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«L’ASF n’aurait jamais dû libérer Vladimir Petkovic!»

Le président de l’Association suisse de football (ASF) répond aux critiques après le départ précipité de Vladimir Petkovic, le coach de la Nati, qui laisse cette dernière orpheline à un moment crucial de la qualification pour la Coupe du monde. Dominique Blanc dit également respecter le choix de Lucien Favre, qui s’est distancié du poste.

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BAKU, AZERBAIJAN - JUNE 12: Vladimir Petkovic, Head Coach of Switzerland looks on during the UEFA Euro 2020 Championship Group A match between Wales and Switzerland at the Baku Olympic Stadium on June 12, 2021 in Baku, Azerbaijan. (Photo by Naomi Baker/Getty Images)

Naomi Baker

«Pour moi, la décision de l’ASF de libérer Vladimir Petkovic de son contrat alors que nous jouons un match capital pour la qualification à la Coupe du monde contre l’Italie, le 5 septembre à Bâle, est incompréhensible. Si, pour le coach, le moment choisi est idéal, il l’est en effet beaucoup moins pour l’équipe, forcément perturbée par l’effervescence que provoque cette situation.» Trente-quatre fois international dans les années 1970, Gabet Chapuisat dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. En outre, le consultant de Blue Sports (73 ans) rappelle avec à-propos que seul le premier de ce groupe C sera qualifié d’office, son dauphin devant passer par les barrages. Président de l’ASF, son compatriote vaudois Dominique Blanc fait une tout autre lecture de la question. «Il est clair que ce départ ne nous facilite pas la vie, reconnaît-il. Mais retenir un coach qui veut partir ne sert à rien. Le succès vient par l’enthousiasme, la passion, la conviction, pas par la contrainte. A partir du moment où quelqu’un a choisi une nouvelle voie, la collaboration devient contre-productive. Dès lors, libérer M. Petkovic, avec qui nous entretenons par ailleurs d’excellentes relations, nous a paru la seule option raisonnable.»

Dans Le Nouvelliste, Gelson Fernandes, le tout nouveau vice-président du FC Sion, estime pour sa part que l’ASF aurait pu s’épargner le problème en prolongeant le contrat du coach originaire de Bosnie-Herzégovine sitôt après la qualification pour les quarts de finale de l’Euro. Une remarque qui fait sourire le dirigeant lausannois, d’humeur badine au téléphone à l’heure de terminer une grande randonnée à travers la Bretagne, en compagnie de quelques amis. «Son contrat était de facto prolongé puisqu’il courait jusqu’au 31 mars 2022 en cas de barrages pour la Coupe du monde, puis jusqu’au 31 décembre de la même année en cas de qualification. Tout cela était soigneusement ficelé et clair entre nous. Nous n’avions donc aucune raison de rediscuter de quoi que ce soit, même lors de la brillante qualification pour les quarts de finale de l’Euro.» Une chose sur laquelle tout le monde est d’accord, en revanche, c’est que l’ASF n’a pas le droit de se tromper dans le choix du successeur de «Vlado», comme l’appelle le président. «Le moment est important. Nous devons impérativement retomber sur nos pattes», reconnaît ce dernier, en laissant entendre que son comité avait plus ou moins anticipé la situation. «C’est un scénario que nous avions envisagé et les tiroirs sont nombreux et loin d’être vides dans le bureau de notre direction technique, confie-t-il, énigmatique. Vous pouvez m’appeler tous les jours. Je vous dirai tout ce que je sais sauf le nom des appelés, dont l’un d’entre eux sera élu au plus tard à la fin de la semaine.»

Libre de tout engagement depuis son licenciement du Borussia Dortmund et la fin de son contrat, le 30 juin dernier, Lucien Favre (64 ans en novembre), qui apparaissait comme le successeur tout désigné, a d’emblée confirmé qu’il n’était pas candidat. «Il est vrai qu’avec son expérience Lulu a le profil idéal. Mais on sait qu’il n’a pas l’esprit kamikaze, il a certainement dû estimer qu’il avait plus à perdre qu’à gagner dans cette aventure», analyse Gabet Chapuisat. «C’est son choix. Il nous l’a fait savoir avec courtoisie et je le respecte», renchérit Dominique Blanc, en refusant de commenter la décision du citoyen de Saint-Barthélemy, qui aurait pu venir au secours de la nation en cette période délicate. «Ne me demandez pas de porter un jugement. Il a sans doute de bonnes raisons d’agir ainsi», coupe le boss du football suisse.

