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Le beach-volley, bien plus qu'une affaire de bikini

Le sable suisse pourrait les amener aux médailles olympiques. Les beach-volleyeuses Joana Heidrich et Anouk Vergé-Dépré ainsi que Nina Betschart et Tanja Hüberli parlent de leur fascination pour ce sport complet et exigeant. Pour «L’illustré», elles portent des maillots de bain rétros, qui datent des débuts de leur discipline.

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Le quatuor de l'équipe suisse de beach-volley se livre à «L'illustré» au sujet de ce sport et de leurs performances aux Jeux olympiques. 

fotostudio prolith

Quand on demande aux meilleures joueuses suisses de beach-volley les aspects qui les fascinent dans leur discipline, leurs réponses se ressemblent. «J’aime assumer des responsabilités», relève Tanja Hüberli, 28 ans. Sa partenaire Nina Betschart, 25 ans, complète: «C’est une discipline sportive exigeante, car elle associe à la pression exercée par un sport individuel une dimension humaine au sein de l’équipe.» Joana Heidrich, 29 ans, illustre cette contrainte avec un exemple: «Quelle que soit ma forme du jour, je dois faire bonne figure sur le terrain, ce défi me stimule.» Sa coéquipière Anouk Vergé-Dépré, 29 ans, souligne: «Il n’y a pas de remplaçante en beach-volley, impossible de se cacher. Chaque joueuse doit prendre part à presque toutes les actions. En même temps, il convient de se concentrer en permanence sur sa partenaire.» Le jeu oblige à prendre des décisions en une fraction de seconde. La communication avec la partenaire est essentielle. Pour les quatre championnes, elle fait le charme de ce sport.

>> Lire aussi notre éditorial sportif: Beach-volley: le bikini a encore de belles heures devant lui

Pendant longtemps, l’attention s’est concentrée sur les équipes masculines, avec Martin et Paul Laciga ou Patrick Heuscher et Stefan Kobel, médaillés de bronze aux Jeux de 2004. Au cours de la dernière décennie, les duos féminins ont poussé les hommes dans l’ombre. Aux JO de Rio, en 2016, Joana Heidrich et Nadine Zumkehr ainsi que Anouk Vergé-Dépré et Isabelle Forrer ont remporté de nombreuses victoires.

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Le turban de la Zougoise Nina Betschart est inspiré de l’actrice Grace Kelly.

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Le quatuor actuel a démontré qu’il peut se mesurer aux meilleures du monde. L’adaptation à la chaleur représente un facteur essentiel. A cet effet, Joana Heidrich et Anouk Vergé-Dépré se sont entraînées dans des salles surchauffées, alors que Tania Hüberli et Nina Betschart ont suivi un camp en Grèce. Le premier duo a également modifié son alimentation afin d’optimiser récupération et performances. «Les analyses nous ont montré que nous mangions trop peu en comparaison avec nos dépenses énergétiques», explique Anouk Vergé-Dépré. Les deux sportives ont presque doublé leur apport en énergie. Elles accroissent ainsi leur masse musculaire et diminuent leurs réserves de graisse. Les deux équipes ont aussi intensivement investi dans le domaine mental.

«S’il est utile de sauter 10 centimètres plus haut, la tête conserve le rôle moteur et la victoire revient aux sportifs qui parviennent à réaliser des performances dans des situations émotionnelles complexes», dit Tanja Hüberli. Et si les reines du beach à Tokyo venaient de Suisse, pays sans accès direct à la mer? Questions au duo Heidrich-Vergé-Dépré. Le père de la seconde, Jean-Charles, d’origine guadeloupéenne, a fait les beaux jours du LUC Volleyball, à Lausanne.

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Imprimé floral années 1950 pour la Bâloise Joana Heidrich. Elle fait équipe avec Anouk Vergé-Dépré depuis 2017 et le retrait de leurs partenaires respectives.

