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«L’illustré» a retrouvé les anciens sosies de Nadia et de Titeuf, personnages emblématiques de Zep

En 2004, deux écoliers romands, David Andrey et Meghan Colpa, remportaient un concours de sosies organisé par «L’illustré». En marge de la sortie de «Suivez la mèche», le nouveau «Titeuf», Zep souhaitait savoir ce qu’ils étaient devenus. Retrouvailles.

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David Andrey et Meghan Alvariño, sosies de Titeuf et Nadia, avec Zep

«J’ai coupé ma mèche», plaisante David Andrey, adossé à Meghan Alvariño. Zep les observe. Il y a dix-neuf ans, alors écoliers, ils avaient été élus sosies de Titeuf et Nadia.

Blaise Kormann

«Il y a une vingtaine d’années, «L’illustré» avait organisé un concours de sosies des personnages de Titeuf et Nadia. Ce serait sympa de retrouver les gagnants, non?» Face à une telle requête, pas question de se défiler. Direction les archives, le No 40 de l’année 2004.

Nadia se marie, dixième album de Titeuf – le premier avec une histoire suivie –, vient de sortir de presse. Dix-sept enfants âgés de 6 à 12 ans ont été sélectionnés sur photo parmi une quarantaine de candidats. Conviés dans les locaux de «L’illustré», ils défilent devant un jury présidé par Zep lui-même. Meghan Colpa, d’Yverdon, et David Andrey, d’Aigle, 9 ans tous les deux, sont désignés sosies officiels de Nadia et Titeuf.

Les 17 finalistes du concours de sosies organisé en septembre 2004 par «L’illustré».

Les 17 finalistes du concours de sosies organisé en septembre 2004 par «L’illustré».

Claude Gluntz

Près de vingt ans après, nous voici lancés sur leurs traces. Après d’intenses recherches, ils sont localisés. Ils se sont mariés. Séparément. Opticienne à Yverdon, Meghan Alvariño est maman d’un bébé de 11 mois. David Andrey, quant à lui, est policier à Monthey.

Tous deux sont enthousiastes à l’idée de revoir Zep, qui a fait de «Titeuf» (31 millions d’albums vendus) un empire. Le Beau-Rivage Palace, à Lausanne, accueillera ces retrouvailles. «Titeuf» le vaut bien.

Il y a dix-neuf ans, alors écoliers, Meghan Alvariño et David Andrey avaient été élus sosies de Titeuf et Nadia.

Il y a dix-neuf ans, alors écoliers, Meghan Alvariño et David Andrey avaient été élus sosies de Titeuf et Nadia.

Claude Gluntz

Ponctuels, David-Titeuf et Meghan-Nadia sirotent un verre en terrasse en se remémorant leurs galères vestimentaires respectives lors de ce fameux concours de «L’illustré». «Il fallait reproduire le look de Titeuf, raconte David Andrey. Zalando n’existait pas encore. Ma mère avait déniché un pantalon type cargo blanc, mais on avait sacrément ramé pour trouver un t-shirt uni violet!»

>> Lire aussi: Tous de mèche avec Zep

Le sort funeste des statuettes
 

Nos deux lauréats avaient chacun reçu en cadeau une statuette de Titeuf en résine, numérotée et signée. De superbes objets de collection qu’ils ne possèdent plus. «La mienne représentait Titeuf regardant dans son slip, confie Meghan, hilare. Je la trouvais géniale. Elle m’a suivie longtemps, jusqu’à mon premier appartement, et puis un jour elle est tombée et a été détruite.» Même funeste destin pour celle de David: un Titeuf écolier avec son cartable. «Je l’adorais, mais, peut-être trois mois après le concours, je passais l’aspirateur dans ma chambre quand la statuette a chuté de l’armoire et s’est brisée en mille morceaux. Titeuf a repris son indépendance.» 

Zep arrive enfin. Relax. Elégant. «C’est cool de vous revoir, lance-t-il à la cantonade. Je vous aurais reconnus, je pense. Au fond, vous n’avez pas tellement changé.» Flatteur. Attendri, aussi.

L’auteur genevois avoue garder «un souvenir assez confus du concours». «Je me rappelle tous ces enfants déguisés en Titeuf et Nadia. Un moment assez surréaliste.»

Zep est intrigué par le destin de ses hôtes. David Andrey le prend de vitesse. «Qu’est-ce que Zep aurait souhaité que Titeuf et Nadia deviennent?» lui demande-t-il. L’auteur sèche: «On me pose souvent la question. Que deviendra Titeuf quand il sera grand? Honnêtement, je n’en sais rien, mais pour une fois, grâce à vous, j’ai deux versions possibles.»

