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Mondiaux de ski

Alexis Monney, le skieur que les Fribourgeois attendaient 

Brillant à Wengen et à Kitzbühel, adoubé par Beat Feuz, le descendeur de Châtel-Saint-Denis (FR) Alexis Monney débarque en grand espoir du ski alpin suisse. Démonstration dimanche, lors de la descente des Mondiaux de Courchevel?

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Alexis Monney aux Paccots

Alexis Monney le 3 février dans la neige des Paccots (FR), où tout a commencé.

GABRIEL MONNET

En voyant Alexis Monney assis sur un banc dans la neige revenue des Paccots (FR), on ne peut s’empêcher de remonter le temps. De revoir Didier Cuche en décembre 1997, peu avant de s’envoler pour les Jeux de Nagano où il décrochera une folle médaille d’argent: il avait le même âge que le Fribourgeois, 23 ans, venait de se classer quatre fois parmi les quinze meilleurs et il avait posé devant son téléski à arbalètes des Bugnenets (NE), qui n’avait jamais vu pareil champion.

La coquette station des Paccots est certes plus grande, et des milliers d’enfants de la Veveyse et de la Riviera y sont montés pour la première fois sur des lattes, mais la comparaison touche. Calme, souriant, Alexis Monney sait que l’histoire le regarde: «Didier Cuche est mon modèle aussi parce qu’il vient d’un petit endroit comme le mien.» Voilà quarante ans et les zigzags du slalomeur de Charmey Jacques Luthy que Fribourg attendait un tel skieur. Le nouveau venu, champion du monde juniors en 2020, tient à dire que «les gens de mon canton sont un grand peuple de skieurs, de passionnés de ski». Les exploits récents de Noémie Kolly ou de Mathilde Gremaud viennent le confirmer.

Le lien avec Didier Cuche

Avec Cuche, le lien n’est pas qu’admiratif. Le père d’Alexis a été l’entraîneur du Neuchâtelois jusqu’en l’an 2000. «C’est même à cause de ma naissance qu’il a arrêté, sourit Alexis, pour s’occuper de moi et de ma sœur, de trois ans plus âgée.» Louis Monney a ensuite intégré la marque Stöckli, à Saint-Légier, et il est devenu entraîneur du Ski-Club Châtel-Saint-Denis, où la famille vit.

Les Paccots, pour Alexis Monney, ce sont les premiers souvenirs, «les bêtises sur le téléski. Les moments où on essayait de faire le moins de contours possible au bord des pistes, dans la poudreuse. J’ai aimé cela parce que je le partageais avec des amis. Comme je ne voulais pas perdre, c’était un bon moyen de me comparer, d’une bonne façon. J’ai toujours été un compétiteur, même si je ne me suis jamais dit que j’irais en Coupe du monde.» En ce temps-là, il skie chaque mardi soir au-dessous du banc où il parle aujourd’hui, sur la courte piste des Joncs et ses «quelques petites lumières». Le plaisir est son seul moteur. «Mes parents ne m’ont jamais forcé à la compétition, cela s’est fait naturellement.» Il a certes tâté du tennis et du football, au FC Châtel, mais il a toujours été clair pour lui que le ski était sa préférence.

«Cela ne va jamais trop vite»

Aujourd’hui encore, le plaisir le guide. En janvier, pour sa première à Wengen, il a terminé dixième, alors qu’il pensait avoir trois secondes de retard en arrivant en bas. Il hausse les épaules: «Je n’aime pas trop penser au résultat quand je suis au départ. Je me focalise sur le fait de bien skier et de me faire plaisir.» Rebelote la semaine d’après, à Kitzbühel. Quand il a vu que personne n’avait chuté à l’entraînement, il s’est rassuré. Son épatante 11e place a déclenché un tsunami de compliments. De Beat Feuz («Je ne suis pas surpris, Alexis est le plus grand talent que nous avons en Suisse») au chef suisse de la relève, Hans Flatscher: «Alexis a tout pour devenir un descendeur de classe mondiale.» Il ne s’en effarouche guère: «Je le prends du bon côté, je trouve cool qu’on croie en moi et je continue à travailler.» Les choses vont-elles trop vite? «Non, cela ne va jamais trop vite…» Il aborde la descente des Mondiaux avec un pareil état d’esprit, se réjouit d’observer et de se surprendre. Côté suisse, hormis Odermatt et Hintermann, ils seront quatre pour deux places.

Le jeune homme est bien entouré. Par son père, par son serviceman Sepp Lauber et surtout par l’ex-footballeur international Stéphane Grichting, qui se charge du volet physique. Il n’oublie pas des entraîneurs qui l’ont aidé à grandir, Laurent Donato, Valentin Crettaz, Cyprien Richard.

Il fait silence, regarde la Dent-de-Lys, juste en face. Quoi qu’il arrive, la vie continuera et une colonie de bouquetins continuera à s’y accrocher: «J’ai pu les approcher à moins de 5 mètres. Si j’étais un animal, j’en serai un, pour leur liberté, pour la montagne.» Puis pense à ses futures courses, aux années à venir: «Je me sens chanceux d’avoir cette vie.»

Par Marc David publié le 9 février 2023 - 07:26