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Interview

Marthe Keller: «Je suis amoureuse de la vie»

A Vevey, Marthe Keller répète une pièce de John Cassavetes librement adaptée par Sandra Gaudin. L’actrice bâloise à la carrière internationale impressionnante évoque sans tabou, avec humour et spontanéité, les monstres sacrés de Hollywood, la mort, la drogue, le botox et ses propres fragilités. A 78 ans, elle cherche aussi une nouvelle maison sur la Riviera vaudoise. 

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Marthe Keller

Tout feu, tout charme, Marthe Keller est happée par le théâtre et le cinéma. Elle a fini de rédiger un livre sur sa vie, vient d’achever un film avec Anthony Hopkins et pourrait retrouver Nicole Kidman à l’écran.

Anoush Abrar

- Comment vous sentez-vous au moment des répétitions alors que la pièce se met en place?
- Sandra Gaudin a répété «Who plays who? (La femme mystère)» avec les comédiens avant que je les rejoigne. Eux savaient leur texte et moi, venant de Paris, malade comme un chien, j’étais incapable d’apprendre le mien. J’ai eu l’impression que ça commençait sans moi. C’est tout à fait nouveau. De la part de Sandra, c’est un signe de confiance. Cette pièce est une merveille! Je sais que c’est un mot vieillot, mais Sandra est la gentillesse même. Quand je vois ça, j’ai envie de tout donner. Avec les gens hystériques, je me mets en pilotage automatique. La générosité et la bienveillance, pour moi, c’est l’intelligence.

- Que dire de l’adaptation de cette œuvre de John Cassavetes écrite pour Gena Rowlands?
- Ce sont de petits moments de la vie d’une femme déboussolée qui se cherche. On ne sait pas si c’est du rêve ou son passé, si c’est réel ou pas. Est-elle mythomane? Chaque répétition est différente. C’est très intéressant à jouer.

- Etes-vous comme elle, parfois?
- Un peu. Je déballe tout, même des conneries. Elle ne cherche pas à plaire.

- Vous non plus, mais vous suscitez le désir.
- J’ai peur qu’à force de ne plus vouloir plaire j’en devienne indésirable. Le désir des autres m’aide à travailler. Je n’arrête pas. J’ai de la chance. Malgré la fatigue physique, l’énergie est intacte.

Marthe Keller et la dramaturge Sandra Gaudin

Marthe Keller et la dramaturge Sandra Gaudin, dont l’adaptation libre  de «A Woman of Mystery» de John Cassavetes est l’un des événements de la rentrée théâtrale. 

Anoush Abrar – Mise en beauté Marinka Haas

- On évoque toujours votre mère bâloise, jamais votre père allemand. Il a fui avant l’arrivée de Hitler au pouvoir et il a rejoint la Suisse à vélo. Quel couple formaient-ils?
- A l’époque, avant de se marier, on allait faire un check-up. Maman a consulté la veille de ses noces. «Vous avez une tuberculose avancée, lui a annoncé le médecin. Il faut partir d’urgence pour le sanatorium.» Mon père a vendu son vélo pour s’acheter un solex et, pendant une année, il est allé la voir deux fois par semaine. Elle était derrière une vitre. Ils faisaient ce geste, paumes contre paumes, sans pouvoir se toucher. Dans sa chambre, les autres sont toutes mortes. Elle seule a guéri. C’est normal qu’ils soient restés ensemble jusqu’à la fin de leur vie. Quel amour exemplaire! De leur temps, on réparait les objets. Aujourd’hui, on les jette. Avant, on réparait aussi les cœurs. Et aujourd’hui, on se débarrasse des gens.

- Vous avez étudié la sociologie et la philosophie. Que dissimule votre spontanéité souriante?
- Mon sourire et ma bonne humeur sont parfois une couverture. Je suis profondément dépressive, mais je reste positive. Je suis allée à Francfort suivre l’enseignement du sociologue et philosophe Theodor Adorno. J’avais soif de connaissance. Mon amant était sociologue. Mes parents, eux, m’ont appris le nom des fleurs et des arbres, mais ils m’ont donné la chose la plus importante: leur amour et leur confiance. Aujourd’hui, j’ai quelquefois l’impression que j’ai été plus intelligente à 20 ans, plus profonde. Ensuite, le travail et la vie m’ont emportée.

