Le mot inspire de la méfiance: «traçage». Mais l’anglais tracing center atténue le côté forcément inquisiteur de la démarche. Dans les anciennes casernes de Lausanne, siège depuis huit ans du Département de la santé et des affaires sociales cantonales, une soixantaine (les effectifs ont été augmentés ces dernières semaines face à l’augmentation des cas de contamination) de femmes et d’hommes, issus de tous les métiers, avec une prédominance des domaines de la santé et du social, de la protection civile ou du service civil, tracent les Vaudoises et Vaudois susceptibles d’avoir été infectés par un proche.
Que les esprits prompts à voir du complot partout se rassurent: toute comparaison avec la Stasi ou le KGB est abusive. Un traceur souhaite ainsi «de bonnes vendanges» à un de ses infectés potentiels, un vigneron qui échappe, après l’étude de son cas, à la mise en quarantaine. Alternant les questions protocolaires («Avez-vous eu des symptômes?», «Avez-vous voyagé?», etc.) et les formules de dédramatisation («Je vous crois»), ces jeunes enquêteurs formés en urgence semblent avoir fait ça toute leur vie. Explications du chef de ces détectives, Christian von Plessen, médecin cadre à l’Etat de Vaud.
1. La trinité sanitaire
La maîtrise de cette épidémie marche sur trois jambes: les mesures qui concernent tout le monde (distanciation physique, port du masque, hygiène des mains), les tests et le traçage. La première série de mesures réduit le risque de se transmettre le virus. La deuxième permet d’isoler les personnes contaminées. Et la troisième s’efforce d’identifier et de mettre en quarantaine les probables nouveaux contaminés, c’est-à-dire les personnes ayant fréquenté de très près celles et ceux qui viennent d’être testés positifs. C’est surtout ce troisième levier anti-Covid qui est assumé par les enquêteurs des centres de traçage cantonaux.
2. «Comment allez-vous?»
Les traceurs ont un accès automatique à une source: l’identité et le numéro de téléphone des personnes qui viennent d’être testées positives et donc mises en isolement chez elles. Ils les joignent le plus vite possible par téléphone «d’abord pour s’enquérir de leur état de santé, explique Christian von Plessen. Ils jouent ainsi un rôle de conseiller pour les aspects pratiques de leur vie en isolement forcé. Que peuvent-ils faire avec leur chien, par exemple, durant cette période pendant laquelle toute sortie leur est interdite?» Les coordonnées privées servent également à envoyer du matériel d’information et les certificats d’isolement ou de quarantaine.
3. Identifier les proches
Le stade le plus délicat de cet entretien avec les personnes infectées consiste ensuite à dresser la liste des personnes qu’elles pourraient avoir contaminées et donc susceptibles d’être mises en quarantaine. L’augmentation des contaminations oblige les traceurs vaudois à se concentrer avant tout sur les proches vivant sous un même toit et les contacts intimes (amante ou amant éventuels, petite copine ou petit copain des enfants du foyer).
Le deuxième cercle (collègues, camarades d’école et autres rencontres de la vie extra-familiale) n’est pas pour autant oublié, mais il fait l’objet d’un traçage moins drastique dans le contexte actuel, en attendant que la courbe redescende de nouveau. Le premier cercle se voit imposer une quarantaine de dix jours. Et si des symptômes apparaissent, ces gens doivent aller se faire tester. Ils seront à leur tour mis en isolement en cas de test positif. Les personnes en isolement et en quarantaine reçoivent toutes une lettre officielle attestant de leur situation pour justifier leur absence auprès de leur employeur.
4. Les récalcitrants
Face à une personne testée positive au coronavirus mais refusant de coopérer, le centre de traçage peut faire appel à la police. Ces cas sont très rares. «Des liens de confiance se tissent entre les gens infectés ou mis en quarantaine et les enquêteurs. Il y a une séparation claire des rôles: nous nous concentrons sur l’état de santé des gens et n’intervenons pas dans les décisions de sanctions et d’amendes. De même, la police n’effectue des contrôles auprès des citoyens que dans les cas exceptionnels, mais régulièrement auprès des entreprises, commerces et institutions, où il y a une responsabilité organisationnelle», précise Christian von Plessen.
«Cacophonie»
L’éditeur romand Pierre-Marcel Favre prend la plume pour dénoncer une situation qu’il estime ridicule.
«Qu’en est-il des morts du covid? Les chiffres sont très incertains, au point que le Royaume-Uni a enlevé 5000 décès au total le 12 août, de même que l’Espagne en juin. Le triomphe des virologues: ils ne passaient jamais à la télévision, ils y sont tous les jours depuis six mois. Est-ce qu’ils seraient autant interrogés s’ils déclaraient la vérité: nous sommes en pleine décroissance du nombre d’hospitalisations et de morts?
Voici les principales causes de décès depuis le début de l’année. Les pathologies cardiovasculaires: 9 millions. La malnutrition: 7 millions. Le cancer: 5,4 millions. Le tabagisme: 3,3 millions. L’alcool: 1,65 million. Le sida: 1,1 million. Le diabète: 1,05 million. La tuberculose: 1,05 million. Les accidents de la circulation: 890 000.
En Suisse, à la fin de 2020, il y aura moins de décès qu’en 2019. Les «autorités» souhaitaient, il y a quelques mois, qu’une majeure partie de la population soit immunisée. Elles s’effraient maintenant à l’annonce de nouveaux cas, non plus de morts, mais de gens infectés, même sans symptômes. On nous raconte tout et n’importe quoi. Je n’ai pas la place d’évoquer autre chose que la Suède, qui, sans confinement, a eu moins de décès que la Belgique. Cette cacophonie est ridicule et extrêmement dommageable sur le plan économique.
Nous constatons que le sujet du virus divise fortement. Les «avis» s’opposent comme rarement. Y a-t-il là une clé pour distinguer les gens en fonction de leur goût du risque, de leur esprit d’entrepreneur, de la détermination à se replier comme une grande partie des Européens ou, au contraire, à se tenir prêt au combat, comme les Chinois par exemple?
Déjà, les Américains nous ont montré la voie en se retirant de certains champs de bataille comme au Vietnam en 1973, à Beyrouth en 1984, en Somalie en 1993, etc. Et maintenant, en prévoyant dans un futur relativement proche des chasseurs sans pilote. On voudrait peut-être aussi des EMS permettant la vie éternelle! Un petit rappel ne fait pas de mal. Certes, la grippe espagnole de 1918 n’est plus d’actualité avec ses au moins 30 millions de morts. Le sida, toujours pas de vaccin depuis quarante ans, c’est 39 millions de morts et 1 million chaque année, là où la trithérapie n’est pas opérationnelle. La grippe asiatique de 1957, 1 à 4 millions de morts. La grippe de Hongkong en 1968, 1 à 4 millions de décès. Rappelons que, chaque année, il y a 147 millions de naissances et 57,3 millions de décès de par le monde.»