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Le manul, ce gros chat sauvage qui résiste à des températures extrêmes

Avec sa tête plate, ses courtes oreilles et son épaisse fourrure, le manul, ou chat de Pallas, se cache dans les régions isolées des steppes d’Asie centrale. Cet été, le photographe Sylvain Cordier a rencontré ce petit félin très discret qui est aussi un as du camouflage.

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manul

La tête du chat de Pallas est large et aplatie. Ses oreilles sont placées très bas de chaque côté du crâne, alors qu’elles se situent sur le haut de la tête des chats domestiques. Ses pupilles ne forment pas une fente comme chez les autres petits félins, mais sont rondes comme celles des grands félins (lions, tigres, léopards, etc.). Le manul est également doté d’une troisième paupière qui sert de protection contre les vents froids et les tempêtes de poussière.

Sylvain Cordier

En Mongolie, à 800 km à l’est d’Oulan-Bator, la capitale, la steppe s’étend sans fin. A perte de vue, les vastes plaines d’herbe rase ne sont rythmées que par des accumulations de rochers usés par l’érosion. C’est là que le photographe Sylvain Cordier a dressé son affût, au mois de juillet 2022.

«C’est l’habitat typique du chat de Pallas. Il y trouve refuge, élève sa nichée et y passe la majeure partie de son temps. Son territoire de chasse s’étend sur un rayon de 1 kilomètre: des passereaux et des petits rongeurs, en particulier des campagnols.» Ce petit félin sauvage, qu’on nomme également manul en mongol, possède la taille d’un chat domestique. Mais il se distingue de nos compagnons apprivoisés par une fourrure plus épaisse et des pattes plus courtes, ce qui renforce l’apparence ramassée et trapue de sa silhouette. Ainsi équipé, il peut endurer des températures allant jusqu’à -50°C. 

manul

Grand maître du camouflage, le chat de Pallas élit domicile dans des amas de rochers où il aménage sa tanière. Il n’en sort qu’au crépuscule ou à l’aube pour chasser. Sa discrétion et le fait qu’il vit exclusivement dans des steppes très isolées font de lui un félin encore mal connu.

Sylvain Cordier

Les quinze jours de guet que le photographe a passés dans les steppes mongoles ont été largement récompensés. Une dizaine de familles de chats différentes, chacune avec des portées de deux à quatre petits, ont fini par apparaître. Mais une seule sur les dix a accepté l’affût et daigné se montrer avec ses petits sans trop de méfiance… Comme souvent, la patience est la clé du succès, confirme le photographe: «Il faut être dans l’affût vers 16 heures, puis ne plus bouger ni dire un mot avant que les petits ne sortent de leur tanière, généralement vers 19 heures. La femelle apparaît en premier, soudainement, entre deux rochers. On ne voit d’abord que le sommet de sa tête et ses grands yeux clairs, qui peuvent vous fixer pendant une heure ou plus sans ciller des paupières. Quant aux petits, ils sont plus insouciants, quoique toujours vigilants. Ils ne se montrent que rarement et ne s’écartent que très peu de leur terrier entre les rochers.»

Lorsque le félin détecte un quelconque danger – le chat de Pallas est la proie des hiboux, des aigles, des loups, des chiens de berger et des amateurs de fourrure –, il bat en retraite avec une extrême lenteur. Sa tête s’abaisse centimètre par centimètre jusqu’à disparaître complètement derrière les rochers. Il utilise cette même stratégie pour la chasse. A l’affût, il réduit sa hauteur jusqu’à ce que son ventre touche terre, puis déplace ses pattes et son corps avec une impressionnante lenteur, «comme un tapis qui bouge imperceptiblement», explique le photographe, admiratif de ce félin passé maître dans l’art du super-ralenti. 

Par Bertrand Cottet publié le 13 février 2023 - 08:33