- Partir pour l’Allemagne pendant la guerre froide a forgé votre tempérament?
- A Berlin, avec mon passeport suisse, je faisais des allers-retours entre l’Est et l’Ouest. J’aimais jouer les Mata Hari. Je passais du courrier avec la peur de finir en taule. Je suis partie étudier le théâtre chez Brecht au Berliner Ensemble. A l’Ouest, on avait accès au cinéma, au théâtre, à la publicité. A l’Est, rien. Quand vous survoliez Berlin de nuit, une partie était éteinte, l’autre illuminée. L’éditeur Axel Springer avait construit une immense tour sur laquelle défilaient les news. Malgré le Mur, on pouvait ainsi lire, depuis l’Est, ce qui se passait en Amérique et ailleurs. J’avançais à la schlague à Berlin. C’était très dur. Cette discipline que j’ai connue et l’exercice de la danse m’aident encore.

- En 1968, vous viviez en France. Etait-ce un handicap de ne pas parler couramment français?
- Sur le tournage du «Diable par la queue» de Philippe de Broca, j’étais incapable de dire «un œillet à la boutonnière» et «mademoiselle». C’était un choc culturel d’atterrir dans le Beaujolais. Après les saucisses et la bière, j’ignorais qu’on pouvait si bien manger et travailler. Tout était joyeux, généreux. On riait.

- On fait beaucoup le procès du cinéma des années 1970. On dit que les hommes étaient vulgaires et les femmes soumises au patriarcat. Comment l’avez-vous vécu?
- Il y avait évidemment des imbéciles autrefois et je les évitais. On n’est pas obligé de vivre avec eux, si? Personne ne m’a harcelée ni violée. (Elle lève le poing.) Mais il faut être deux pour danser le tango. Quand on dit qu’un homme est vulgaire, c’est aussi, parfois, parce que vous vous comportez vulgairement. Je ne suis jamais allée chercher un scénario à 3 heures du matin dans une chambre de l’hôtel Carlton à Cannes. Il faut être dingue! Cela dit, le mouvement «#MeToo» est extraordinaire.

- Sur le tournage de «Fedora», sorti en 1978, vous avez tourné sous la férule du grand Billy Wilder.
- Marilyn Monroe disait de lui: «Il m’a demandé une larme. J’en ai eu deux. Il a crié: «Coupez! J’ai dit une larme, pas deux.» Ce n’est pas parce que c’était un génie que je n’ai pas le droit de dire que c’était un terroriste. Ses films sont extraordinaires pour le spectateur et nous nous entendions très bien dans la vie. Mais je n’aime pas qu’on me dise ce que je dois faire et comment. Quand il est venu avec le scénario sous le bras, de Los Angeles à New York, sonner à ma porte, je n’arrivais pas à y croire. J’ai dit: «On est combien sur le rôle?» J’étais la seule.

- Pourquoi vous a-t-il choisie?
- Un jour, mon attaché de presse m’a appelée en disant: «Oublie tes vieux jeans et ton pull, habille-toi, tu es invitée au Beverly Hills Hotel avec les plus grands.» Il y avait Zinnemann, Preminger, Cukor, Wilder et Wyler. Tous ces vieux génies, juifs d’Europe centrale. Tout ce que j’aime. J’ai mis un tailleur blanc, une fourrure blanche et un béret blanc. Je jouais à la star. J’ai senti que Wilder me regardait. Et quand je lui ai demandé «Pourquoi moi?», il m’a dit: «Je n’oublierai jamais cette soirée.» Et j’ai ajouté: «Mais je ne suis pas une star. Je n’aime pas jouer les stars.»

