Bonjour,
Les résidences de la reine ne sont pas simplement des lieux de vie hors du commun: entre les Noëls passés à Sandringham et son actuel refuge de Windsor, chaque édifice joue un rôle précis dans l’agenda de la souveraine. Ils sont tous les témoins muets de son long règne et de celui de ses prédécesseurs. L’histoire du Royaume-Uni s’y est partiellement écrite. Tour d’horizon de quatre édifices extraordinaires.
Elisabeth II présente ses vœux de Noël à la nation depuis la White Drawing Room de Buckingham en décembre 2018. La dernière fois au palais.
John Stillwell - WPA Pool/Getty ImagesLe palais est devenu la résidence officielle des souverains britanniques sous le règne de la reine Victoria. La bâtisse avait été édifiée à l’origine pour John Sheffield, le duc de Buckingham et Normanby, en 1703. Le roi George III l’a acquise en 1761 pour en faire sa résidence privée, puis l’a transmise à son fils, George IV, qui a commandé sa rénovation à l’architecte John Nash.
Le bâtiment de 775 pièces n’appartient pas à la famille royale mais au Crown Estate, ou Domaine de la couronne, une institution qui gère le portefeuille des actifs associés à la couronne britannique. La reine n’a jamais aimé résider à Buckingham. Après le décès de son père, le roi George VI, elle souhaitait rester dans sa demeure de Clarence House, mais Winston Churchill l’a convaincue de déménager.
C’est le lieu des affaires royales où la reine tenait des audiences hebdomadaires avec le premier ministre et recevait les chefs d’Etat. C’est aussi le lieu où la souveraine a donné naissance à Charles et à Andrew.
La reine n’a jamais aimé résider à Buckingham Palace. Après le décès de son père, le roi George VI, elle souhaitait rester dans sa demeure de Clarence House, mais Winston Churchill l’a convaincue de déménager.
imago/XinhuaLa reine n’a jamais aimé résider à Buckingham Palace. Après le décès de son père, le roi George VI, elle souhaitait rester dans sa demeure de Clarence House, mais Winston Churchill l’a convaincue de déménager.
imago/XinhuaSi l’on devait établir un palmarès des résidences préférées de la reine, Balmoral serait sans doute à la première place. Situé aux abords du Loch Laggan, ce château des Highlands, qui appartient à la famille royale, a été construit au XVe siècle et acquis par le prince Albert en 1852, comme résidence de vacances. Après la mort du roi, la reine Victoria y a passé de longs mois. Balmoral est devenu un lieu de refuge et c’est ici que la reine a mis William et Harry à l’abri après le décès de leur mère, la princesse Diana, en 1997.
L’Ecosse est un pays cher au cœur de la reine: sa mère était Ecossaise et sa sœur y est née. C’est sans doute le lieu où la reine se sent le plus libre; hormis l’exigence de sa présence aux jeux Braemar Gathering et l’organisation du Ghillies Ball, aucune obligation officielle n’est reliée à Balmoral.
La reine à cheval pointe son doigt en direction du château de Balmoral, pendant les vacances d’été de la famille royale en 1971.
Lichfield Archive/Getty ImagesLa reine à cheval pointe son doigt en direction du château de Balmoral, pendant les vacances d’été de la famille royale en 1971.
Lichfield Archive/Getty ImagesEn pénétrant ici, elle laisse son costume de souveraine aux portes et elle est pleinement elle-même. Elle enfile alors une tenue d’équitation ou une grande jupe, met une veste de tweed et un foulard Hermès sur la tête et part arpenter cette nature qu’elle affectionne tant.
La famille royale a toujours été très attachée à cette maison du Norfolk qui fait partie de son patrimoine privé. Le roi George V décrivait l’honorable bâtisse en ces mots: «Dear old Sandringham, the place I love better than enywhere else in the world» («Ce cher vieux Sandringham, l’endroit que j’aime plus que tout au monde»). C’est d’ailleurs le lieu où il s’est éteint et repose.
Le manoir fut érigé en 1771 par l’architecte Cornish Henley et, après moult modifications, il fut acheté par la reine Victoria en 1862, à la demande du prince de Galles, le futur Edouard VII, alors âgé de 21 ans, qui souhaitait en faire une résidence de villégiature. La reine en a hérité de son père en 1952. Avec ses terrains de 8000 hectares, Sandringham est le domaine idéal pour accueillir les parties de chasse royales. C’est ici que la souveraine aimait recevoir sa famille à Noël et y résidait jusqu’en février. Tous se rendent pour un culte privé le matin à l’église St. Mary Magdalene avant de retourner déjeuner à Sandringham. Une tradition, lancée par George V, le grand-père de la souveraine, perdure en ces murs: pour Noël, chaque membre du personnel reçoit un Christmas pudding.
Sandringham House, résidence de la famille royale britannique située près du village de Sandringham, dans le Norfolk.
imago images/agefotostockSandringham House, résidence de la famille royale britannique située près du village de Sandringham, dans le Norfolk.
imago images/agefotostockS’il appartient au Domaine de la couronne, Windsor a été acquis par la famille royale il y a neuf cents ans. Il s’agissait d’une forteresse de bois de 15 mètres de haut, bâtie par Guillaume le Conquérant. Il a fallu attendre un siècle, et le règne d’Henri II, pour que le bois laisse place à la pierre et que Windsor soit ceint d’un rempart d’où l’on pouvait surveiller 12 comtés. Ce lieu joue un rôle clé dans l’histoire de la dynastie: il a permis de rebaptiser la famille royale. En effet, en 1917, pour faire face à l’opinion publique anti-germanique, George V modifie le patronyme de sa maison de Saxe-Cobourg et Gotha en Windsor.
