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Avec la reprise de ses missions auprès des enfants du Cambodge et du Mozambique et son départ à la (semi-)retraite, le célèbre chirurgien cardiaque a vécu une année intense et pleine d’émotions. Désormais, promis, juré, il essaiera de mieux tenir ses bonnes résolutions...
Christian Rappaz
Le célèbre chirurgien cardiaque René Prêtre.
Chantal Dervey/TamediaGravir le Cervin par son arête nord-est, la moins difficile, dit-on. C’est l’un des vieux rêves de René Prêtre, qu’il envisageait de réaliser dès 2022. Raté. «Ça ressemble à ces grandes résolutions du Nouvel An qui s’éteignent en quelques semaines», se marre le plus célèbre des Jurassiens. Qui a toutefois une circonstance atténuante à faire valoir: son dos. Lequel, explique-t-il, après des heures d’usure au bloc opératoire, est bientôt en lambeaux et devient douloureux même en randonnée.
«Le mal s’étend même dans une jambe. Je redoute une hernie discale et peut-être une opération», grimace le chirurgien du cœur. «Je devrais déclarer cela comme maladie professionnelle», glisse-t-il encore, gouailleur, obligé de remettre son projet à plus tard, voire… à la Saint-Glinglin. Mais il y avait aussi plus urgent en 2022.
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«Après deux ans d’arrêt forcé dû au covid, nous avons pu reprendre nos missions humanitaires. Un retour d’autant plus réjouissant que, durant notre absence, les équipes que nous avons formées ont bien travaillé. Au Mozambique, ils ont opéré plus de 100 enfants cardiaques chaque année alors que, au Cambodge, où un second centre a été ouvert par la Fondation Kantha Bopha, créée par feu Beat Richner, ils ont dépassé les 400 opérations l’an dernier», jubile le président de la Fondation Le Petit Cœur, qui développe cette cardiologie dans les pays défavorisés.
Autant dire que l’année a commencé sur les chapeaux de roues pour l’homme aux 6000 opérations qui, comme tout le monde, a reçu un gros coup sur la tête le 24 février.
«Je n’arrivais déjà pas à imaginer une occupation de l’Ukraine par les chars russes comme celles de Budapest en 1956 ou de Prague en 1968, alors une invasion aussi sanglante que celle-ci, à nos portes, de nos jours, ça dépasse l’entendement. Je suis encore sous le choc, aussi parce que j’ai de bons amis dans les deux camps. J’ai opéré à plusieurs reprises à Moscou, où j’ai rencontré des gens adorables, et j’entretiens des relations étroites et amicales avec mes collègues à Kiev. Avec le chef de la chirurgie cardiaque pédiatrique notamment, qui m’a invité à parler, en virtuel, à leur congrès annuel en septembre dernier. Ils ont tellement apprécié! Je leur ai alors promis de venir leur rendre visite lorsque la situation se sera quelque peu apaisée. Avant tout par solidarité. Mais il faudrait que cette effroyable guerre, dont le peuple russe est aussi victime, s’arrête au plus vite.»
Se rendre disponible et mettre sur pied un tel projet en peu de temps est devenu possible pour René Prêtre depuis qu’il est devenu semi-retraité, en juillet dernier.
«2022 restera comme l’année de l’achèvement de mon œuvre professionnelle, même si je garde encore une activité en opérant des adultes une ou deux fois par semaine au CHUV et des enfants en mission. Une réorientation que j’espère poursuivre quelques années encore, car mon bonheur au travail, c’est au bloc qu’il se trouve. Pour emprunter une image au football, je suis toujours resté joueur de champ et n’ai jamais considéré une conversion comme entraîneur, en bordure de terrain – en clair, dans un bureau. Je dois maintenant trouver un nouvel équilibre entre travail, vie privée et loisirs. Mais aujourd’hui, surtout, je ressens une sorte de soulagement de ne pas avoir trébuché dans la dernière ligne droite. J’ai ainsi pu quitter la chirurgie cardiaque pédiatrique avec le sentiment du travail bien accompli», confie, très ému, celui qui gardera à jamais au fond de son cœur le sourire et les yeux remplis d’amour et de reconnaissance des enfants qu’il a ramenés à la vie, venus le fêter le jour de sa leçon d’adieu, le 24 juin dernier...