- Six ans auparavant, en 1972, vous deveniez une immense vedette grâce à «La demoiselle d’Avignon».
- On totalisait 20 millions de téléspectateurs. Il faudrait faire 40 films à 500 000 entrées aujourd’hui. Le soir de la diffusion du premier épisode, j’ai accouché de mon fils (Alexandre, né de sa relation avec Philippe de Broca, ndlr) à l’Hôpital américain. C’était le plus beau jour de ma vie. Le lendemain, alors que j’allaitais, un homme en blouse blanche a fait irruption dans ma chambre et a sorti un appareil photo. C’était un paparazzi. J’ai hurlé, l’infirmière est arrivée. Il y a deux types d’acteurs, ceux qui aiment qu’on parle d’eux et ceux qui ne veulent absolument pas. Je n’ai pas aimé la célébrité.

- Al Pacino, qui fut votre amant, voulait porter des perruques pour être incognito à Paris. Vous l’en avez dissuadé. Lorsqu’il est sorti, personne ne l’a reconnu et il a été déçu.
- C’est vrai. Dustin Hoffman m’a dit une chose intéressante: «Quand j’étais jeune, j’ai joué les petits losers. Pour les incarner, je les observais au café, au cinéma. Maintenant, ce sont eux qui m’observent. C’est fini.»

- Vous étiez avec lui à l’affiche de «Marathon Man». Cet homme, petit de taille, est magnétique.
- Quand ils sont doués, les petits le sont plus que les grands. Regardez Napoléon. Il y a une espèce de rage chez eux. Ils ont peur de manquer quelque chose quand la femme est plus grande qu’eux.

- Pour «Bobby Deerfield» (1977), Al Pacino avait un droit de veto sur sa partenaire. Or vous étiez plus grande que lui...
- Sydney Pollack m’a dit: «Ne mets pas de talons, Al est petit.» Avant d’aller à New York, j’ai appelé Dustin Hoffman. Je me suis dit: «Les deux amis se retrouveront, ce sera une surprise.» Al est arrivé, j’étais assise. A un moment donné, un boy est passé avec une pancarte «Marthe Keller téléphone». Je l’ai ignoré afin de ne pas me lever. «C’est la troisième fois qu’il passe», m’a dit Pacino. J’y suis allée comme ça. (Elle se lève, cassée en deux, les genoux en dedans.) Il m’a dit: «Vous avez un problème aux jambes?» Quand Dustin est arrivé, Al est parti. Il y avait de la rivalité entre eux. J’ai appelé Pollack en disant: «J’ai tout foiré.» Il m’a répondu: «Non, j’ai déjà eu Al. Tu as le rôle.»

- Paul Newman avait été pressenti à sa place pour incarner ce champion automobile.
- En effet. Al n’avait pas son permis de conduire. On ne filmait que ses mains sur le volant et quelqu’un manipulait les pédales pour lui. Un soir, Newman est venu dans ma loge à Broadway. J’ai failli avoir une attaque, il était tellement beau! Je lui ai dit: «What’s your secret?» Il m’a dit: «Ice, ice...»

- Des glaçons?
- Sur le contour du visage. J’ai suivi son conseil dès le lendemain.

Marthe Keller

«J’ai peur qu’à force de ne plus vouloir plaire j’en devienne indésirable. Le désir des autres m’aide à travailler. Je n’arrête pas. J’ai de la chance», dit-elle.

Anoush Abrar – Mise en beauté Marinka Haas

- A propos de Broadway, il vous est arrivé une drôle d’aventure.
- La première scène de la pièce «Judgement at Nuremberg» se déroulait sans moi. J’avais dix minutes de libre. A l’appel «Marthe, on stage please», je me suis retrouvée enfermée aux toilettes. J’ai crié si fort qu’un technicien est venu pour casser la porte. Je suis descendue comme une folle. Je ne reconnaissais plus le texte, les autres improvisaient en m’attendant... Quel cauchemar! J’ai eu trois nominations pour la pièce.

- Que signifient les récompenses pour vous?
- Sous mes airs Ovomaltine, je suis très «insecure». Une nomination, un prix vous donnent la force de croire que vous ne vous trompez pas de chemin. Je ne crois pas en moi. On a besoin d’être reconnu. On adore ça.

- Jusqu’où allez-vous dans la préparation d’un rôle?
- Un jour, je suis allée voir des femmes atteintes d’un cancer. L’une d’elles faisait tourner ses cheveux autour de son index, pour savoir si elle les perdait. J’ai imité ce geste sur le tournage et je les ai perdus... Il y a des choses dangereuses quand on va trop loin.

