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SKI FREESTYLE

Mathilde Gremaud: «C’est une fois sur le podium que j’ai réalisé»

La Roche (FR), ses 1800 habitants, sa petite station de ski de La Berra et désormais sa championne olympique. Sa réussite sportive, Mathilde Gremaud la doit en partie à cette harmonie toute gruérienne.

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Mathilde Gremaud

Mathilde Gremaud entourée de ses parents Stéphane et Chantal devant la ferme de la grand-maman maternelle à La Roche (FR).

Darrin Vanselow

Dès la première apparition de son nom dans la presse, en novembre 2005, elle était première. C’était juste une ligne de résultat perdue dans une page de «La Liberté»: Mathilde Gremaud, 5 ans, avait remporté la course à pied de 600 m réservée aux plus jeunes écolières à la Corrida bulloise. Le nom de la petite Gruérienne revient ensuite régulièrement, au gré de ses victoires et de ses podiums dans des courses de plus en plus cotées. Puis il disparaît quelques années. Mathilde avait bifurqué au début de l’adolescence vers le ski acrobatique. C’est en 2015, à 15 ans, qu’elle refait parler d’elle en se parant d’argent aux Championnats suisses de slopestyle, cette même discipline qui lui vaudra de nouveau de l’argent, mais olympique cette fois, en Corée du Sud en 2018, puis l’or il y a deux semaines en Chine. Cette fille de La Roche était taillée pour la haute compétition. Il lui fallait seulement trouver le bon sport pour atteindre les sommets.

La championne olympique (désormais sportive romande la plus médaillée de toute l’histoire des Jeux olympiques) n’est vraiment pas du genre à se la péter: «Bien sûr, cette médaille d’or qui s’est ajoutée à celle d’argent de Pyeongchang et à celle de bronze en big air le jour de mon anniversaire, c’est la consécration, c’est le graal et c’est impossible de faire mieux. Mais ce qui m’importe le plus, c’est le plaisir de skier et les moments de partage avec l’équipe et la grande famille du freestyle. Ce plaisir-là, je compte bien le vivre encore le plus longtemps possible.» La pluie de compliments et les sollicitations médiatiques que lui vaut son triomphe olympique lui font bien sûr plaisir. Mais on devine que Mathilde Gremaud sera aussi soulagée quand tout se sera calmé, qu’elle reprendra l’entraînement et la compétition aux quatre coins de la petite planète freestyle, et ajoutera de nouvelles figures à son répertoire. Ce monde du ski freestyle, où l’amitié l’emporte sur la rivalité, constitue un de ses deux principaux points d’appui.

Mathilde Gremaud

Retour à La Roche vendredi dernier. Les écoliers de la commune et des villages voisins lui ont réservé un bruyant accueil....

Darrin Vanselow

L’autre force de la skieuse, c’est son attachement à ses racines, à ce coin de terre fribourgeoise encadré par le lac de la Gruyère à l’ouest et les 1719 m de La Berra à l’est. Il y a bien sûr la famille, ses parents, ses sœurs, sa grand-mère maternelle de 79 ans, fan inconditionnelle, qui avait obtenu son visa pour la Chine avant de devoir renoncer au voyage en raison des contraintes sanitaires. Cette tribu, qui vit dans trois maisons voisines, respire une joie de vivre communicative. Mais c’est aussi toute la commune, pour ne pas dire toute la Gruyère, qui vibre de concert aux exploits de sa championne avec une saine passion. Les plus enthousiastes et les plus endurants ont fait nuit blanche dans la salle de la Maison de Ville lors des deux finales successives. «On croyait qu’on avait vécu toutes les émotions possibles avec sa médaille en 2018 et celle de bronze en big air au début de ces Jeux, explique Stéphane Gremaud, le père de la skieuse. Mais quand elle a fait l’or, c’était dix fois plus fort. Un titre olympique, c’est une autre dimension.»

Le jour où

Mathilde Gremaud de sa chute au sacre olympique

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La skieuse freestyle de La Roche (FR) revient sur son incroyable journée aux Jeux de Pékin, de sa chute lors de son premier passage au sacre olympique quelques dizaines de minutes plus tard, le 15 février 2022. Une médaille d’or en slopestyle qui fait d’elle la Romande la plus décorée aux JO, à seulement 22 ans, après sa médaille de bronze en Big Air quelques jours plus tôt et celle d’argent aux Jeux de PyeongChang en 2018. Laetitia Béraud
Mathilde Gremaud

... et des dizaines de dessins.

Darrin Vanselow

Mathilde Gremaud avec l’or ne sera-t-elle plus jamais la même? «Certainement pas, répond-elle sans hésiter. Je vais continuer ma carrière sportive et ma vie comme d’hab. Ce titre, ce n’est que du bonus, c’est une énorme récompense. Mais je le répète, l’essentiel reste et restera le plaisir de skier.» Son agent, Fabrice Widmer, qui travaille depuis six ans avec elle, est moins nuancé: «Ce titre, pour moi, c’est la consécration d’un énorme travail de sa part et de toute une équipe autour d’elle. C’est exceptionnel. C’est vraiment le «next level», se réjouit ce bûcheron et charpentier de formation reconverti avec succès en manager d’athlètes.

Mathilde Gremaud

... Et bien sûr quelques larmes de joie en famille.

Darrin Vanselow

L’accueil au village, vendredi dernier, après le voyage en car depuis Kloten, fut une parfaite démonstration de communion harmonieuse: une centaine d’enfants aux anges, un conseiller d’Etat, Didier Castella, écrasant une larme avant de lui offrir une fixation de ski, clin d’œil à son premier run raté lors de la finale finalement victorieuse. Le syndic, Bertrand Gaillard, fait de son côté un discours émouvant mais sans trémolos superflus. Après les compliments officiels, toute l’assemblée entonne un magnifique petit «Lyoba» et un vibrant: «Qu’elle vive, qu’elle vive et qu’elle soit heureuse!» Puis on trinque avec un mousseux du canton, avant de laisser l’héroïne se reposer enfin.

Mathilde Gremaud

Dimanche, la mascotte des jeux de Pékin, le panda Bing Dwen Dwen,  première récompense dans l’aire d’arrivée avant la distribution des médailles, dormait encore dans la valise.

DR

Au domicile familial, deux jours après son retour en Suisse, la valise est encore posée ouverte par terre, avec la mascotte des Jeux, Bing Dwen Dwen, qui dépasse des habits et qui attendra encore un peu avant de trouver sa place sur une étagère de la maison. Visiblement, l’aménagement des trophées n’est pas une priorité pour la championne olympique. Sa maman, Chantal, confirme: «Mathilde n’est pas une personne exigeante. Elle se contente du minimum. C’est d’ailleurs toujours difficile de lui trouver une bonne idée de cadeau pour son anniversaire. Cette année, je lui ai acheté la paire de Dr. Martens qu’elle porte aujourd’hui.» A La Roche, même une championne olympique n’a pas de caprices.

Le jour où

Mathilde Gremaud de sa chute au sacre olympique

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La skieuse freestyle de La Roche (FR) revient sur son incroyable journée aux Jeux de Pékin, de sa chute lors de son premier passage au sacre olympique quelques dizaines de minutes plus tard, le 15 février 2022. Une médaille d’or en slopestyle qui fait d’elle la Romande la plus décorée aux JO, à seulement 22 ans, après sa médaille de bronze en Big Air quelques jours plus tôt et celle d’argent aux Jeux de PyeongChang en 2018. Laetitia Béraud
Par Clot Philippe publié le 22 février 2022 - 11:23, modifié 22 février 2022 - 17:09