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L'édito

Soutenir les enfants emportés par la guerre ici et là-bas

Stéphane Benoit-Godet s'interroge sur l'avenir des enfants qui subissent actuellement la guerre en Ukraine. Que doivent faire les parents? Parler? Se taire? Esquiver la question ou enjoliver la réalité? Ces situations délicates nous renvoient directement à notre rôle d'adulte et à la manière d'aborder les sujets violents avec les plus jeunes. 

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Enfants guerre

Stéphane Benoit-Godet s'interroge sur l'avenir des enfants qui subissent actuellement la guerre en Ukraine et le rôle des parents quant à l'information des plus jeunes. 

keystone-sda.ch

Comment nos enfants vont-ils se construire? Après deux ans de pandémie et une guerre en Europe, le cadre de leur imaginaire a été cloué de la plus brutale des manières. A la différence des petits Ukrainiens et d’autres enfants de pays dans la tourmente, ils vivent bien sûr en paix et en sécurité. On ne peut évidemment pas mettre sur le même niveau ce qui se vit là-bas et ici. Reste que ces futurs adultes vont voir leurs perspectives obstruées par des événements aussi graves que ceux que nous traversons.

A l’adolescence, l’âge de la recherche de l’absolu, celui où l’on découvre aussi bien l’amour que les grands questionnements, le sens de la vie compte. Quel désir de société, quels idéaux, quelle manière de penser le monde vont émerger d’une conscience nourrie des images d’un pays libre et démocratique sous les bombes, d’une épidémie qui n’en finit pas, d’une nature qui s’étiole et de combats pour l’égalité qui patinent?

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Et aux plus jeunes encore? Faut-il à la manière d’un conte leur chuchoter avant de se coucher qu’un président peut tuer des enfants sans être inquiété? Le psychologue Bruno Bettelheim aurait dit oui, lui qui mettait en avant l’importance de partager des histoires terrifiantes pour aider les enfants à s’échafauder. Non, a-t-on envie de dire comme parents, condamnés à regarder cela sans rien pouvoir y changer alors que les histoires pour enfants sont supposées bien se terminer, n’est-ce pas? C’est à notre rôle d’adulte que ces situations nous renvoient. Le psychologue Philip Jaffé rappelle ce dialogue constant qu’il faut avoir dans les familles. L’écrivain Joël Dicker témoigne à quel point une relation forte avec des grands-parents donne des appuis pour la vie. Et le parcours de feu Dominique Warluzel souligne comment une enfance esquintée perturbe l’existence mais donne aussi la rage de vivre.

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Dans «La confession d’un enfant du siècle», Alfred de Musset maudit son époque: élevé dans le romantisme des guerres napoléoniennes, elles sont terminées quand son héros atteint l’âge de prendre les armes. Signe que toutes les jeunes générations ont eu à se construire dans l’adversité, réelle ou mythifiée. «Parce qu’on est comme ça, nous, êtres humains», pour citer l’écrivain de polars genevois. Les mêmes situations n’engendrent jamais les mêmes individus. Et parce qu’il faut bien rester optimiste en toute circonstance.

Par Stéphane Benoit-Godet publié le 16 mars 2022 - 08:31