- Dans une scène de «Marathon Man», Roy Scheider vous demande: «D’où venez-vous?» et vous évoquez Verbier. Pourquoi?
- Je devais lui répondre Zermatt. Mais quand on m’a proposé le film, j’ai précisé: «Je le fais à condition que je puisse dire Verbier.» Ils m’ont dit: «Verbier? C’est où?» J’ai rétorqué: «Savez-vous où se trouve Zermatt?» Ils ont répondu: «Non.» Je leur ai dit: «Alors?»

- Ursula Andress et vous avez mis la Suisse sur la carte du monde.
- Après le film, les gens se demandaient où était Verbier. J’y ai ma maison. J’en cherche une nouvelle à Vevey, à La Tour-de-Peilz ou à Cully. De chez moi, je veux pouvoir accéder directement au lac. Je lance un appel. Et si j’ai un coup de foudre, je vends Verbier et mon pied-à-terre à Paris. On n’a qu’une vie!

- Vous êtes tout le temps en mouvement. Vous fuyez l’inéluctable?
- Très juste...

Marthe Keller à Vevey

Le regard plongé dans le Léman, le samedi 23 septembre, à Vevey, Marthe Keller rêve de trouver une maison avec un accès direct au lac. «Si j’ai le coup de foudre, je vends Verbier et mon pied-à-terre à Paris. On n’a qu’une vie!» 

Anoush Abrar – Mise en beauté Marinka Haas

- Vous avez joué dans tous les registres, parfois hospitalisée et malade. Est-ce que mourir au cinéma vous prépare à imaginer vos derniers instants?
- C'est très intéressant. Mourir au cinéma, c’est aller en repérage. Un jour, on m’a dit: «Pourquoi ne vous êtes-vous jamais mariée?» J’ai répondu: «Mais je l’ai tellement fait dans mon métier!» C’est la même chose avec la mort. J’ai eu la vie dont je rêvais. Je ne crains pas de mourir, mais de souffrir.

- Le cinéma vous offre plusieurs existences.
- J’adore la violence, j’adore hurler... mais pas dans la vie. Au cinéma, on peut tuer sans aller en prison. On sort plein de choses enfouies en nous. C’est pour ça que j’aime tant mon prochain rôle au théâtre: je peux mentir sans arrêt. C’est libérateur. Quand Clint Eastwood m’a proposé «Au-delà» (2010), il m’a interrogée: «Quel est votre rapport à la mort?» J’ai dit: «Deux choses m’enlèvent la peur de mourir: Elisabeth Kübler-Ross (psychiatre américano-suisse, précurseur des soins palliatifs, ndlr) et la musique de Gustav Mahler.»

- Vous feriez appel à Exit?
- Oui. J’ai vu un très bon film à ce sujet, «Quelques heures de printemps» avec Vincent Lindon. Il vient en Suisse avec sa mère pour qu’elle parte dignement. C’est tellement simple que je me suis inscrite en sortant du cinéma. Au moment d’appuyer sur «Envoi», je ne l’ai pas fait. Une connaissance m’a dit: «Ce n’est pas bien. Il paraît qu’on n’est pas en paix.» Je suis croyante, mais je reste favorable à Exit. Là, je vous dis, grande gueule, que je n’ai pas peur de la mort. Après, dès que j'ai un petit pépin...

- Vous avez dit des poèmes d’amour de Pablo Neruda à Caux le 10 septembre. Quelle amoureuse êtes-vous?
- Je peux être amoureuse d’un chien. Là, je suis amoureuse de ce moineau. (Elle lui jette une miette de cake.) Je ne suis pas facile pour un homme. Je ne suis jamais là, je suis exigeante. Mais je suis entière. J’ai eu de très belles histoires. En fait, je suis une amoureuse de la vie. Et les hommes en font partie.

