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Timea Bacsinszky avait atteint deux fois les demi-finales à Roland-Garros et gagné quatre titres sur le circuit WTA. La tenniswoman lausannoise a mis un terme en juillet à sa longue et belle carrière.
Philippe Clot
Timea Bacsinszky a mis un terme en juillet à sa longue et belle carrière de tenniswoman.
Kurt Reichenbach2021 restera l’année du clap de fin pour la meilleure joueuse de l’histoire du tennis romand. Mi-juillet, Timea Bacsinszky, 32 ans, annonçait sur Instagram son retrait de la compétition. «Cette retraite, c’est une décision qui mûrissait depuis des mois déjà. La pandémie a sans doute accéléré les choses en cassant complètement l’ambiance sur le circuit mondial. Sinon, j’aurais peut-être joué encore six mois de plus», explique la Lausannoise.
Ce fut donc une année coupée en deux: six premiers mois avec ce statut de sportive professionnelle qui était le sien depuis dix-huit ans et six derniers mois où elle a dû apprivoiser une vie soudain normale. «En fait, je me suis rendu compte que la vie dite normale, pour moi, c’était devenu depuis longtemps cette recherche permanente de la performance, de l’excellence. Je pouvais et devais déléguer beaucoup de choses à mon team. Quand cela s’est officiellement terminé, il y a eu beaucoup de sollicitations les premiers jours, puis il m’a fallu assurer seule l’intendance de ma nouvelle vie, sur le plan administratif notamment. C’était un vrai petit apprentissage. On m’a aussi demandé de faire des conférences. Mais je n’avais encore jamais vraiment écrit un texte. Je me suis dit que le tennis professionnel était finalement une vie bien plus simple que la vie normale! Mais en cette fin d’année, je peux dire que je me suis adaptée.»
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Timea peut aussi «vivre d’autres émotions», notamment en rattrapant toutes ces années passées loin de ses proches et qui ne réservaient que de trop courtes retrouvailles. Devenue tante pour la sixième fois, elle peut enfin voir grandir ses nièces et neveux, et rendre visite à sa maman aussi souvent qu’elle en a envie.
Le tennis reste et devrait rester quand même au cœur de sa vie. Elle qui avait décroché l’argent en double avec Martina Hingis il y a cinq ans aux Jeux de Rio a bien sûr suivi les exploits de Belinda Bencic et de Viktorija Golubic à Tokyo. «Je suis aussi allée à Prague pour assister à la Fed Cup. Puis j’ai été consultante à la RTS pour le dernier US Open. Contrairement à certains joueurs et joueuses qui tournent la page, j’ai besoin de prolonger les sensations que m’a apportées ce sport. J’ai besoin de voir l’émotion sur les visages des joueuses et des joueurs.»
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Le tennis, elle y joue d’ailleurs encore, «mais dix fois moins qu’avant». Son dos, qui l’a beaucoup fait souffrir ces dernières années, ne s’en porte que mieux. «En revanche, j’ai pu vérifier quelque chose de cruel: la vitesse fulgurante avec laquelle on perd son niveau de jeu malgré toutes ces années d’entraînement intensif et de sacrifices énormes. J’ai l’impression d’être devenue une vraie pince quand je vais jouer. Il me reste quand même mon revers et mon toucher de balle, mais je suis en revanche systématiquement en retard sur la balle. C’est vraiment ingrat.»
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Son avenir professionnel n’est pas encore précisément défini. Timea devrait s’orienter vers la pédagogie de son sport et faire profiter de jeunes joueuses et joueurs de son expérience et de sa capacité de résilience qu’elle a souvent démontrée. Timea est donc en contact avec Swiss Tennis. Elle avait déjà profité de l’arrêt du circuit WTA l’année passée pour passer des diplômes Jeunesse et Sport.
Et depuis six mois, celle qui avait affirmé un jour en interview que la pression, elle la buvait plutôt qu’elle ne la gérait, peut accepter plus souvent que jamais les invitations de ses amis pour prendre un petit apéro. «A Lausanne, les gens qui me reconnaissaient à l’époque en train de boire un verre à une terrasse me disaient parfois en riant que ce n’était pas bien pour mes résultats. Aujourd’hui, je peux leur répondre que je suis à la retraite. Cela dit, je profite avec retenue de ma nouvelle liberté.»
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La princesse Charlene de Monaco, grimée en guerrière zouloue, lance son initiative #ChasingZero, visant à défendre les rhinocéros, 09 août 2021, Afrique du Sud:
Christian Sperka/Instagram @hshprincesscharlene«Je trouve cette photo magnifique. J’ai rencontré Charlene de Monaco complètement par hasard. Enfin… «rencontré», c’est excessif: ses gardes du corps rendaient le contact impossible. Quand j’ai arrêté le tennis pendant une année, en 2013, j’ai donné deux semaines de cours à Agadir, au Maroc. Et la princesse résidait dans le même hôtel. Elle avait tout un étage pour elle, mais ma chambre était proche. Je devais faire attention à ne pas me tromper d’étage pour éviter d’avoir des problèmes avec son service de sécurité.»
