchs, Steve Guerdat, Edouard Schmitz et Pius Schwizer. Début juin, rebelote: au CSIO de Saint-Gall, Edi Schmitz fait partie de l’équipe qui gagne à nouveau la Coupe des nations. C’est la consécration. Le Genevois a franchi un obstacle supplémentaire et joue désormais dans la cour des grands.

Thomas Kutschera
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Par Thomas Kutschera publié le 25 juin 2023 - 09:48