Sept ans après avoir succédé à Ottmar Hitzfeld, le moment est donc venu de tourner la page Petkovic. «Nul n’est irremplaçable, mais il est vrai qu’il a signé les meilleurs résultats de l’histoire de la Nati, remarque Gabet. A mes yeux, les seuls bémols sont les éliminations contre la Pologne, à l’Euro 2016, et en 2018 face à la Suède, à la Coupe du monde. A part ça, on ne peut pas lui reprocher de s’être souvent trompé.» Le père de Stéphane regrette néanmoins le manque de communication de l’Helvético-Bosnien. «On aurait aimé l’entendre parler français de temps en temps. Cela aurait assurément contribué à le rendre plus populaire de ce côté de la Sarine.»

A Bordeaux, où il a d’ores et déjà pris ses fonctions, Vladimir Petkovic devra forcément se mettre à la langue de Molière. Lié aux Girondins pour trois ans, il rallie un club certes ambitieux, mais qui se trouvait au bord de la faillite il y a trois mois encore. «A cause de ses problèmes financiers, le club n’a pas le droit de recruter avant d’avoir vendu quelques joueurs. Le hic, c’est qu’à mes yeux le capital-joueurs négociable se résume au jeune avant-centre Sékou Mara (18 ans), qui n’est autre que le fils d’Audrey Crespo-Mara, la présentatrice vedette de TF1, récemment remariée avec Thierry Ardisson», confie Marc Roger, l’ancien président de Servette, toujours au fait de l’actualité. «Mais le nouveau patron, Gérard Lopez, également propriétaire de Boavista, un club portugais, et de Mouscron, en Belgique, a des ressources. Cela étant, il ne tolérera pas longtemps des résultats médiocres», poursuit l’ancien agent de joueurs, établi à Alès. Du haut de son expérience, «Petko» sait bien que l’aura que lui a donnée l’élimination de la France à l’Euro ne durera pas éternellement…


«Contre l’Italie, le nouveau peut réussir un baptême du feu fracassant»

Renvoyé sur le banc, à l’Euro, après ses déclarations qui ont suivi la défaite contre l’Italie, Kevin Mbabu ne considère pas avoir été puni par Vladimir Petkovic, dont il gardera un bon souvenir.

Kevin Mbabu

Kevin Mbabu

Le joueur de la Nati Kevin Mbabu.

Facebook / Kevin Mbabu

- Pensiez-vous à ce départ précipité de votre coach sitôt après l’Euro?
- Kevin Mbabu: A vrai dire, ce n’est qu’une demi-surprise pour moi. On entendait çà et là que des clubs lui portaient de l’intérêt et pour lui, partir après sept ans en ayant réussi ce qu’aucun autre coach n’avait accompli jusque-là, est idéal.

- Moment idéal pour lui, beaucoup moins pour l’équipe, à un gros mois de la rencontre amicale contre la Grèce (1er septembre) et du match de qualification pour la Coupe du monde contre l’Italie (5 septembre). Une échéance qui peut faire peur à son successeur…
- Le nouveau coach peut aussi voir cette échéance comme un défi, se dire que créer la surprise contre le nouveau champion d’Europe peut lui offrir un baptême du feu fracassant. Nous avons une revanche à prendre et nous jouerons le coup à fond.

- Le temps presse, l’équipe a besoin d’être rassurée…
- Nous avons l’habitude de ces changements, les gens vont et viennent, c’est un peu la loi du football. Je pense que le nouvel arrivant ne va pas tout chambouler. A nous de nous adapter. Si son nom est connu à la fin de la semaine, je crois que la transition s’opérera sans trop de difficultés.

- L’ASF vous consulte-t-elle avant de prendre sa décision?
- J’imagine qu’elle demande l’avis du capitaine, Granit Xhaka, et peut-être de l’un ou l’autre leader de l’équipe. Personnellement, je n’ai pas d’infos à ce sujet.

- Après le match contre l’Italie à l’Euro (défaite 3-0), vous avez déclaré que certains n’avaient pas tout donné et que cette attitude vous décevait. Depuis cette déclaration, vous n’avez plus été titularisé. Petkovic vous a puni?
- Certains l’ont interprété de cette manière. Moi pas. Quand on appartient à un cadre de 28 joueurs, on accepte les décisions du coach qui, en l’occurrence, ne m’a pas donné d’explications.

- Quel souvenir garderez-vous de lui? Vu de l’extérieur, il donne le sentiment d’un type assez froid…
- Un bon souvenir puisque c’est lui qui m’a appelé en sélection la première fois. Il a réussi à souder le groupe et a toujours privilégié l’intérêt du collectif aux dépens des intérêts individuels. Bosser avec lui était assez agréable. C’est quelqu’un de plutôt cool, qui fait confiance à ses joueurs. Pas du tout militaire dans sa manière de diriger.

Par Christian Rappaz publié le 3 août 2021 - 10:36