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Vingt ans après leur coup de foudre et un mariage annulé, Jennifer Lopez et Ben Affleck se retrouvent et se marient. D’abord à Las Vegas en juillet puis dans la maison de Ben Affleck le 20 août. 20.08, Riceboro, Géorgie:
«Franchement, les coulisses de Hollywood ne m’ont jamais passionné. Ces acteurs et actrices ne me font rêver qu’à l’écran. Après, cela semble être une belle histoire. Tant mieux pour eux. Dommage peut-être qu’il leur ait fallu autant de temps pour se (re)trouver.»
InstagramCaptée en lumière infrarouge par le télescope spatial James Webb, de la NASA, cette image révèle pour la première fois des zones de naissance d’ étoiles jusque-là invisibles. 12.07, Terre/espace:
«L’exploit technique et technologique est remarquable; pour autant, il me touche assez peu. On a en tête une image idéalisée du cosmos avec de magnifiques planètes colorées gravitant autour de soleils. Chez nos astronomes, en revanche, ce ne sont que des chiffres et des lettres – d’ailleurs, regardez son nom. Alors oui, cette image recons tituée redonne un peu de romantisme à ces explorations. Les couleurs, avec ces étoiles scintillantes, sont jolies, mais le paysage reste austère. Une fois de plus, de près ou de loin, c’est bel et bien notre bonne vieille Terre qui est la plus belle.»
Le célèbre camping Les Flots bleus, star de la série de films «Camping», détruit par l’un des nombreux incendies de forêt qui ont ravagé la Gironde durant deux mois et demi. 29.07, La Teste-de-Buch, France:
«Ce qui est grave ici, c’est moins le camping brûlé que le dérèglement climatique responsable de cet incendie. Il n’est plus possible aujourd’hui de nier l’influence néfaste de l’homme sur ce chamboulement et de rester les bras ballants. On a l’impression d’être dans un «bullet train», un train lancé à pleine vitesse avec ceux qui pourraient le freiner intéressés uniquement à maintenir son ravitaillement et à contenir les contestataires dans le dernier wagon. Pourtant, notre devoir est d’agir. Nous ne pouvons pas prétériter l’avenir de nos enfants au prétexte de notre simple confort actuel.»
Thibaud Moritz/AFPAprès six ans d’enquête et deux semaines de procès, l’ancien président de la FIFA Sepp Blatter et son acolyte Michel Platini sont acquittés de tous les chefs d’accusation par le Tribunal pénal fédéral (TPF). En octobre, le Ministère public a adressé une déclaration d’appel au TPF et demandé l’annulation totale du jugement de première instance. 08.07, Bellinzone, Suisse:
«Ce qui est incompréhensible dans notre justice est le temps interminable qu’il lui faut pour rendre ses jugements. Cette affaire, dans laquelle j’ai toujours vu plus de naïveté que d’escroquerie – même si le salaire incriminé, oui, est indécent –, va rebondir une nouvelle fois. Jusqu’à quand? Jusqu’à atteindre la prescription, comme ce fut le cas dans l’attribution du Mondial 2006 en Allemagne? Pour moi, le grand scandale de la FIFA – là où elle a achevé de vendre son âme – fut l’attribution du Mondial au Qatar.»
Alessandro Crinari/Ti-Press/KeystoneDans un stade de Wembley archi-comble, la joueuse anglaise Chloe Kelly arrache son maillot de joie après avoir marqué le but de la victoire à la 111e minute de la finale de l’Euro féminin, contre l’Allemagne. 31.07, Londres, Grande-Bretagne:
«Cette photo est magnifique. On sent une joie énorme, spontanée, authentique, presque enfantine chez ces joueuses. On est loin du cinéma et des roulements de mécaniques de leurs homologues masculins. Ces filles amènent tant de fraîcheur, un fair-play sincère et même une certaine naïveté bienvenue dans ce sport qu’elles nous ravissent et nous font regretter le temps où le football était aussi un jeu et non plus qu’un business.»
