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Musique

Le chanteur Fantin Moreno alias Pale Male: «Je suis un mec normal, plein de failles»

Animateur sur Couleur 3, musicien connu sous le nom de Pale Male, Fantin Moreno a plusieurs casquettes. Il aurait même pu porter celle de conducteur de train, s’il avait accompli son rêve d’enfant! Aujourd’hui, il parle de musique et de son nouvel album, «Season Finale».

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Fantin Moreno

Fantin Moreno alias Pale Male sort son nouvel album «Season Finale». 

David Wagnières

Sa voix vous est peut-être déjà connue si vous écoutez Couleur 3. Animateur depuis quatre ans de «3ème mi-temps», de «Pop Up», émission musicale, du lundi au jeudi, chroniqueur occasionnel aux «Bras cassés» et instigateur de l’émission «Footaises» avec Blaise Bersinger et Charles Nouveau pour les Coupes du monde et les Euros de football, Fantin Moreno est à l’aise derrière un micro. Musicien autodidacte et néanmoins accompli, il a écumé les scènes de Suisse et d’Europe avec son groupe, Deep Kick, depuis 2011. Dans la vie de Fantin Moreno, ou plutôt de Pale Male, puisque c’est du musicien que nous parlons ici, la musique est essentielle. Après un premier EP de six titres sorti en 2018, 12 dates en Europe, une tournée sur la côte Ouest des Etats-Unis et de nombreuses scènes en Suisse, la pandémie de Covid-19 est venue jouer les trouble-fêtes. Qu’à cela ne tienne, Pale Male en a profité pour préparer un nouvel album. Auto-produit, extrêmement personnel (il joue presque de chaque instrument sur son album), «Season Finale» est une véritable série, dont les épisodes sont diffusés un à un sur sa chaîne YouTube. Avec cet album, Fantin Moreno se met à nu, bien loin de l’image comique et enjouée qu’on lui associe lorsqu’il est sur les ondes.



- Vous vous êtes énormément impliqué dans cet album. Qu’avez-vous fait vous-même?
- Fantin Moreno: J’ai fait la batterie, la basse, la guitare électrique et acoustique, les claviers, les percussions et la voix. Ce que je n’ai pas fait, c’est les instruments à vent, donc du bugle, du saxophone et du trombone. Il y a aussi les instruments à cordes, un orchestre de 20 personnes qui était en Macédoine. Pour certains «backing vocals», Brízida Torres m’a aidé parce que je voulais un grain féminin, et sinon il y a Olivier Uldry, qui est guitariste. Dès qu’il y a des solos, des parties un peu compliquées, c’est lui qui s’en charge.

- Comment vous est venue cette passion de la musique?
- Quand j’étais gamin, je tapais partout. Ma mère en avait marre et m’a mis dans une fanfare. Du coup, peu de gens savent que le tout premier truc que j’ai fait, c’est que j’ai passé six ans aux Cadets de Genève, au tambour. Ça m’a donné une super base pour la batterie. Les cours de tambour m’apprenaient la technique et de l’autre côté j’avais une chaîne hi-fi, j’appuyais sur «play» et je jouais les morceaux par-dessus, sans prof, sans rien. Pour les autres instruments, comme la guitare, j’ai regardé des vidéos pour savoir comment placer les doigts sur les cordes et j’ai tout appris en autodidacte. Par contre, si vous me posez devant une partition, c’est la panique!

- C’était un gros risque de vous impliquer dans autant de parties de votre album, non?
- Ben aujourd’hui, c’est un risque de faire un disque, pour moi comme pour tout le monde. En revanche, c’était plutôt un choix pratique de faire autant de choses tout seul. Il y a un gain de temps, parce que je n’ai pas besoin d’expliquer à quelqu’un quoi jouer. Et chaque minute coûte de l’argent en studio! Ça gagne en authenticité de pouvoir jouer les choses comme je les entends dans mon cerveau. Du coup, cet album, il est encore plus «moi».

