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Astronomie

Le télescope James Webb capture des images inédites de l'Univers

Après ses cent premiers jours d’activité, le télescope spatial James Webb (JWST) a confirmé qu’il était d’abord un instrument pour la recherche scientifique. Mais son acuité sans précédent permet aussi de produire des images de l’Univers à couper le souffle.

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Visions d’un voyeur spatial

La très fameuse et très photographiée nébuleuse de la Lyre avec une résolution jamais observée. Le JWST a réussi à détailler avec une extrême finesse les dentelles de gaz expulsé par l’étoile en fin de vie.

NASA, ESA, CSA, STScI, Webb ERO
Philippe Clot

On allait voir ce qu’on allait voir, promettait la NASA. Son nouveau télescope spatial à 10 milliards de dollars nous en mettrait plein la vue et permettrait aux astrophysiciens de comprendre enfin la prime enfance de l’Univers, de détecter une exoplanète abritant de la vie et de résoudre tout plein d’autres énigmes d’astrophysique. Cent jours après la publication de la première image du James Webb Space Telescope (JWST), il est temps de revenir sur Terre pour un premier bilan ultra-positif de cet instrument, mais un premier bilan qui permet aussi de modérer les sonneries de trompette initiales.

D’abord, le télescope James Webb et ses instruments embarqués fonctionnent parfaitement, hormis quand même un des spectrographes qui demeure pour l’instant inutilisable en raison d’un ennui mécanique. Ensuite, la vingtaine d’images de galaxies, de nébuleuses et du système solaire déjà publiées démontre que le grand miroir du télescope et ses capteurs infrarouges high-tech parviennent bel et bien de voir l’espace et son bestiaire avec plus d’acuité que jamais.

Visions d’un voyeur spatial

La dernière image en date livrée par les responsables du télescope. Les fameux Piliers de la création de la nébuleuse de l‘Aigle, savamment colorisés par les graphistes spécialisés. La vision dans l’infrarouge du JWST permet de visualiser les étoiles en formation (zones rouges) dans ces nuages de matière.

NASA, ESA, CSA, STScI, and Alyss

Pourtant, pour le grand public, il s’agit plus d’une simple amélioration que de la révolution que certaines des images de Hubble avaient provoquée dans les années 1990. Il faut rappeler que le JWST est d’abord conçu pour les scientifiques. Cet instrument, avant d’être comme Hubble d’abord un appareil photo, est surtout un Sherlock Holmes spatial. Depuis son poste d’observation situé à 1,5 million de kilomètres de la Terre, ce concentré de technologie enregistre des informations sur les températures, les densités, les compositions chimiques de tout ce qu’il «regarde» avec son miroir de 6 m de diamètre. Toutes ces opérations passionnent les chercheurs, un peu moins les citoyens lambda, qui préféreraient qu’on leur annonce – scénario illusoire – la découverte d’une planète identique à la nôtre, avec des images féeriques.

Il y a pourtant au moins une mission du JWST qui fera vibrer à l’unisson scientifiques et grand public: un futur champ profond de galaxies lointaines. Le nouveau télescope avait publié sa première image le 11 juillet sur ce thème et démontré qu’il était capable de faire mieux que Hubble avec un temps de pose bien plus court. Il est prévu de rééditer cette démonstration, mais avec cette fois des temps de pose bien plus longs, qui feront apparaître des galaxies encore jamais observées. Découvrir ces témoins des débuts de l’Univers, ces petites taches de lumière vieilles de plus de 13 milliards d’années, ce sera presque comme s’offrir un moment d’éternité.

Par Philippe Clot publié le 31 octobre 2022 - 08:57