Quand on lui demande de relever deux qualités essentielles chez sa femme, le navigateur genevois Alan Roura, 29 ans, à la barre de Hublot sur la Route du Rhum, n’hésite pas: «Aurélia, c’est un pitbull. Elle ne lâche rien. C’est la force mentale.»
Installé à Lorient, le skipper suisse est très admiratif devant celle qui est devenue son épouse le 13 juin 2019 et lui a donné une fille, Billie, âgée de 2 ans. «Aurélia est très organisée. Elle anticipe tout. Elle a la faculté de pouvoir mener 50 trucs de front. Une qualité qui m’impressionne et que je rêverais d’avoir.» Retour de service: «Moi aussi, j’en rêverais.» Rires complices.
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«La naissance de notre fille a constitué un déclic, avoue Aurélia Mouraud Roura (32 ans). Quand on devient parents, plus le choix, il faut s’organiser. Alan et moi, on correspond vraiment au cliché, propre à notre génération, du couple qui absorbe beaucoup de charge mentale. Avec les absences et les déplacements d’Alan, ça s’accentue et ça crée parfois un vrai déséquilibre, mais on en parle beaucoup.» La clé.
«T’as de beaux yeux», souligne le natif d’Onex. A son tour d’être encensé: «Alan, il rayonne. Il est solaire, enthousiaste, entraînant. Il emmène tout le monde dans son sillage. C’est aussi quelqu’un d’extrêmement gentil, sincère, authentique et ça fait un bien fou dans un monde où chacun est un peu dans le calcul et le paraître. Alan, lui, ne fait pas semblant.»
Responsable communication et relations partenaires au sein de Tide, son entreprise, Aurélia Mouraud Roura déconstruit l’image traditionnelle de la compagne de navigateur. «Je ne me définis pas comme une femme de marin, parce que l’expression sous-entend de reprendre le rôle de l’homme à la maison. Un vrai cliché. La société patriarcale dans toute sa splendeur. Moi, je suis une entrepreneuse qui a monté sa boîte, une coach mentale, une mère. Je suis multi-casquettes.»
Ils se sont rencontrés en septembre 2013, avant le départ de la Mini Transat, à Douarnenez, sur la pointe bretonne. «Alan était le plus jeune skipper de la flotte, moi je travaillais pour la course. C’était mon premier jour de boulot. Il est entré dans la capitainerie…» Cupidon traînait dans le coin.
Aurélia poursuit: «Depuis le début, je suis impliquée dans les projets d’Alan qu’on a montés ensemble. On forme un vrai binôme.» Il renchérit: «Cela ne marcherait pas l’un sans l’autre.» Au diapason.
En course, Alan Roura est focalisé sur l’objectif: «Ça fait toujours un pincement au cœur de laisser les siens sur le ponton, mais aujourd’hui, je le prends plus comme une force que comme un poids. J’ai l’envie de bien faire, pour qu’à l’avenir ma fille soit fière de son papa.»
Sur une épreuve-sprint comme la Route du Rhum, les échanges à caractère personnel deviennent donc secondaires. «En 2016, on s’écrivait un e-mail par jour, confie Aurélia. Un mail, on peut l’écrire en plusieurs fois, y revenir. Il n’y a pas le piège potentiel de l’instantané. Sur le plan perso, c’est une bonne façon d’échanger.» Ils sont d’accord. Une fois encore.
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