Un avion de l’armée britannique évacue 265 personnes de Kaboul, 21 août 2021, Kaboul (Afghanistan):
MoD Crown Copyright via Getty Im«J’ai bien sûr suivi les événements en Afghanistan aux infos. Ces témoignages poignants et la détresse dans le regard de ces gens qui cherchaient in extremis une place dans un avion avec leurs enfants, cela m’a profondément touchée. Ne pas se sentir en sécurité dans son propre pays, cela devrait nous faire comprendre à nous, citoyens suisses, à quel point nous sommes privilégiés. La pandémie est certes une période compliquée, mais sans commune mesure avec ce sauve-qui-peut de milliers d’Afghans.»
Le plongeur britannique Thomas Daley tricote avant la finale des 10 m pour se relaxer avant de gagner l’or olympique, 07 août 2021, Tokyo:
Clive Rose/Getty Images«En tennis, le climat est devenu de plus en plus tolérant et ouvert au fil de mes dix-huit ans de compétition. Billie Jean King (fondatrice de la Women's Tennis Association, ndlr) a beaucoup œuvré pour l’égalité hommes-femmes et les LGBT. Le mouvement olympique a aussi beaucoup travaillé à libérer le sport des vieux carcans moraux qui pénalisaient les femmes et les gays. Cette photo est très belle. J’avais d’ailleurs lu un long article sur ce plongeur qui a un enfant avec son mari.»
La nageuse paraplégique argovienne Nora Meister (ici à l’entraînement) décroche le bronze du 400 m nage libre des JO paralympiques, 31 août 2021, Tokyo:
Adrian Bretscher/SI Sport«Je suis très admirative vis-à-vis du sport handicap. Le mérite de ces athlètes est d’autant plus grand qu’ils bénéficient de moins de soutien et de sponsors que les sportifs valides. J’ai essayé une fois de faire du tennis en chaise. Je ne comprends toujours pas comment ils font. J’ai essayé pendant cinq minutes de remettre une balle. Quel que soit le sport, ces sportifs suscitent chez moi une admiration sans limite.»
Vue aérienne d’«Un nouveau souffle», une fresque géante en trompe-l’œil réalisée par l’artiste franco-suisse Saype, 24 août 2021, Moléson (FR):
Valentin Flauraud/AP/Keystone«J’ai habité durant quatre ans dans une ferme à Montpreveyres (VD), un village avec une magnifique vue sur le Moléson! Mais je ne suis jamais montée au sommet. Je fais un peu de montagne: l’été passé, j’ai bivouaqué durant cinq jours dans les Alpes valaisannes. La montagne fait partie de ma culture, même si mes origines sont hongroises par mes parents. J’ai grandi dans un endroit avec une vue magnifique sur le lac Léman et les montagnes. J’ai besoin de ces paysages, même si je pourrais vivre dans deux autres pays: en Australie et au Canada, où j’adore la mentalité des habitants.»
Les sauteurs en hauteur Gianmarco Tamberi (Italie) et Mutaz Essa Barshim (Qatar) renoncent à poursuivre le duel et se partagent donc la médaille d’or olympique, 1er août 2021, Tokyo:
Ciro Fusco/EPA/Keystone«C’est dommage que, dans le tennis, on ne puisse pas se partager la victoire quand une finale mériterait deux gagnants. Cette image est extrêmement belle et rend parfaitement l’émotion partagée de ces deux athlètes. Le sport, c’est aussi cette joie, ces vibrations, ce partage, ce fair-play, cette fraternité.»
Une habitante de la grande île d’Eubée désespérée en voyant sa maison détruite par les gigantesques incendies qui ont ravagé les pinèdes et plusieurs localités, 08 août 2021, Gouves, île d’Eubée (Grèce):
Konstantinos Tsakalidis/Bloomberg/Getty Images«J’ai suivi aux infos ces immenses incendies qui ont frappé la Grèce, la Californie et d’autres pays cette année. Les joueurs de tennis ont participé aux collectes pour aider les victimes. Je déplore que le monde ne parvienne pas à s’organiser pour remédier aux probables conséquences du réchauffement climatique. Il me semble que, au fil des années, ces catastrophes se reproduisent toujours plus souvent. J’ai beaucoup de compassion pour ces gens qui perdent tout dans les flammes. Cette vieille dame avait peut-être vécu toute sa vie dans sa maison désormais détruite.»