Dix-neuf ans ont passé, pourtant, jure Zep à Meghan et David, «je vous aurais reconnus». Celle qui fut la réplique de Nadia est désormais opticienne à Yverdon. Et l’ex-sosie de Titeuf a rejoint la police à Monthey.

Dix-neuf ans ont passé, pourtant, jure Zep à Meghan et David, «je vous aurais reconnus». Celle qui fut la réplique de Nadia est désormais opticienne à Yverdon. Et l’ex-sosie de Titeuf a rejoint la police à Monthey.

Blaise Kormann

Zep leur demande si se retrouver tout d’un coup à la une de «L’illustré» n’a pas été trop délicat à gérer «sur le plan scolaire». «Non, le rassure Meghan Alvariño. C’est plutôt dans ma famille que ça a réagi. On m’a ensuite offert plein d’albums de «Titeuf» et même le jeu vidéo pour la PS2.» David Andrey, lui, se souvient «d’une copine qui s’était pointée dans la cour de l’école en brandissant le magazine, mais c’était bon enfant».

«Cela reste tout de même un épisode singulier dans notre existence, poursuit le Chablaisien. Quand je me retrouve à parler BD avec des amis ou des collègues, il m’arrive de dire: «Je suis Titeuf!» En général, ça plonge la tablée dans l’incrédulité, mais j’ai des photos pour le prouver.»

Deux vies, deux trajectoires


Meghan Alvariño raconte que, le jour de son mariage, elle n’a pas échappé au clin d’œil. «J’ai eu droit à un panneau avec plein de photos de moi petite et la couverture de «L’illustré» y figurait.»

La discussion s’engage autour de l’identification aux personnages créés par Zep. «Titeuf m’a accompagné pendant ma scolarité, confie David Andrey. Comme lui, je n’étais pas le premier de la classe, sans être un cancre pour autant. Le moment que je préférais, c’était la récréation.»

A l’issue de sa scolarité obligatoire, il explique avoir rejoint le Service des eaux et forêts de la municipalité d’Aigle, où il effectuera un apprentissage de forestier-bûcheron marqué par un grave accident. «A 18 ans, je me suis arraché la moitié de la jambe avec une tronçonneuse. Ma vie aurait pu s’arrêter là.» Il obtiendra son CFC, mais le décès accidentel d’un collègue l’éloignera de la forêt.

Il devient agent de sécurité au CHUV à Lausanne. «Une expérience formatrice et une sacrée gifle en même temps. Je bossais comme un fou. Trop, selon ma femme, qui m’a incité à changer de vie. Je l’ai écoutée. Il y a quatre ans, je suis entré à l’école de police, en Valais, et aujourd’hui je suis policier à Monthey. J’opère comme instructeur en autodéfense et aussi en premiers secours tactiques, tout en faisant des patrouilles.»

Une trajectoire qui ne saurait laisser Zep indifférent. Et pour cause: son papa était inspecteur de police. «Il doit y avoir un truc dans les gènes du personnage», plaisante-t-il.

Meghan Alvariño et David Andrey ont reçu de la part de Zep le tout nouvel album de «Titeuf», «Suivez la mèche», augmenté d’une dédicace personnalisée.

Meghan Alvariño et David Andrey ont reçu de la part de Zep le tout nouvel album de «Titeuf», «Suivez la mèche», augmenté d’une dédicace personnalisée.

Blaise Kormann

«Ma vie à moi est moins impressionnante, prévient Meghan. Pour quelques points seulement, je n’ai pas pu entrer au gymnase à Yverdon. J’ai fait un apprentissage d’opticienne – métier que j’exerce encore.» Une vie comme un long fleuve tranquille? Pas tout à fait. «J’avais 21 ans quand ma maman est décédée. Mes parents étaient divorcés. Ma grand-mère était en Espagne. J’ai pour ainsi dire tout géré seule et ça n’a pas été simple.» Pour Zep, ce type d’épreuve provoque «des bonds de maturité». Elle confirme.

L’auteur de «Suivez la mèche» gratifie ses hôtes d’une dédicace bien sentie. On souhaite savoir si quelque chose de leur enfance les accompagne encore. Question délicate, souligne Zep.

Après un temps de réflexion, Meghan Alvariño se lance: «Je dirais ma folie et… mon manque de confiance en moi, que je m’efforce aujourd’hui de transformer en source de motivation, pour avancer.»

Pour David Andrey, c’est tout l’inverse: «A l’époque, j’avais déjà et j’ai toujours hyper confiance en moi. Trop peut-être. Sinon, ce qui m’est resté de cette époque, c’est l’envie de rire. L’humour m’évite de me noyer dans des choses plus graves, liées à mon travail par exemple. C’est essentiel.»

Par Blaise Calame publié le 1 octobre 2023 - 09:33