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- Que ressentez-vous quand vous jouez? Quand vous êtes sur scène?
- J’essaie d’être dans le même état émotionnel que quand j’ai écrit la chanson, pour retrouver la même voix. J’ai longtemps chanté, mais je n’avais jamais poussé ma voix très haut ou très bas. Dans mon groupe de rock, je devais chanter par-dessus les instruments. J’avais une batterie à côté, donc il fallait que je gueule. Ensuite, en 2018, quand j’ai lancé Pale Male, j’étais dans une période émotionnellement hyper-intense, je suis naturellement allé chercher des notes que je n’avais jamais touchées avant. L’émotion m’a poussé vers des spectres de ma voix que je ne connaissais pas et je me suis découvert une voix. Quand je suis sur scène, je suis dans un état hyper-vulnérable, hyper-honnête, intense. Souvent très triste et incertain. Il y a beaucoup de douleur aussi. Et il y a vraiment une volonté d’outrepasser cette douleur.

- Que vouliez-vous raconter avec cet album?
- J’avais envie de raconter des histoires douloureuses dans lesquelles les gens pouvaient se retrouver. Je parle de rupture, d’avortement, de religion et de mon rapport à la foi. Ça, c’est hyper-tabou, par exemple, et même avec des potes proches, on n’en parle pas forcément. J’ai voulu explorer la douleur et montrer qu’on peut s’en sortir. Accepter la douleur et pas faire semblant que tout va bien. Je suis vraiment fasciné par la façon dont l’humain, avec sa résilience, va outrepasser la douleur. Je n’aime pas dire ça parce que c’est cliché, mais il y a un côté où la musique m’a sauvé la vie. Après, j’ai aussi voulu essayer de parler d’histoires qui ne sont pas les miennes et ne pas faire que des chansons de peine de cœur clichés de songwriter.

- Est-ce que vous seriez prêt à choisir entre radio et musique et, si oui, laquelle gagnerait?
- Alors, ça va très vite. Oui, je serais prêt à choisir et si, demain, j’avais une opportunité dans la musique, je choisirais la musique. La radio, j’en fais depuis huit ans, la musique, j’en fais depuis que j’ai 8 ans. J’adore mon boulot, mais mes chefs savent que si j’ai un album qui flambe ou une tournée aux Etats-Unis, je vais dire oui le lendemain, au risque de perdre mon poste. Parce que je sais que c’est ce qui me rend le plus heureux.

>> En concert les 16 et 17 décembre, 20 h, à l’Esprit frappeur, à Lutry: www.espritfrappeur.ch


 

Mes 5 repères:

 

1. Les gens


Ça paraît bidon, mais j’ai besoin d’être entouré de gens tout le temps. Je vis via l’interaction sociale. J’aime trop ça.

 

2. Les transports

Fantin Moreno
Jean-Christophe Bott/Keystone

Et là, je mets train et voiture. Le train parce que j’ai l’AG depuis mes 15 ans et que je passe ma vie dedans. Quand j’étais petit, ma mère me posait devant la gare et je pouvais passer des heures à regarder les trains. C’est là que je compose, aussi. Et la voiture parce qu’elle est synonyme de concert et donc de découverte perpétuelle.

 

3. Le micro

C’est un objet, en musique ou en radio, derrière lequel je me sens hyper en sécurité et à l’aise. Il n’y a jamais de panique, toujours de la bienveillance.

 

4. Le Stade de Genève

Fantin Moreno
Salvatore di Nolfi/Keystone

Parce que le foot, c’est ma passion, parce que j’ai une émission de sport à la radio. Et c’est un grand moment de détente chaque semaine d’aller voir Servette. Même si, quand je suis au stade, c’est rarement de la détente, ça me fait quand même beaucoup de bien.

 

5. «Last but not least», ma mère

C’est l’ancre de tout, une warrior absolue qui, toute seule avec un salaire misérable, a élevé quatre enfants. Je suis immensément reconnaissant de ça et je suis super fier de ce qu’elle a fait.

 

Par Grégoire Egger publié le 10 décembre 2021 - 14:59