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Alan Roura prêt pour la Route du Rhum

Le navigateur genevois est l’un des 138 concurrents, toutes catégories confondues, au départ ce mercredi 9 novembre de la 12e Route du Rhum. Le skipper de Hublot s’est confié à «L’illustré».

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Alan Roura, navigateur et skipper professionnel suisse

Alan Roura, navigateur et skipper professionnel suisse. 

Jean-Louis Carli / Alea

Il y aura foule ce mercredi à Saint-Malo, en Bretagne, en mer comme sur le ponton, pour le grand départ, reporté, de la mythique Route du Rhum, douzième du nom, à 14h15 précises. Le Genevois Alan Roura, 29 ans, la disputera pour la troisième fois. A quelques jours du départ, le sympathique et souriant skipper barbu nous a livré ses impressions. Il ne cachait pas quelques ambitions, convaincu que son nouveau monocoque, Hublot, l’ancien Hugo Boss d’Alex Thompson, était armé pour un tel défi.

«J’ai beaucoup navigué avec le nouveau bateau cette année, confie-t-il. La préparation a été très poussée. Je suis plutôt serein. C’est l’un des premiers départs où je sais que je peux être performant et donc maintenant, à moi de jouer! J’ai cette fois eu le temps d’avoir du temps. Après une longue et intense préparation, ça m’a permis de profiter de journées un peu plus calmes avec l’équipe, la famille, les amis. Un petit sas de décompression avant de partir: c’est très appréciable.»

Ils seront 138 solitaires au départ de cette Route du Rhum 2022, toutes catégories confondues (il y en a cinq au total). Cela augmente-t-il les risques d’avoir de la casse dès le départ? «C’est vrai que ça rajoute beaucoup de stress, même si la ligne de départ est très large, répond Alan Roura. On va tous vouloir la franchir en premier! Il faut savoir qu’en solitaire changer la direction du bateau prend du temps. Comme on est seul à bord, on voit moins ce que font les autres autour de soi. C’est plus délicat.» 

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Pourquoi le nouveau bateau d'Alan Roura peut le faire gagner

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Le navigateur genevois a racheté le voilier dernière génération du célèbre Alex Thomson à la fin de 2021. A quelques jours de son départ pour la Route du Rhum, course transatlantique en solitaire qui représente un premier gros test, Alan Roura nous a fait visiter son bateau à Lorient, en France. Laetitia Béraud

En classe IMOCA (monocoques), le record de l’épreuve est détenu depuis 2014 par François Gabart, une référence, en 12 jours, 4 heures et 38 minutes. Alan Roura se gardera bien de tout pronostic le concernant.

«Ils sont 37 bateaux au départ dans la catégorie d’Alan», explique Aurélia Roura Mouraud, sa femme. Le couple réside à Lorient. «Au sein de la flotte IMOCA, il y a des marins aguerris maîtrisant parfaitement leur monture. Il y a aussi des bateaux neufs qui, sur le papier, sont censés être plus rapides parce que plus récents, avec des améliorations technologiques, mais du coup ils peuvent aussi se révéler moins fiables. Il y a un coup à jouer, mais ça dépendra aussi de la météo, parce que chaque bateau a ses conditions de vent préférées. C’est un paramètre incontrôlable. Le seul paramètre qu’Alan contrôle, c’est d’aller le plus vite possible à bord de son bateau en prenant les bonnes décisions météo.» Le natif d’Onex (GE) approuve. «L’un dans l’autre, j’espère être performant», souligne-t-il. Il n’avouera pas qu’il espère gagner. Aucun marin digne de ce nom ne s’y risquerait d’ailleurs. Dans le milieu de la voile, on ne tire pas de plans sur la comète. Ça porte malheur.  

Ce qui est certain, en revanche, c’est que la Route du Rhum 2022 constitue pour Alan Roura un objectif majeur. Il s’est donc appliqué à peaufiner sa préparation en conséquence. On peut rappeler que, à la différence du Vendée Globe, la Route du Rhum est un vrai sprint. Chacun va tenter de couvrir le plus rapidement possible les 6432 kilomètres (3542 milles nautiques) séparant le port de Saint-Malo de Pointe-à-Pitre.

Le Genevois Alan Roura laissera donc ce mercredi sur le ponton, en début d’après-midi, son épouse Aurélia, totalement impliquée dans la préparation du défi, ainsi que leur petite fille Billie, âgée de 2 ans. Un déchirement? «Franchement, c’était plus compliqué quand Billie était toute petite, répond-il. Désormais, c’est plus simple, plus fluide. Cette année, il y a eu beaucoup d’enchaînement de courses et ça s’est très bien passé. Ça fait toujours un pincement au cœur de laisser son enfant sur le ponton en partant, mais en même temps, je le prends plus comme une force que comme un poids.»

Et Aurélia, comment vit-elle ce départ? Pas comme un saut dans l’inconnu, c’est certain, même si elle n’était pas encore maman au départ de la précédente Route du Rhum. «Quand on a décidé d’avoir un enfant, on savait qu’il y aurait des moments d’absence d’Alan, mais peut-être que cela l’aide à être serein, confie-t-elle. Il sait que ça va, que les choses sont au clair et bien gérées à terre. Il peut partir l’esprit tranquille, mais quand il reviendra à la maison, je compte sur lui pour reprendre aussitôt son rôle!» 

Les messages personnels seront réduits au minimum. «On échange au quotidien, parce qu’on travaille ensemble, mais la Route du Rhum ne laisse pas vraiment de place pour communiquer sur le mode perso. Alan doit être constamment sur les réglages. Une transat comme celle-là se dispute sur deux semaines au maximum. Ça fonce.» Alan confirme: «C’est vrai que ça passe très vite.» 

A noter que les skippers n’ont pas le droit d’être renseignés sur la météo par leur équipe à terre durant l’épreuve. Il s’agira donc d’avoir du flair, d’autant que la première nuit s’annonce agitée...

Lors du départ, Aurélia Roura Mouraud fera sans doute le poing dans sa poche. Elle explique: «Sur le ponton, certains se croient vraiment au zoo. C’est limite s'ils ne sifflent pas pour que le marin tourne la tête afin qu’ils puissent le prendre en photo… Ce n’est pas toujours hyper-respectueux. Moi, je tire mon chapeau aux solitaires qui l’endurent, parce que ça ne doit pas toujours être facile à vivre.» On y pensera ce mercredi, quand la flotte des IMOCA et Hublot en particulier, avec Alan Roura à sa barre, iront franchir la ligne de départ.    

Par Blaise Calame publié le 6 novembre 2022 - 10:15