Lisi Niesner/ReutersUn an après son 20e titre en Grand Chelem, Novak Djokovic renoue avec la victoire, à Wimbledon. Après les polémiques nées de son refus de se faire vacciner contre le covid, le Serbe renaît et savoure. 10.07, Londres, Angleterre:
«J’aime bien la personnalité de Djokovic, solide, affirmée, mais aussi conséquente: il reste fair-play dans ses défaites ou ses déboires comme lors de son exclusion d’Australie. Il fait partie du trio royal par son palmarès comptable, mais, pour moi, il lui manque ce côté félin, cette classe naturelle et un certain charisme pour égaler les deux autres monstres sacrés que sont Federer et Nadal.»
Des bénévoles de l’organisation Repair Together nettoient et réparent des bâtiments bombardés pendant une clean up rave et tentent de redonner de la joie au peuple ukrainien en dansant sur des rythmes technos. 23.07, Yahidne, Ukraine:
«Une goutte d’eau dans un océan de tristesse et de désolation. Ces actions peuvent sembler dérisoires face à l’ampleur des destructions, mais elles montrent la détermination d’un peuple contre les machines de guerre. Ce sont aussi des pieds de nez à Poutine et à ses sbires que de leur monter cette vie qui reprend malgré eux. Le peuple ukrainien nous subjugue par son héroïsme et son courage. Il est écrasé par une armée impitoyable et tellement plus forte que la sienne... mais il fait front.»
Vainqueur du Tour de France, le Danois Jonas Vingegaard a droit aux honneurs du balcon de l’hôtel de ville à Copenhague et à la reconnaissance de milliers de fans. Ceux-ci seront 20 000 dans son village de Glyngore, soit près de 15 fois sa population. 27.07, Copenhague, Danemark:
«Les forçats de la route. Vous n’échapperez pas à ma nostalgie sportive, mais je préférais les tours d’antan, ceux où l’on reconnaissait les cyclistes sans avoir besoin de leur photo passeport affichée en haut de l’écran. Leurs victoires et leurs défaillances, leurs joies et leurs peines avec un visage semblaient jadis plus humaines qu’aujourd’hui, robotisés qu’ils sont avec leurs lunettes de Martiens et leur attirail électronique.»
Porteuse du maillot jaune, la Néerlandaise Lorena Wiebes s’est présentée sur le podium un bébé dans les bras. Un symbole fort, si elle n’avait pas avoué que l’enfant n’était pas le sien et qu’il ne s’agissait que d’un pari. 24.07, Paris, France:
«La photo est touchante. Dommage que ce ne soit pas son enfant. Cela aurait encore rehaussé son exploit. L’irruption des femmes dans des sports traditionnellement masculins est une bénédiction. Cela apporte un vent de fraîcheur et une forme de naturel qui ont disparu chez les hommes, où le professionnalisme a étouffé trop de spontanéité.»
AFPLe pape François ajuste une coiffe traditionnelle offerte par le chef Wilton «Willie» Littlechild. Le Saint-Père a demandé pardon à Dieu pour les sévices infligés durant des décennies à des enfants autochtones par des représentants de l’Eglise. 25.07, Maskwacis, Canada:
«Je n’ai pas souvenir de cet événement, que je découvre avec l’ampleur de son atrocité. Certes, il est louable de reconnaître ses fautes et de présenter des excuses pour des exactions passées. C’est une marque de force et non de faiblesse que trop peu de gouvernements ou de chefs spirituels ont le courage de montrer. Mais la vraie force, le vrai courage ici serait que le pape et l’Eglise catholique cessent de protéger et d’excuser les criminels de ses rangs et qu’ils facilitent le travail de la justice dans ces sombres affaires.»
Sous le titre «Portrait de la bravoure», la première dame ukrainienne et son mari, le président Volodymyr Zelensky, posent pour le célèbre magazine new-yorkais. Ils seront critiqués pour ce shooting. 26.07, Vogue Magazine, Etats-Unis:
«A première vue, on est étonné de les voir poser pour un tel magazine alors que leur pays est à feu et à sang. Pourtant, je la trouve puissante et même allégorique, cette photo. Elle est sobre avec lui qui entoure, protège son épouse, comme il protège son pays. Elle, dans ses bras, est tout aussi déterminée et prête à affronter l’adversité. Ils sont jeunes et regardent vers l’avant, tout le contraire de l’aigri Vladimir P., revanchard et nostalgique de l’ancienne URSS. Quant à elle, à droite, elle est pour moi la version moderne, réfléchie de «La liberté guidant le peuple» du peintre Eugène Delacroix.»
Vogue