Windsor compte environ 1000 pièces. Un terrible incendie a failli le détruire en 1992 et il a fallu cinq ans pour le restaurer. La reine y prenait ses quartiers au printemps, entre mars et avril, ainsi qu’en juin. C’est aussi l’une des villégiatures où elle passait les week-ends et le lieu où la famille s’est retirée pendant la pandémie. Elle y réside désormais. Dans la chapelle Saint-Georges, construite au XIVe siècle par Edouard III, reposent le père de la souveraine, sa mère, sa sœur et son époux.
Le Windsor Palace.
Matt Crossick/EMPICS EntertainmentLe Windsor Palace.
Matt Crossick/EMPICS Entertainment>> Découvrez les autres articles concernant le jubilé de Platine d'Elisabeth II:
Un peuple au rendez-vous: le couronnement, qui a coûté quelque 53 millions d’aujourd’hui, a passionné les Britanniques: 3 millions d’entre eux étaient dans les rues, 27 millions ont regardé la cérémonie à la télévision en noir et blanc et 11 millions l’ont écoutée à la radio, soit 40% de la population. Quelque 2000 journalistes et 500 photographes ont couvert l’événement vu par 300 millions de téléspectateurs dans le monde.
DRUn mari soumis à sa femme couronnée: comme le veut la tradition, à laquelle il a vainement tenté de s’opposer, le duc d’Edimbourg, mari de la reine, s’agenouille devant elle en signe d’allégeance. Il prend les mains de son épouse et dit: «Moi, Philip, je deviens votre fidèle homme lige ma vie durant», puis jure de se soumettre «avec l’aide de Dieu», avant d’embrasser la joue gauche de la souveraine.
Getty ImagesUn roi... sans couronne: Edouard VIII a abdiqué le 10 décembre 1936. La raison invoquée fut son mariage avec l’Américaine, et divorcée, Wallis Simpson (à g.). En fait, sa proximité avec les dignitaires nazis ne lui aurait pas permis de régner et le gouvernement l’aurait invité à se retirer. Le couple regarde le couronnement sur l’écran de télévision de la maison parisienne de Margaret Biddle (à dr.), une millionnaire américaine.
Alamy Stock PhotoSourire éclatant au balcon de Buckingham: le 2 juin 1953, la reine apparaît enfin couronnée au balcon du palais de Buckingham. Elle sourit, pleinement épanouie, aux côtés de son mari et de leurs deux enfants, le prince Charles et la princesse Anne, qui saluent la foule. Elle est le 40e souverain à accéder officiellement à cette position sacerdotale mais ignore alors qu’elle va régner durant 70 ans, un record pour la monarchie britannique.
imago/United Archives InternatioCharles s’ennuie: le prince Charles, 4 ans et demi, montre peu d’enthousiasme, entre sa tante, la princesse Margaret (à dr.), et sa grand-mère, la reine mère Elizabeth. Tous trois assistent, comme 7340 invités, au couronnement. Ils sont dans la Royal Box, tribune couverte, située à une dizaine de mètres du cœur de la cérémonie.
DRLa robe de couronnement: la reine portait une robe de soie blanche signée Norman Hartnell, qui avait soumis neuf dessins différents à Sa Majesté. Elle fit ajouter aux broderies différents emblèmes floraux du Royaume-Uni, la rose pour l’Angleterre, le chardon pour l’Ecosse, le trèfle pour l’Irlande, plus ceux des nations du Commonwealth, dont la feuille d’érable pour le Canada, la fougère pour la Nouvelle-Zélande, la fleur de lotus pour Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka). La reine sera surprise par un discret détail, soit un minuscule trèfle à quatre feuilles, brodé par les couturières, en guise de porte-bonheur.
CAMERA PRESS/Cecil BeatonLa couronne d’Etat impériale: lors de la cérémonie, Elisabeth II est coiffée de deux couronnes. Celle de Saint-Edouard, symbole de l’autorité royale, est en or massif et pèse environ 2,2 kg. La reine va ensuite coiffer la couronne d’Etat impériale, dite d’apparat, pour les photos officielles. Elle est constituée de joyaux historiques, dont le rubis du Prince noir, pierre semi-précieuse que le roi de Castille, dit Pedro le Cruel, aurait donnée à Edouard, dit le Prince noir, en 1367 pour l’avoir aidé à vaincre un rival.
DRUn diamant hors norme: le sceptre à la croix, symbole du pouvoir de la royauté et de la justice, est reçu par la reine en fin d’investiture, avant son couronnement. George V avait fait ajouter le diamant Cullinan I, appelé aussi Grande Etoile d’Afrique. C’est le plus gros diamant blanc taillé de qualité supérieure du monde. Il pèse 530,2 carats. L’autre sceptre du monarque est appelé sceptre à la colombe. Il est surmonté d’un volatile en émail aux ailes déployées, perché sur une croix symbolisant le Saint-Esprit et la miséricorde.
DRL’anneau à la main droite: l’anneau de mariage d’Angleterre, placé à l’annulaire droit, fut fabriqué pour le couronnement de Guillaume IV, en 1831. Cette pièce en or porte en son centre un saphir octogonal incrusté de quatre rubis rectangulaires et d’un carré formant une croix bordée de 14 diamants. Il a été porté à chaque couronnement depuis plus de deux cents ans, à l’exception de la reine Victoria, dont les doigts étaient trop fins.
DR