- Vous avez côtoyé des stars qui jouent les stars. Comment était Marlon Brando dans le film «La formule» en 1980?
- A quatre jours du tournage, il a déclaré: «Désolé, je ne peux pas le faire.» Stupeur. «Pourquoi?» C’était à cause du costume, il jouait un businessman. «Qu’est-ce que vous proposez?» Brando: «Le type devrait être nu.» Personne ne pigeait qu’il s’emmerdait. Il tournait pour le chèque. Une autre fois, il a dit: «Je veux une scène avec une grenouille.» Et il est arrivé à l’avoir. Il tournait en regardant le creux de son bras, le plafond: là où était son texte. Il était génial mais complètement cramé.

- Y avait-il des gentlemans chez les zinzins de Hollywood?
- Un soir, dans sa propriété, le grand producteur Robert Evans m’a dit: «Il vaut mieux que vous partiez maintenant.» J'ai été étonnée qu’on me vire, il recevait Warren Beatty, Jack Nicholson, Dustin Hoffman. Les vendredis, Evans invitait le Tout-Hollywood, il projetait un film inédit de la Paramount. Le lundi, j’ai demandé à John Schlesinger pourquoi j’avais dû partir. Il m’a dit: «Comme il te respecte, il t’a protégée.» Après mon départ, ils avaient amené des bols de cocaïne. Evans m’a toujours traitée comme une lady, mais il était cocaïné à mort.

- Vous n’y avez jamais touché?
- Non. Les couchers de soleil me mettent déjà dans un état second. (Elle se ravise.) J’ai fumé une fois. Sur le tournage de «Black Sunday» (1977), mon maquilleur m’a proposé un joint. J’ai dit: «Non, ça ne marchera pas.» Il était 4 heures du matin et j’étais à jeun. C’était avant une scène de lit. Il me dit: «Essaie.» J’ai dit: «OK, j’en fume un.» Rien. Un deuxième. Rien. Il allume le troisième… Et là, je me suis mise à quatre pattes et j’ai aboyé. (Elle aboie.) J’étais devenue un berger allemand et j’ai mordu mon partenaire à l’épaule. Quand la coiffeuse est venue, j’ai demandé: «Je veux qu’on me brosse les poils sur le dos.» Chaque fois que j’allumais une cigarette, les effets remontaient. Je n’ai plus jamais recommencé.

- Le botox et la chirurgie esthétique, vous avez essayé?
- J’ai fait de la mésothérapie et beaucoup de trucs naturels. Le botox, je l’ai fait une fois, il y a longtemps. Ça ne vous rajeunit pas, ça vous change et tout le monde est pareil. Ce qui me gêne, c’est qu’au détour d’un film, couronné par une Palme d’or à Cannes, l’une des comédiennes avait dû se faire faire un lifting avant le tournage et je n’ai plus cru au film en la voyant apparaître à l’écran. J’adore Helen Mirren et ses rides. C’est ça, la vraie vie.

- De votre relation avec Pacino, avez-vous gardé un souvenir?
- J’ai pris une tasse quand j’ai quitté Al. Je m’en suis toujours servie pour prendre mon café le matin.

- Vous l’utilisez encore?
- Là, j’ai arrêté. Il ne fait que des conneries... (Enervée.) Je ne veux pas en parler!

- Pour quelle raison les acteurs de 80 ans font-ils encore des enfants?
- Il faudrait leur demander. Ils veulent prolonger la vie, rajeunir? Les hommes font la guerre, nous, on donne la vie. Ils ne savent pas lâcher prise. Anthony Hopkins, avec qui je viens de terminer un film (One Life, ndlr), se met au piano. Je trouve qu’un vieux serein, avec un livre, c’est d’une séduction totale. Se teindre les cheveux, mettre des bagues et des chaînes, c’est très Los Angeles, mais ce n’est pas la vraie vie. Richard Burton voulait m’épouser. J’ai refusé. Il a connu Sally (Hay, auteure, sa quatrième épouse, ndlr). Il avait enfin trouvé la paix au milieu d’une magnifique bibliothèque. C’est tellement beau.

Son actu…

Sur les planches

Marthe Keller dans «Who plays who? (La femme mystère)», une adaptation libre par Sandra Gaudin de «A Woman of Mystery» de John Cassavetes. Pully, Octogone, les 12 et 13 octobre; Fribourg, Equilibre, du 16 au 19 novembre.

Par Didier Dana publié le 8 octobre 2023 - 09:16