2021 restera l’année du clap de fin pour la meilleure joueuse de l’histoire du tennis romand. Mi-juillet, Timea Bacsinszky, 32 ans, annonçait sur Instagram son retrait de la compétition. «Cette retraite, c’est une décision qui mûrissait depuis des mois déjà. La pandémie a sans doute accéléré les choses en cassant complètement l’ambiance sur le circuit mondial. Sinon, j’aurais peut-être joué encore six mois de plus», explique la Lausannoise.
Ce fut donc une année coupée en deux: six premiers mois avec ce statut de sportive professionnelle qui était le sien depuis dix-huit ans et six derniers mois où elle a dû apprivoiser une vie soudain normale. «En fait, je me suis rendu compte que la vie dite normale, pour moi, c’était devenu depuis longtemps cette recherche permanente de la performance, de l’excellence. Je pouvais et devais déléguer beaucoup de choses à mon team. Quand cela s’est officiellement terminé, il y a eu beaucoup de sollicitations les premiers jours, puis il m’a fallu assurer seule l’intendance de ma nouvelle vie, sur le plan administratif notamment. C’était un vrai petit apprentissage. On m’a aussi demandé de faire des conférences. Mais je n’avais encore jamais vraiment écrit un texte. Je me suis dit que le tennis professionnel était finalement une vie bien plus simple que la vie normale! Mais en cette fin d’année, je peux dire que je me suis adaptée.»
Timea peut aussi «vivre d’autres émotions», notamment en rattrapant toutes ces années passées loin de ses proches et qui ne réservaient que de trop courtes retrouvailles. Devenue tante pour la sixième fois, elle peut enfin voir grandir ses nièces et neveux, et rendre visite à sa maman aussi souvent qu’elle en a envie.
Le tennis reste et devrait rester quand même au cœur de sa vie. Elle qui avait décroché l’argent en double avec Martina Hingis il y a cinq ans aux Jeux de Rio a bien sûr suivi les exploits de Belinda Bencic et de Viktorija Golubic à Tokyo. «Je suis aussi allée à Prague pour assister à la Fed Cup. Puis j’ai été consultante à la RTS pour le dernier US Open. Contrairement à certains joueurs et joueuses qui tournent la page, j’ai besoin de prolonger les sensations que m’a apportées ce sport. J’ai besoin de voir l’émotion sur les visages des joueuses et des joueurs.»
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Le tennis, elle y joue d’ailleurs encore, «mais dix fois moins qu’avant». Son dos, qui l’a beaucoup fait souffrir ces dernières années, ne s’en porte que mieux. «En revanche, j’ai pu vérifier quelque chose de cruel: la vitesse fulgurante avec laquelle on perd son niveau de jeu malgré toutes ces années d’entraînement intensif et de sacrifices énormes. J’ai l’impression d’être devenue une vraie pince quand je vais jouer. Il me reste quand même mon revers et mon toucher de balle, mais je suis en revanche systématiquement en retard sur la balle. C’est vraiment ingrat.»
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Son avenir professionnel n’est pas encore précisément défini. Timea devrait s’orienter vers la pédagogie de son sport et faire profiter de jeunes joueuses et joueurs de son expérience et de sa capacité de résilience qu’elle a souvent démontrée. Timea est donc en contact avec Swiss Tennis. Elle avait déjà profité de l’arrêt du circuit WTA l’année passée pour passer des diplômes Jeunesse et Sport.
Et depuis six mois, celle qui avait affirmé un jour en interview que la pression, elle la buvait plutôt qu’elle ne la gérait, peut accepter plus souvent que jamais les invitations de ses amis pour prendre un petit apéro. «A Lausanne, les gens qui me reconnaissaient à l’époque en train de boire un verre à une terrasse me disaient parfois en riant que ce n’était pas bien pour mes résultats. Aujourd’hui, je peux leur répondre que je suis à la retraite. Cela dit, je profite avec retenue de ma nouvelle liberté.»
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