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- Laquelle de vous deux est la moins ponctuelle?
- Anouk Vergé-Dépré: Clairement moi. Mon rapport au temps est influencé par le climat des tropiques. Auparavant, j’arrivais toujours au dernier moment à l’aéroport.
- Joana Heidrich: Maintenant, j’ai un peu moins d’avance et Anouk arrive un peu plus tôt, nous avons trouvé un bon compromis (rires).

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Manches bouffantes, chapeau de soleil et faux airs de Brigitte Bardot pour Anouk Vergé-Dépré, dont le père est originaire de Guadeloupe.

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- Dans les années 1980, le beach-volley s’est professionnalisé. Quand avez-vous songé à en faire un métier?
- J. H.: Assez tôt. Après mon apprentissage de commerce, j’ai senti que c’était le bon moment. Avec les longues heures d’entraînement et les nombreux voyages, il devenait presque impossible de travailler à côté. Je suis heureuse que tout se soit bien passé, tant pour les résultats que pour l’aspect financier. La vie d’une sportive d’élite me plaît. Je ne l’ai jamais remise en cause.
- A. V.-D.: Une des difficultés du beach-volley réside dans le fait que tout n’est pas aussi bien organisé que pour le volleyball, par exemple. Nous nous occupons nous-mêmes de nos entraînements et de nos voyages. Si on choisit le beach-volley, il faut accepter un certain risque. J’ai renoncé au volley en salle quand Isabelle Forrer m’a demandé de jouer en tandem avec elle. Je ne l’ai jamais regretté.

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La Schwytzoise Tanja Hüberli en maillot de bain avec chemise nouée à la taille, toujours très tendance aujourd’hui. Elle est l’amie du skieur valaisan Ramon Zenhäusern.

Gary Wagner

Depuis quand rêvez-vous des Jeux?
- J. H.: Je me souviens parfaitement de la manière dont Heuscher et Kobel ont gagné le bronze aux Jeux de 2004. Je me suis dit que je voulais y parvenir. Depuis, j’ai tout mis en œuvre dans ce but.
- A. V.-D.: Mon père était déjà coach. J’ai suivi de nombreux tournois, enfant. Je me rappelle qu’il était présent aux Jeux de 1996 avec Martin et Paul Laciga. Je regardais les matchs à la télévision. J’ai respiré l’atmosphère olympique dès mon plus jeune âge.

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Encore peu de règles claires, mais du plaisir et de la passion lors de cette partie de beach-volley dans les années 1930 sur la plage de Venice, à Los Angeles.

DR

- Le beach-volley implique la musique, l’ambiance festive et les corps dénudés. Cela vous dérange-t-il?
- A. V.-D.: Cela me dérange quand l’attention se détourne des efforts consentis pour se réduire au bikini et à la fête. Cependant, il s’agit de la particularité de notre discipline. Plutôt que de condamner ces aspects, nous devrions en tirer avantage. Le bikini est notre vêtement de travail, il est lié à la plage.
- J. H.: J’aime l’ambiance émotionnelle dans notre jeu. J’apprécierais moins le tennis, où les spectateurs attendent la fin d’un échange pour applaudir. A propos du bikini, ma position est ambivalente. Auparavant, je ressentais une pression, car tout le monde pouvait voir mon corps. Mes pensées tournaient souvent autour de la nourriture et de ma ligne. Aujourd’hui, je suis à l’aise en bikini comme dans mon corps.
- A. V.-D.: Pour moi, c’était l’inverse. Le port constant du bikini m’a aidée à apprivoiser mon physique. Si tous les athlètes jouent en maillot, il est beaucoup plus naturel d’accepter les différences. Chaque corps est beau tel qu’il est. Personne n’a besoin de se cacher. Il serait pourtant préférable de choisir librement sa tenue, que ce soit pour des motifs climatiques, religieux ou autres.

Par Sarah van Berkel publié le 29 juillet 2021 - 07:45